NEEM
KAROLI
BABA MIRACLE
DE
L'
AMOUR 3. PRENDS
DU
CHAÏ Mais
Maharajji. J'en ai déjà pris. Oh mon
Dieu, je vais exploser. Il me redonna
la pera [friandise] et, assez bizarrement,
je repoussai son offre. Etant donné que
j'avais déjà mangé mon
comptant, je me dis que quelqu'un d'autre devrait
en profiter. Il l'offrit donc à un
voisin. J'étais
en train d'essayer de me cacher quelque part
près du temple, au fond de la cour sur
laquelle donnait sa porte. Et, quand il est apparu,
j'ai été emporté par les gens
qui m'ont poussé jusqu'aux pieds du tucket.
Je tâchais toujours de me tenir loin du
devant de la scène et de passer
inaperçu et, quand j'ai été
propulsé près de lui, j'ai
essayé de me dissimuler derrière la
colonne, mais la foule poussait de plus belle. Et
Maharajji est sorti. J'avais peur et je pleurais.
Et Maharajji m'a tendu une poire. Et quand j'ai
mangé ce fruit j'ai eu le sentiment
d'être baigné de l'intérieur.
On aurait dit que je mangeais l'amour vivant.
Depuis ce jour cette poire ne me quitte pas
l'esprit. Je n'ai jamais rien connu de semblable.
Plus jamais je n'ai mangé de poires
! Ma fille
était jeune et vivait encore avec nous. Un
jour où nous allions à Kainchi pour
le darshan nous avons fait halte à Bhowali.
Elle m'a demandé des jelebees
[espèces de bonbons] mais il n'y en
avait pas et je lui ai dit qu'on en trouverait
à Kainchi. Mais quand nous sommes
arrivés nous nous sommes aperçus que
c'était un jour de jeûne hindou
Ekadashi [onzième jour du mois
lunaire] et qu'on ne servait que des
pommes de terre cuites à l'eau. Au moment
où nous sommes entrés dans la
pièce où se trouvait Maharajji, nous
fûmes stupéfaits de voir un homme
arriver avec un grand panier rempli de jelebees.
Montrant ma fille du doigt, Maharajji lui dit
aussitôt : "Sers cette fille en premier !" Il
sait tout, rien ne lui échappe ! Un jour un
sadhu de passage au temple fit des reproches
à Maharajji : "Tu ne fais rien pour les
gens. Tu ne leur donnes pas à manger. Tu ne
les aides pas." Un jour, je
lui demandai : "Pourquoi nourrissez-vous tous ces
gens et donnez-vous autant de nourriture à
chacun ? Je pourrais très bien me contenter
de quatre chapattis [pain plat sans
levain]." Maharajji
expliquait aux mères que les vibrations avec
lesquelles la nourriture était
préparée avait une incidence sur
l'état d'esprit. Il disait que si vous
faisiez de la nourriture un véritable
prasad, elle ne manquait pas de vous purifier. Mais
des aliments préparés sans
véritable conscience étaient
immanquablement source de confusion, même
chez un être consacré. Il affirmait
que l'absorption de nourriture
préparée par des mains pures
ennoblissait un yogi. Au
marché j'achetai quelques grappes de baies
vertes pour offrir à Maharajji. Comme elles
étaient d'une propreté douteuse, je
les lavai avec le plus grand soin avant de les
remettre dans le sac. Mais vous connaissez la
solidité des sacs en Inde ! Celui-ci creva
et les baies se répandirent par terre. Je
les lavai donc une nouvelle fois, grain par grain,
ce qui prit beaucoup de temps. Je finis par les
apporter à Maharajji ; bien sûr tout
le monde avait aussi apporté des fruits.
Mais dès que j'eus déposé les
miens devant lui, Maharajji parut très
intéressé. Il les étala
très soigneusement, les examina et en mangea
un grand nombre avant de distribuer le reste comme
s'il se fût agi d'une denrée
particulièrement précieuse. Je voyais
bien qu'il sentait tout l'amour et le soin avec
lesquels j'avais préparé ces baies
pour lui. Il fut un
temps où Maharajji n'acceptait que la
nourriture confectionnée par une Ma bien
précise et personne d'autre. Celle-ci me
confia que s'il arrivait qu'elle soit trop
occupée et que quelqu'un la remplace
à la cuisine, il refusait le plat qu'on lui
servait. Elle me dit qu'il lui arrivait de mentir
pour qu'il mange et de prétendre
qu'elle avait tout préparé seule,
mais il n'en persistait pas moins à
repousser le plat. Il donnait l'impression de
parfaitement faire la différence. Mon
grand-père qui était brahmine
mangeait seul comme le veut la tradition. Mon
épouse lui confectionnait un repas
spécial. Il avait commencé à
manger quand Maharajji arriva. Mon père
donna donc l'ordre de préparer davantage de
nourriture. Ma femme voulait offrir à
Maharajji un mets particulier qu'elle avait fait
pour grand-père. Elle en donna donc à
Maharajji, ce qui mit mon père en
colère. Etant
donné que je vivais dans l'ashram de Kainchi
j'avais rarement l'occasion d'acheter quoi que ce
soit pour Maharajji. Un beau jour je réussis
à trouver une grenade. J'attendis le moment
où, en fin d'après-midi, Maharajji se
rendait au fond de l'ashram pour donner son darshan
devant les douches. Après le départ
du dernier car ne restaient que quelques permanents
qui assistaient au darshan en compagnie d'un
éventuel visiteur de marque ou d'un
villageois venu pour affaire. C'était un
moment intime qui rutile autant dans mon souvenir
que le couchant sur les contreforts de l'Himalaya
au bout de la vallée. J'achetai une
douzaine d'oranges pour les offrir à
Maharajji. Nous arrivâmes au minuscule temple
où il séjournait. De nombreux
dévots indiens s'y étaient
déjà rassemblés,
entassés dans la pièce qu'il
occupait. Dès que notre présence fut
connue nous nous trouvâmes propulsés
sur le devant de la scène, au pied de la
table de bois sur laquelle était assis
Maharajji. Je lui offris les oranges. La table
était déjà couverte d'une
quantité de fruits et de friandises. Mais il
advint alors quelque chose qui m'étonna.
Maharajji se jeta sur mes oranges comme s'il
n'avait jamais vu de nourriture. À peine une
orange était-elle ouverte qu'il s'en
emparait et la dévorait en moins de rien. Je
le vis engloutir ainsi huit oranges. Quant aux
quatre qui restaient, Maharajji insista pour que le
principal du collège me les fasse
manger. "Prendre du
karma" signifie qu'un être très
élevé de la stature de Maharajji peut
modifier de façon fort subtile le mode
vibratoire de ses disciples et ainsi les
débarrasser de vieux clichés avec
lesquels ils fonctionnent depuis le début de
cette existence ou même depuis de nombreuses
vies. Par exemple, un tel être pouvait faire
disparaître votre chagrin ou votre
malchance. La
dernière fois où Maharajji se rendit
à Lucknow, il demanda à tous ceux et
celles qui vinrent au temple et en avaient les
moyens d'aller lui chercher des bonbons. Dès
qu'ils revenaient avec les sucreries, Maharajji les
distribuait. Ce jour-là il en donna aux uns
et aux autres pour une valeur de mille cinq cents
roupies. Un médecin en acheta pour mille
roupies et le problème personnel qui le
préoccupait fut résolu par la
même occasion. Un jour de
fête, au temple, on distribua des bonbons qui
sortaient de l'ordinaire. J'étais
très jeune à l'époque et
Maharajji me fit cadeau d'une petite coupe
confectionnée à l'aide d'une feuille.
Cette coupe, qu'il avait mise de côté
spécialement pour moi, en était
remplie. À peine me les avait-il offerts
qu'il me dit : "Rends-moi ces bonbons."
J'obtempérai car j'avais une confiance
absolue en lui. Après avoir glissé la
feuille roulée en forme de coupe sous sa
couverture, il se mit à distribuer les
bonbons. Je ne sais comment il s'est
débrouillé mais il en a donné
une poignée à chacun et il y avait au
bas mot mille personnes ce jour-là.
J'étais sidérée. Je ne
comprenais pas comment il pouvait sortir autant de
bonbons de la petite coupe que je lui avais
donnée et, comme j'étais une enfant,
je fourrai la main sous sa couverture et la retirai
pour voir ce qui se passait. Sur ce Maharajji se
tourna vers moi et m'annonça : "À
présent, la séance de magie est
terminée."
Un homme avait
apporté quelques oranges qu'il avait mises
dans un panier vide à côté de
Maharajji. Celui-ci commença à
distribuer les oranges aux personnes
présentes dans la pièce avant d'en
faire passer à d'autres qui se trouvaient
ailleurs dans le temple. L'homme avait
apporté huit oranges et Maharajji en
distribua quarante-huit. Nombreux
furent ceux qui vinrent à la tente pendant
la mela et Maharajji nous demanda de
préparer du thé pour tous ces gens.
Personne ne voulut annoncer à Maharajji
qu'il n'y avait plus de lait. Quelqu'un finit par
le lui signaler et Maharajji donna alors les
instructions suivantes : "Allez remplir un
récipient d'eau du Gange et couvrez-le d'un
linge." Toute la journée, et le soir
jusqu'à minuit, le thé coula à
flot sans parler du lait qu'on versait
dedans. Maharajji me
fit asseoir à côté de lui
pendant qu'il lançait le prasad à la
ronde. Il mangeait de petits biscuits dans une
assiette à dessert presque vide. Il se mit
à me donner des biscuits qu'il prenait dans
son assiette. Il continua jusqu'à en remplir
mes mains que je ne pouvais pas séparer
à cause de tout ce prasad. Peu avant qu'il
me fasse venir près de lui j'avais
été fâché de le voir
distribuer l'offrande de cette façon et je
m'étais dit : "On devrait donner le prasad
et non pas la lancer." Il savait ce que je pensais,
c'est la raison pour laquelle il m'avait
appelé pour m'en remplir les mains. Un jour
Maharajji m'appela à Allahabad pour
m'apprendre qu'il était parti à
Vrindaban. Quand j'arrivai à l'ashram de
Vrindaban, je trouvai peu de monde sur place. Une
femme arriva pour le darshan chargée d'un
sac rempli de pommes magnifiques. Vous n'avez pas
idée de leur taille et elles avaient
vraiment l'air succulentes. Maharajji
commença à les distribuer et
j'étais persuadé qu'il allait aussi
m'en donner une. Mais non. Après en avoir
offert quelques-unes aux autres dévots
présents il rendit le reste à la
femme qui n'avait pas l'air décidée
à en donner davantage. Elle les remit au
fond de son sac qu'elle ferma
hermétiquement. J'accompagnais
Maharajji d'Allahabad à Vrindaban et, dans
la gare, avant de monter dans le train,
j'aperçus les oranges les plus belles et les
plus juteuses qu'on puisse imaginer. L'espace d'un
instant je fus tenté de m'arrêter et
d'en acheter quelques-unes, mais finalement je n'en
fis rien. Une fois installé dans le
compartiment quelque chose détourna mon
attention une seconde et quand je posai à
nouveau les yeux sur Maharajji je découvris
à côté de lui un énorme
panier d'oranges ! Je ne sais d'où elles
venaient mais elles étaient de plus belle
qualité que celles que j'avais vues à
la gare. À la
Kumbha Mela de 1966 Maharajji était assis
sur les berges du Gange en compagnie de deux ou
trois sadhu. Il nous demanda d'apporter beaucoup
d'eau du fleuve dans un récipient.
Après l'avoir tenu quelques instants il nous
dit de la distribuer. C'était du lait. Pendant des
années un homme joua un peu un rôle de
domestique auprès de Maharajji. Il
s'occupait de ses vêtements, l'aidait
à se baigner, allait lui chercher de l'eau
et ainsi de suite. Il s'acquittait de toutes sortes
de tâches utiles et dormait à ses
pieds afin d'être toujours disponible. Il
avait pour habitude de jeûner le mardi, jour
où il ne prenait que du lait. Un mardi
Maharajji lui proposa de la nourriture mais il
refusa en disant qu'il prendrait du lait. La
journée se passa sans qu'il en boive une
goutte. Un disciple
était occupé à servir des
repas à Kainchi. On commençait
à manquer de malpuas [puris
sucrés] étant donné que la
fête battait son plein depuis dix jours. Les
nouveaux arrivants se virent servir des chapattis
et du dal mais pas des malpuas. Ce fut alors le
moment de servir soixante ou soixante-dix femmes
venues de lointains villages qui ne
s'étaient pas déplacées
uniquement pour le darshan de Maharajji mais aussi
parce qu'elles désiraient des malpuas.
Maharajji demanda qu'on leur en donne. Quand un
dévot lui apprit qu'il n'en restait plus,
Maharajji s'acharna sur lui : "Espèce de
voleur ! Il y avait plein de malpuas. Tu les as
volées. Confisquez-lui ses clés. Je
ne veux plus le voir dans le temple. Il ne faudra
plus lui confier les clés de la
réserve. Il a probablement caché les
malpuas quelque part." Quand on alla
vérifier dans la réserve on
découvrit une quantité de malpuas.
Ensuite Maharajji se montra plein d'amour et de
tendresse envers le dévot qui avait subi sa
vindicte. Je me trouvais
à Allahabad en compagnie de Maharajji
à l'époque de la mela. Maharajji
m'apprit qu'il y avait des ma de Nainital. "Allons
les trouver à la mela !" me dit-il. Nous
prîmes un taxi que Maharajji congédia
dès notre arrivée. La nuit
était tombée et des milliers et des
milliers de gens étaient rassemblés
à cet endroit. Maharajji m'envoya à
la recherche de ces femmes avec un ami mais, comme
nous redoutions de le perdre, nous nous
contentâmes de jeter un coup d'il
rapide. Très vite de retour, nous
déclarâmes que ces femmes
étaient introuvables. Il annonça
alors qu'il irait voir lui-même. Il n'eut
qu'à inspecter deux tentes. Quand il
pénétra dans la troisième, les
ma qu'il cherchait terminaient une punja en son
honneur. Dans l'espoir d'obtenir son darshan elles
faisaient cette punja tous les jours depuis un
mois. C'était le tout dernier jour. Elles
avaient même réalisé un
portrait de Maharajji. 4. SOUS
LA
COUVERTURE
DE
MAHARAJJI
E
rapport
avec le Guru varie énormément d'un
dévot à l'autre. Les livres saints
affirment qu'aux yeux du disciple le Guru peut
figurer le père, la mère, l'enfant,
l'ami, le maître, l'amant, ou même
Dieu. Et il était des disciples pour
lesquels Maharajji jouait chacun de ces
rôles. Mais,
mieux que le terme de Guru, le mot baba exprime ce
que ses disciples indiens éprouvaient pour
Maharajji. Baba peut signifier "grand-père"
ou "aîné". C'est un terme de
déférence à l'adresse d'un
homme plus âgé ou d'un être
spirituel. Les sadhu ou renonçants errants
de l'Inde sont habituellement appelés babas,
tout comme les vieux balayeurs qui travaillent sur
la voie publique. De par son mélange de
douceur et de familiarité, baba rend mieux
compte de la nature des échanges entre
Maharajji et ses dévots. Nous voyagions
souvent ensemble et parlions de tout et de rien.
Aucun sujet n'était tabou. Ma famille a
toujours été en relation avec des
saints comme Maharajji. Maharajji nous
prend à un endroit pour nous replacer dans
un autre. Toutes les
fois que nous affrontons des épreuves et que
nous rencontrons des difficultés nous
pensons à lui. Et il ne manque jamais de
nous venir en aide, directement ou en donnant
à d'autres la force d'intervenir pour
nous. D'autres
l'assimilaient à Dieu : Maharajji est
le havan [feu sacrificiel] qui accepte et
brûle mon karma. Il se situe
au-delà de tout ce qu'on pourrait dire de
lui. Voyez-vous, il
est Dieu. C'est bien sûr sa vraie
nature. Une femme ne
vit jamais en Maharajji un grand saint doté
de pouvoirs. Il affirmait ne pas en avoir et elle
le croyait. Pour elle c'était un homme pur
et bon qui lui donnait amour, affection et paix
intérieure. Son mari estimait que Maharajji
était Dieu en personne. En sa
présence tous les deux oubliaient leurs
problèmes. Je n'ai jamais
eu peur de lui. Jamais. Si j'étais tendu et
constamment sur mes gardes auprès de lui, ce
n'est pas que je le craignais mais que je craignais
pour lui. Si vous possédez un jardin
d'agrément dont vous vous occupez, vous ne
redoutez pas les fleurs mais le cheval ou la vache
qui risquent de piétiner les massifs ou de
manger les plantes, ou encore le jardinier qui
pourrait oublier d'arroser. Ce qui me faisait peur,
voyez-vous, c'est que quelqu'un, par insouciance ou
manque d'attention, lui cause des ennuis, de la
gêne ou de la souffrance ; comme votre
mère si vous rentriez de l'école et
qu'elle n'était pas là elle
s'inquiéterait de savoir qui vous donnerait
à manger et s'occuperait de vous.
Voilà exactement ce que
j'éprouvais. Je me rappelle
un jour où nous avions très bien
mangé, comme d'habitude, et ensuite nous
étions tous allés faire une sieste.
Mais nous ressentions cette ambiance, cette
présence de ce que les soufis appellent la
baraka [bénédiction ou pouvoir
spirituel]. À notre réveil nous
étions désorientés, mais
c'était merveilleux. Le vrai travail pour
moi consistait surtout à ressentir cet
état que je goûtais en arrivant
après l'offrande du prasad et que je
retrouvais après les moments de
détente. C'est ainsi que j'ai fait
l'expérience de la vraie baraka, de la
bénédiction qui se
manifestait. Je pleurais
tout le temps parce que Maharajji ne voulait pas me
prendre dans ses bras et me mener ainsi à
l'intérieur du temple pour me faire
décoller et m'expédier en plein ciel.
Après le premier contact avec lui, le
désir d'être dans sa couverture,
à l'intérieur, ne me lâchait
pas ; j'en perdais presque la raison. Pour moi les
mots n'ont jamais joué un grand rôle.
Le vrai Guru se trouve à l'intérieur.
Et Maharajji était une manifestation visible
dont j'avais besoin pour comprendre cette
vérité. À cause
du désir intense que j'avais de lui et du
sentiment d'être en présence de ma
propre Mère divine et sacrée, j'avais
toujours l'impression que Maharajji était
comme ma Mère ; Maharajji jouait pour moi le
rôle de la ma. Le rapport de Maharajji
à Dieu était tout intérieur et
subtil. Il s'adressait
aux dévots selon la profondeur de la
personne à qui il avait affaire, en
s'adaptant à son stade et à son mode
de dévotion. Si vous
étiez malin ou retors Maharajji vous
ignorait, mais si vous étiez simple et
ouvert il vous aidait. Quand il
appréciait quelqu'un, Maharajji le
manifestait par le canal du cur. Quand il ne
voulait pas voir un visage il couvrait le sien d'un
drap. Maharajji ne
se révélait pas à tout un
chacun. Il fouillait l'âme des gens ; lorsque
nous trouvions quelqu'un sympathique, lui voyait
les motivations les plus secrètes de cette
personne. À certains il se contentait de
donner le prasad avant de les renvoyer. Vous pouviez
être disciple depuis vingt-cinq ans ou un
nouveau venu qui débarquait tout juste, cela
ne changeait rien à l'affaire. Tout le monde
avait droit à la même
considération. Il n'y avait pas de
préférés et personne
n'était indispensable. Un beau jour
un convoi de camions militaires s'arrêta
devant le portail et des centaines de soldats se
rangèrent à la queue leu leu devant
lui. Maharajji se tenait assis et conversait avec
un paysan. Soldats et officiers avançaient
et, chacun leur tour, s'inclinaient, touchaient les
pieds de Maharajji et le regardaient un instant
avant de repartir. La plupart semblaient se
satisfaire de ça. Mais de temps à
autre avançait un homme qui avait l'air
différent, donnait l'impression d'avoir
peut-être un peu plus de lumière ou
faisait l'effet de souffrir davantage. Dans ce
cas-là j'étais
particulièrement attentif. Alors Maharajji
lui tapait sur la tête ou lui offrait une
fleur ou bien encore interrompait sa conversation
pour lui dire par exemple : "Ta mère va se
tirer d'affaire", ou : "Tu ne devrais pas te battre
avec tes supérieurs" ou bien : "Tu as
vraiment beaucoup d'amour pour Dieu." Nous
n'apercevions qu'une infime fraction de ce que
voyait Maharajji. J'ai
rencontré Maharajji pour la première
fois à une mela. On m'avait demandé
de venir à Chitrakut et ce qui m'a
frappé d'emblée c'est qu'il
était comme un miroir. Il y avait beaucoup
de monde à Chitrakut et les gens parlaient
de toutes ces choses qu'il faisait mais moi
ça ne m'intéressait pas du tout. Pour
moi l'important c'est qu'il était comme un
miroir. Ensuite, quand on a rapporté mes
propos à Maharajji, il a été
très content d'apprendre que c'est ça
que j'avais surtout remarqué. J'abordais
tous les sujets avec Maharajji. On parlait
même de science et des hommes qui allaient
sur la lune. C'était un vrai miroir ; rien
de tout ça ne le passionnait le moins du
monde. Mais il manifestait de
l'intérêt et la fois d'après,
quand vous repreniez le même sujet, il vous
emboîtait le pas. Il disait souvent : "Je me
souviens de tout." Un
dévot lui demanda un jour : "Maharajji,
pourquoi dites-vous à certains de faire
quelque chose pour le leur reprocher ensuite ?" À
propos des Occidentaux, Maharajji eut l'occasion de
préciser : "Pour les Occidentaux le seul
fait d'être en Inde représente une
forme de renoncement. Ils ont renoncé
à tant de choses pour venir ici. Une fois
qu'ils croient ils croient sans restriction, de
tout leur cur et de toute leur âme
ainsi que des enfants." S'il vous
traitait de tous les noms et vous accusait
d'être vicieux et dépravé, vous
saviez qu'il vous aimait. Il injuriait
souvent les gens, leur disait qu'ils dansaient nus,
buvaient trop. Il les traitait de fauteurs de
troubles, de voyous et de sherabis
[poivrots]. Un membre de
ma famille ne cessait de m'embêter mais je ne
réagissais pas. Cette situation me
préoccupait. J'allai en parler à
Maharajji qui sut immédiatement que cet
homme me faisait constamment des misères. Il
me dit : "C'est excellent d'être
maltraité, y compris d'un point de vue
spirituel. On progresse si quelqu'un vous rend la
vie infernale. Ne t'inquiète pas. Un jour
viendra où cet homme viendra s'incliner
devant toi." Dada utilisait
un coin de son propre dhoti pour essuyer la bouche
de Maharajji. Quelqu'un critiqua Dada et lui
expliqua qu'il ne devrait pas faire une chose
pareille. Puis une femme apporta du lait. Maharajji
en but et quelques gouttes restèrent
accrochées à ses lèvres.
Maharajji se tourna alors vers son fidèle
dévot et lui demanda : "Pourquoi laisses-tu
ça ?" avant de saisir lui-même le
dhoti de Dada pour s'essuyer la bouche devant tout
le monde. Une femme
évoqua en riant la familiarité
qu'elle avait avec Maharajji. Elle raconta à
quel point il aimait taquiner et faire marcher les
gens. Dans cet esprit, elle décrivit sa
façon de procéder avec les
Américains et les Européens. Il les
interrogeait parfois en présence d'un groupe
important d'Indiens. Quand les Occidentaux
répondaient à ses questions,
Maharajji se tournait vers la femme et,
après lui avoir fait un clin d'il en
catimini, commentait tout haut : "Regardez combien
ces gens sont naïfs ; ils ne savent rien." Et
les Occidentaux prenaient tout ce qu'il disait pour
argent comptant, voyant de profondes
vérités dans ses moindres paroles
alors qu'il s'amusait de leur
ingénuité. Une famille
vint recevoir le darshan de Maharajji. Ils lui
avaient acheté une boîte de bonbons
à Nainital et au cours du voyage à
Kainchi ils commencèrent à se dire
qu'ils aimeraient bien en goûter un ou deux,
ce qu'ils firent. Après quoi ils
arrangèrent le contenu de la boîte
pour qu'on ne s'aperçoive de rien.
Dès qu'ils lui tendirent leur offrande
Maharajji eut un mouvement de recul et refusa
même de toucher la boîte. "Prenez cette
boîte, emmenez-la, elle est contaminée
! Jetez-moi ça ! C'est tout juste bon pour
les chiens ! Et non, même les chiens ne
doivent pas y toucher. Elle est polluée.
À la poubelle !" Un confiseur
rempli de dévotion venait souvent voir
Maharajji et apportait des friandises pour tout le
monde à chacune de ses visites. Maharajji
chantait ses louanges et le récompensait. Au
bout d'un certain temps cet homme devint bouffi
d'orgueil et imbu de lui-même. Un jour en
particulier, après une assez longue absence,
il apporta en prasad une petite boîte de
bonbons deux fois plus petite que ce que les gens
amenaient d'ordinaire, alors qu'il était
confiseur. Maharajji le regarda d'un il
désapprobateur, vida les bonbons et tendit
la petite boîte à un disciple tout
près en lui disant : "Ne lui donnez pas une
grande boîte de puris. Remplissez-en
plutôt cette boîte minuscule !" "Voudrais-tu
boire cette eau ?" me demanda Maharajji. Cette eau
impure provenait d'une source musulmane. Il savait
que j'étais brahmane et ne voulais pas la
boire et il ne me força jamais à
aller à l'encontre de ma nature. Il disait
souvent aux gens : "Offrez ça à S.",
sachant pertinemment que je n'en prendrais pas, et
se reprenait aussitôt : "Non, ne lui en
proposez pas. Il n'en voudra pas." J'étais
allé en pèlerinage à Bombay
où je logeais chez des particuliers. Le chef
de famille devait boire un verre d'alcool tous les
soirs pour ses problèmes cardiaques. Il m'en
offrit et je finis par bel et bien me soûler
au scotch. Plus tard, quand je revins auprès
de Maharajji, il me parla d'un sadhu qui
était parti aux États-Unis. Maharajji
me demanda : J'ai vu
Maharajji pour la dernière fois à
Vrindaban. Nous étions partis de très
bonne heure pour arriver juste avant midi mais il
ne sortit de sa chambre qu'à trois heures de
l'après-midi. Quand il finit par
apparaître il se mit aussitôt à
m'invectiver, à m'ordonner de m'en aller et
à me dire qu'il ne voulait plus voir mon
visage : "Jao !" ["Va-t-en !"] Ma mère
est une grande dévote de Maharajji et il lui
est même arrivé de lui faire des
reproches quand elle le jugeait opportun. Maharajji
disait d'elle : "Elle peut se le permettre. Seuls
ceux et celles qui ont le cur pur peuvent
faire des choses pareilles !" Mais parfois
Maharajji la réprimandait et lui demandait
pourquoi elle était venue : "Oh ! pourquoi
es-tu venue ? Tu devrais rentrer chez toi. Tu es
partie sans la permission de ton fils !" Je n'ai jamais
su qui était Maharajji. Un jour où je
ne voulais pas partir, Maharajji m'a dit : "Tu m'as
mangé la tête. Je t'en prie, va-t-en
!" Maharajji m'insultait : "Va-t-en ! Je ne veux
pas te parler." À quoi je répliquai :
"Je ne partirai pas avant d'avoir fait mon
travail." Je ne voulais
pas aller à Madras avec Maharajji. Il m'a
demandé de l'accompagner mais je n'avais pas
de vêtements. Quand il a annoncé qu'il
partait j'ai dit que je me contenterais de
l'accompagner à la gare pour lui souhaiter
bon voyage. Je suis donc monté dans sa
voiture parce que je souhaitais m'incliner devant
lui pour le saluer avant son départ. Mais il
n'a pas voulu m'adresser la parole ; il a
tourné la tête et n'a même pas
voulu me regarder. J'ai tardé à
descendre et, après que le train a
démarré, Maharajji a
éclaté de rire. Il a donc fallu que
je l'accompagne ! En ce
temps-là Maharajji ne restait jamais bien
longtemps au même endroit rarement
plus de deux ou trois jours , je n'ai donc pu
profiter de son darshan qu'en de rares occasions.
Et puis j'ai quitté Kanpur pour Calcutta
où, pendant vingt ans, mon travail m'a
accaparé et je n'ai eu aucun rapport avec
Maharajji. Quand je suis revenu à Kanpur je
me suis inquiété de savoir où
il se trouvait et je m'en voulais de ne pas avoir
cherché à le revoir plus tôt.
Pendant deux mois je n'ai plus pris de repas. Ma
femme m'a demandé pourquoi j'étais
fâché et ne voulais pas manger de
céréales mais je ne lui ai jamais dit
la raison. J'étais très en
colère contre moi-même. C'était
le jour de Rakshabandhan où l'on attache des
rubans de protection aux poignets de ses
frères. J'en avais déjà
acheté pour mes frères ainsi que pour
Maharajji. J'avais laissé à la maison
ceux que je destinais à mes frères
mais j'avais mis celui que j'avais choisi pour
Maharajji dans un porte-monnaie. Je n'avais jamais
passé cette journée avec Maharajji et
j'avais le plus grand désir de lui attacher
le ruban au poignet, mais je n'osais le faire
devant tant de monde. Quand nous fûmes tous
les deux seuls il me laissa le lui mettre au
poignet. À cet instant précis
quelqu'un entra dans la pièce et Maharajji
dit à la personne, d'une petite voix timide
: "Mère est en train de m'attacher le
Rakshabandhan." Maharajji
avait passé la matinée dans sa
chambre à donner son darshan à une
quantité de gens. Au bout de plusieurs
heures, tel un père s'adressant à
l'un de ses enfants, Dada lui glissa à
l'oreille : "Allez, venez Maharajji. Vous avez
passé toute la matinée sans sortir
une seule fois pour aller uriner." Un jour
Maharajji parut faire un grand effort pour prendre
une mouche morte sur un bout de papier. Il finit
par la tendre à Dada. Au moment où
Dada allongeait le bras pour s'en saisir, la mouche
s'envola et Maharajji n'était pas content :
"Tous les efforts que ça m'a
coûtés et tu l'as laissé partir
! En 1968,
à Kainchi, Maharajji passait la plus grande
partie de ses journées assis sur le lit de
Dada. À ce propos il faisait remarquer :
"Dada veille, donc moi aussi je ne dois pas aller
me coucher." À trois heures du matin il alla
frapper à la porte de Dada : "Tu me
réveilles, donc aujourd'hui je viens te
réveiller ! Un jour les
mas vinrent prévenir Maharajji que son bain
était prêt. "Allez-vous-en !
répondit-il. Je ne veux pas me baigner.
Allez, viens, K. K., on part pour Vrindaban
!" Maharajji
était alité. Il avait pris froid. Mme
Soni, qui ne l'avait jamais vu malade comme
ça, lui massa les pieds et lui fit remarquer
: "Oh, Maharajji, vous avez les pieds glacés
! Une
dévote n'avait jamais pris de photos de
Maharajji car elle prêtait souvent son
appareil à d'autres. Elle se trouva seule
avec Maharajji un jour où elle avait son
appareil avec elle et où il était
chargé. Elle décida donc de tenter sa
chance et de le prendre en photo. Nous
étions les seuls à pouvoir être
avec lui en toute circonstance pendant qu'il
mangeait, prenait son bain ou allait aux latrines.
Il était vraiment charmant ! Si
espiègle et joyeux, on aurait dit parfois un
vrai petit enfant. À certains moments il
donnait l'impression d'être absolument
incapable de se débrouiller tout
seul. Vêtu du
treillis de camouflage avec lequel il chassait dans
la jungle, un homme venait raconter ses exploits
à Maharajji lorsque celui-ci se trouvait
à Kainchi. Maharajji l'avait baptisé
"Hunter", en anglais. L'homme avait un talent de
conteur. Il décrivait remarquablement les
traques, comment il lui fallait ramper sans se
faire repérer en écartant lentement
les hautes herbes devant lui. Un jour
où des Occidentaux venaient d'arriver,
Maharajji se mit à pousser des hurlements de
joie ainsi qu'un enfant comblé : "Les
voilà ! Les voilà ! Ils sont venus me
voir !" Les dacoit
recevaient un enseignement gratuit à
Nainital. Les enfants venaient voir Maharajji qui
disait de leurs pères : "Ils ont parfois le
cur pur." Quelqu'un montra à Maharajji
la photo d'un dacoit qui portait un collier de
graines de rudraksha, des graines sacrées
consacrées à Shiva. "Il était
vraiment sincère, commenta Maharajji. Il
commettait des actes répréhensibles
mais il était pur quand il faisait ses
dévotions." Un policier se
montrait particulièrement cruel envers un
prisonnier avec lequel il traversait la ville.
Maharajji le mit en garde : "Ne fais pas ça
!" Maharajji
visitait une prison à l'époque de Ram
Lila [fête au cours de laquelle on donne
tous les jours une représentation du
Ramayana] et les détenus revêtus
des costumes appropriés faisaient un
récit mimé de l'épopée
sacrée. Plein de morgue et d'arrogance, le
directeur expliquait à Maharajji pourquoi
ces hommes étaient incarcérés
et la peine que chacun devait purger
au moment même où ils donnaient leur
spectacle. Le vieux père du directeur vint
assister à la représentation et
Maharajji lui demanda de faire arti
[cérémonie de la lumière
en l'honneur du Guru] devant le détenu
qui jouait le rôle de Ram. Il lui fit
même toucher ses pieds, ce qui eut pour effet
de mortifier le directeur. Une femme et
sa sur accompagnèrent Maharajji qui se
rendait dans un centre de détention pour
jeunes délinquants. Les détenus qui
avaient construit une estrade pour Maharajji
devaient se tenir à l'écart et ne pas
l'approcher. Ils chantèrent des kirtan, les
mains jointes. Maharajji donna de l'argent pour que
le directeur distribue des bonbons à tout le
monde tout en lui recommandant de ne pas
révéler d'où provenait la
somme. En quittant la prison ils virent des jeunes
garçons enfermés dans des
cellules. Un jour
Maharajji fut arrêté pour vagabondage
et jeté en prison. À trois ou quatre
reprises pendant la nuit il ouvrit la porte de sa
cellule pourtant fermée à double tour
afin d'aller uriner, au grand dam du geôlier.
Le lendemain matin celui-ci raconta à son
supérieur les tracas que lui avait
causés Maharajji. Le supérieur en
question se rendit compte qu'il avait affaire
à un grand être. Il présenta
ses excuses à Maharajji, le libéra
après lui avoir donné à manger
et devint un de ses plus fidèles
dévots. Maharajji
employait fréquemment l'expression "prison
centrale" pour parler de son corps ainsi que des
ashrams. Il l'utilisait même avant que J.
fût nommé directeur
général de la prison centrale.
Maharajji allait souvent voir un dévot
anglo-indien détenu dans la prison centrale
de Fateghar. Quand il rendait visite à J.,
Maharajji demandait à être
traité comme les prisonniers et on lui
servait la pitance du jour. Il commençait
par manger avant d'aller voir les détenus.
Certains d'entre eux, de toutes les conditions
sociales, se considéraient même comme
ses disciples. À bord
d'une Jeep, Dada et Gurudatt Sharma conduisaient
Maharajji au temple de Bhumiadar. En arrivant ils
surprirent plusieurs individus apparemment
occupés à en forcer la porte, ce qui
eut le don d'enchanter Maharajji. Il s'écria
aussitôt : "Regardez ! Ils cherchent
Hanumânji ! Allons voir ! Allons-y !" Un jour un
inspecteur accusé de corruption, le
responsable des Contributions indirectes et
Maharajji se tenaient assis côte à
côte. Celui-ci demanda à l'inspecteur
: "Dis-moi, c'est vrai que tu acceptes des
pots-de-vin ?" C'était
une chaude nuit d'été. Maharajji
était assis sur la pelouse de D. en
compagnie de plusieurs disciples. Maharajji
occupait l'unique fauteuil. Tous les
représentants de la grande noblesse locale
faisaient cercle autour de lui. Assis à
l'écart, j'observais la scène. Alors
apparurent deux hommes, l'un revêtu de
l'habit traditionnel d'avocat et l'autre en simple
dhoti. Après avoir tous deux effectué
le pranam [prosternation indi quant que l'on se
considère comme tout petit en
présence du supérieur], ils
s'assirent près de moi, mais Maharajji
parlaient à ceux qui étaient
installés et ignorait totalement les
nouveaux venus. Ceux-ci étaient tous deux
très impatients et l'avocat voulait s'en
aller. Je les sentais très perturbés
car pourquoi vouloir partir précipitamment
quand on se trouve en présence d'un saint ?
L'avocat pressait l'homme en blanc qui se leva et
attira l'attention de Maharajji. Il annonça
qu'il avait une requête. En l'absence
de Maharajji un nombre important de sacs de ciment
avaient disparu de l'ashram de Vrindaban.
Dès son retour il fit venir le jardinier
: Un policier et
un dacoit rendaient tous deux visite à
Maharajji. Ils lui massaient chacun une jambe.
Maharajji s'adressa au dacoit : accueil
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