NEEM
KAROLI
BABA MIRACLE
DE
L'
AMOUR 5. LA
FOI...
PAS
LA
PEUR Le
mélodrame haut en couleurs qui se jouait
dès que Maharajji arrivait quelque part ;
les multiples points de vue de ses disciples sur sa
personne et les mille façons qu'ils avaient
de réagir à son action ainsi que les
nombreux visages qu'il leur présentait en
retour colères et insultes,
réprimandes et manifestations de tendresse
l'espace et le temps en étaient
remplis lorsque nous nous trouvions avec lui et
pourtant... nous savions bien que ce n'était
là que la part visible et non l'essence de
la relation qui nous liait à lui. Vous savez,
vous pouviez aller voir Maharajji avec toutes
sortes de problèmes. Vous restiez assis
à côté de lui un moment et vous
vous aperceviez qu'ils étaient tous
résolus. Il
créait toute une situation dans le seul but
de vous instruire. Il ne donnait jamais de
conférences ni de causeries et ne prenait
jamais les Ecritures comme support mais se servait
d'incidents et de situations. Maharajji nous
guidait sur tous les plans spirituel, mental
et matériel. Il nous donnait des directives
sur la façon d'élever les enfants,
d'être un bon mari ou une bonne épouse
et de réussir dans les affaires. Mais il ne
s'agissait pas de règles ou d'instructions
spécifiques. En fait il nous guidait en
changeant notre cur. Un groupe de
gens d'Esalen, des gens très importants,
m'avait invité à aller étudier
en Amérique du Sud auprès d'un
instructeur soufi. Comme je ne savais pas trop quoi
faire, j'écrivis à K. K. de demander
à Maharajji si je devais aller faire ce
stage au Chili. Voici ce que me répondit K.
K. : "Maharajji dit que tu peux aller
étudier avec un saint soufi si tu le
souhaites." À une
époque où mes finances étaient
en piteux état Maharajji vint chez moi et
m'assura que je ne devrais pas m'inquiéter.
Je lui répondis que je ne faisais rien pour
provoquer l'angoisse même si
j'étais bel et bien angoissé. "Non,
non, tu ne devrais avoir aucune
inquiétude." Maharajji
avait pris toutes mes responsabilités sur
ses épaules. Un jour il me dit de ne jamais
rien redouter, que personne ne pourrait jamais rien
me faire. Du temps où il était
physiquement devant nous nous n'étions pas
si courageux mais à présent mon
courage augmente de jour en jour. Je sens
maintenant son pouvoir à l'uvre sur
moi. Je le vois maintenant en songe mais ça
ne dure pas longtemps. Je suis convaincu qu'il
travaille pour ses disciples. K. K.
était tellement rongé par la peur
qu'elle lui obscurcissait l'âme. Maharajji
lui dit : "Tu vis dans la crainte. Tu es si simple,
ils sont malins et abusent de toi. Pour l'instant
tu redoutes les brahmanes. Mais tu n'auras peur de
personne." Un jour on
signala aux autorités que je ne remplissais
pas suffisamment des caissettes de fruits, qui ne
faisaient pas le poids requis. J'étais
innocent mais ces accusations portées contre
moi m'inquiétaient. Maharajji me passa un
savon : Pour une
raison quelconque une maison avait
été encerclée et ses habitants
enfermés à double tour pendant trois
jours et trois nuits d'affilée par des
ennemis de la famille. S'ils restaient prisonniers
à l'intérieur ils allaient mourir de
faim et, s'ils sortaient, ils se feraient rouer de
coups par cette bande de malfaiteurs. Alors que les
membres de la famille assiégée
parlaient entre eux de ce dilemme, ils entendirent
quelqu'un crier à la porte : "Ouvrez !
Ouvrez ! Sortez et battez-vous ! Appartenez-vous
à une caste supérieure ou
êtes-vous une bande de froussards ? Allez !"
Ils jetèrent un coup d'il timide au
dehors et reconnurent Maharajji qui brandissait une
trique et criait à tue-tête. Alors
tous saisirent des bâtons et coururent le
rejoindre. Quand les assaillants virent la famille
sortir armée et s'élancer sous le
commandement de cet énergumène
corpulent, ils prirent leurs jambes à leurs
cous. Un
bébé de huit mois se tenait debout
sur un balcon à dix mètres du sol en
compagnie de son frère aîné et
d'un serviteur qui faisaient voler un cerf-volant.
Soudain le bébé tomba sur le sol de
marbre dix mètres plus bas. La mère
tenta en vain d'attraper l'enfant avant qu'il ne
heurte le sol. Il gisait inerte mais n'avait
pourtant pas l'air d'avoir de membres
brisés. Soudain il éclata de rire et
le docteur appelé en urgence ne put que
constater que, miraculeusement, le
bébé n'avait rien. Quelques jours
plus tard la famille reçut la visite de
Maharajji qui leur dit : "Vous avez eu une grande
frayeur. Ce jour-là vous aviez oublié
celui qui est constamment là, sur vos
épaules, et vous protège. Le
bébé n'est pas tombé par
terre. Il est tombé sur mes genoux." Un jour,
à Madras, Maharajji demanda à se
faire examiner les yeux par un bon docteur.
"Connais-tu un bon médecin ici ?" Je lui
expliquai qu'il y avait un spécialiste tout
près. "Très bien, me dit-il, je lui
montrerai mes yeux." Ce soir-là je
découvris que ce médecin
n'était pas en ville pour l'instant et fixai
donc un rendez-vous avec un de ses confrères
à dix heures trente du matin. Un
dévot d'Allahabad disait avoir
rencontré Maharajji quarante ans plus
tôt. Il voyageait de nuit et s'était
totalement perdu quand il aperçut soudain
une grotte éclairée. En approchant il
découvrit Maharajji assis à
l'intérieur. Celui-ci lui donna à
manger et, une fois le repas terminé, lui
dit : "Tu es perdu. Prends cette direction !" Il
n'eut qu'à faire une quinzaine de pas et le
village, soudain, lui apparut. Mais quand il se
retourna la grotte ainsi que son environnement
immédiat avaient disparu. Maharajji
invitait souvent un dévot sans ressources
à l'accompagner à l'occasion de longs
pèlerinages. L'homme acquiesçait
toujours sans se plaindre bien qu'il lui
fallût souvent emprunter de l'argent pour
financer ces voyages. Maharajji lui demanda une
fois d'aller à Badrinath. Avant de partir
l'homme montra à sa femme la petite photo de
Maharajji sur leur table de puja et lui expliqua
que si, pour une raison ou une autre, elle
souhaitait communiquer avec lui pendant son
absence, elle n'avait qu'à s'adresser
à ce portrait de Maharajji étant
donné qu'ils seraient tous les deux
ensemble. Quelques jours plus tard, alors qu'ils se
trouvaient très haut dans l'Himalaya,
Maharajji se tourna brusquement vers son disciple
et lui demanda : "Pourquoi es-tu venu ici ?" Maharajji lui
dit : "Chez toi il n'y a pas de dal, pas de farine,
rien du tout. Ta femme se fait du mauvais sang
parce qu'elle n'a rien à manger et que tu es
loin. Tu aurais pu au moins procurer du pain
à ta famille !" Un jour,
Maharajji me sauva d'une morsure de serpent. Je
passais l'hiver dans une minuscule pièce
à Haldwani et j'étais occupé
à parler avec quelqu'un quand soudain, sans
aucune raison apparente, je m'arrêtai net au
beau milieu d'une phrase. Je tournai la tête.
Il se passait quelque chose de très bizarre.
Un serpent qui venait de pénétrer
dans ma chambre alla se cacher dans un sac de jute.
Ce qui m'intriguait c'est que j'avais tourné
la tête précisément à
cet instant. Je me suis dit que ça devait
être Neem Karoli Baba, même si,
physiquement, Maharajji se trouvait alors à
des centaines de kilomètres. J'ai aussi
pensé qu'il devait s'agir d'un serpent
venimeux. Sinon Maharajji n'aurait pas fait en
sorte que je le remarque. Avec infiniment de
précautions je mis le serpent dans une
boîte métallique et le relâchai
dehors. Par une nuit
d'encre où il pleuvait à verse
Maharajji réveilla plusieurs dévots
et leur annonça qu'une Jeep était en
panne sur la route à six cents mètres
de là. Il leur dit d'emporter du thé
pour les passagers. Les disciples partirent
à toute allure car il leur demanda de faire
vite. Maharajji voulait qu'ils aillent voir
à un endroit où il n'y avait pas
vraiment de chaussée tracée. Ils
découvrirent la Jeep en panne avec quatre
femmes et un homme à bord dépourvus
de couvertures. Maharajji envoya de nouveaux
disciples en renfort : "Le thé sera froid.
Apportez-leur-en davantage." Quand on finit par
amener ces gens au temple, Maharajji expliqua : "Il
y a une trentaine d'années, je suis
passé chez ces femmes qui m'ont bien
reçu et m'ont fourni une couverture." Il
leur donna des couvertures et elles se souvinrent
de lui. Normalement,
quand Maharajji s'absentait, il envoyait ses
bénédictions de l'endroit où
il se trouvait. Il n'utilisait pas le
téléphone. Mais, en 1967, quand je
partis à l'étranger pendant six mois,
il rendit visite à ma famille à
Kanpur pratiquement une fois par mois. Pendant mon
stage en Allemagne, nous envisagions avec mon
collègue d'acheter une voiture pour la
durée du séjour et de la revendre en
partant. Nous avions déjà choisi le
véhicule que nous comptions acheter le
dimanche. Le samedi nous ne recevions d'ordinaire
jamais de courrier, mais ce samedi-là,
veille de la transaction, je reçus une
lettre de ma femme. Voilà ce qu'elle
m'écrivait : "Maharajji est passé
aujourd'hui. Il dit que tu as l'intention d'acheter
une voiture mais que tu ne dois rien en faire.
Renonce absolument à tout projet dans ce
sens." J'annonçai aussitôt à
mon ami qu'il n'était plus question pour moi
d'acquérir le véhicule et que, s'il
l'achetait, je ne voyagerais pas avec lui. Un jour,
à Haridwar, en se baignant dans la
rivière un homme perdit pied.
Ballotté par les flots comme un rondin, il
fut emporté dans un tourbillon. Il
était passablement plus âgé que
sa femme qui lui était très
attachée. Elle avait quinze ans et lui
trente-deux quand il l'avait épousée.
Après avoir prononcé le nom de
Maharajji elle sauta dans la rivière et
parvint à tirer son mari sur la berge. Quand
ils arrivèrent à l'endroit où
se tenait Maharajji on leur dit que celui-ci
était d'une humeur exécrable, qu'il
injuriait tout le monde et ne supportait personne
auprès de lui. La femme alla tout de
même frapper doucement à sa porte. Il
l'invita gentiment à entrer et lui demanda
ce qui était advenu de son anneau de nez qui
était tombé dans l'eau. [La perte
de cet anneau que les femmes indiennes portent au
nez est de mauvais augure et présage la mort
de leur époux.] Quand son mari la
rejoignit Maharajji lui dit : "Emporté par
les tourbillons tu dévalais la
rivière comme un bout de bois." Apparemment,
le changement de comportement de Maharajji, son
humeur massacrante, avait contribué à
secourir l'homme. Maharajji
veille sur ses dévots de multiples
façons. Un jour l'un deux, se rendant
à Kainchi, s'arrêta à un
étal où l'on vendait des pakoras
[beignets] au bord de la route.
[À cette époque il man-geait des
pakoras tous les jours.] Dès qu'il
arriva à Kainchi Maharajji lui dit : "Est-ce
que tu manges des pakoras ? Ça fait
longtemps que tu en manges maintenant ! Pourquoi en
manges-tu ? Tu vas t'abîmer l'estomac."
À partir de ce jour-là ce disciple
n'acheta plus jamais de beignets au bazar. Une
dévote de Maharajji se tenait assise dans le
coin d'une pièce auprès d'un homme
bizarre. Maharajji lui dit : "Viens te mettre ici.
Le mauvais karma de certains peut affecter les
autres." Un
médecin de Bombay comptait beaucoup de
personnalités dans sa clientèle, y
compris Nehru. C'était un homme assez froid
même s'il faisait souvent des massages aux
autres. Une autre disciple était
présente lorsqu'il rendit visite à
Maharajji. Quand celui-ci vit le docteur arriver il
alla dans une autre pièce en
déclarant qu'il ne voulait pas le voir. Puis
on entendit Maharajji crier derrière la
cloison : "Tu n'as pas pu sauver Nehru. Qu'est-ce
qui s'est passé ?" Un jour
où Maharajji se trouvait dans un village
proche de Neeb Karori une femme vint chercher de
l'eau au puits. Maharajji se mit à rire.
Quand un disciple lui demanda pourquoi il riait, il
dit que cette femme et son mari habitaient un
village éloigné de cinq
kilomètres et que, dans six heures, son mari
allait mourir d'aller chercher cette eau qu'elle
était occupée à puiser sous
leurs yeux. "Il va avoir soif. Et en allant
chercher une cruche d'eau il va se faire mordre par
un cobra." Mais Maharajji ajouta que, si le
disciple le souhaitait, il pourrait peut-être
le sauver. Le disciple envoya aussitôt deux
ou trois hommes qui coururent à la rencontre
du mari et arrêtèrent celui-ci
à l'endroit précis où il
allait se désaltérer. Ils
découvrirent effectivement un cobra à
côté de la cruche et l'homme eut la
vie sauve. En route pour
Calcutta, un garde forestier d'Agra passa à
Kainchi et Maharajji lui dit : "Ne pars pas
aujourd'hui ! En 1943
Maharajji vint à Fatehgarh où vivait
un vieux couple dont le fils combattait en
Birmanie. Quand Maharajji passa les voir ils lui
offrirent le peu qu'ils possédaient. Ils
n'avaient que deux petits lits. Maharajji leur
annonça bientôt : "Je vais aller
dormir tout de suite." Ils lui donnèrent
l'un des deux lits ainsi qu' une couverture. Le
vieux couple passa la nuit entière à
veiller Maharajji qui gémissait et se
démenait sans arrêt dans le lit. La
crise dura jusqu'à quatre heures du matin.
À quatre heures et demie Maharajji se calma
tout à fait. Il retira alors le drap du lit
et enveloppa quelque chose dedans. Il dit au vieil
homme : "C'est très lourd. N'essaie pas de
voir ce qu'il y a à l'intérieur. Il
faut que tu ailles jeter ça dans le Gange
là où le fleuve est le plus profond.
Personne ne doit te voir sinon tu te ferais
arrêter." En emportant son fardeau au Gange
il sentit au toucher que le drap était
rempli de balles de fusil. Un jour,
Maharajji voulut quitter la plaine et demanda
à ce qu'on le conduise en pleine montagne
dans la lointaine ville de Bhimtal. À son
arrivée il se rendit tout droit chez un de
ses dévots et lui demanda d'aller à
la vieille cabane destinée au repos des
pèlerins attenant au temple de Shiva et de
ramener la personne qui s'y trouvait. Cela faisait
des années que plus personne n'utilisait
cette cabane délabrée et les
disciples furent donc très
étonnés de trouver l'une de ses
portes fermée à clé de
l'intérieur. Ils frappèrent et
crièrent mais personne ne répondit.
Alors ils s'en revinrent raconter à
Maharajji ce qui s'était passé. "Ô
Kabir, pourquoi craindre qui que ce soit quand le
Seigneur Lui-même te protège ?
Pourquoi t'en faire si mille chiens furieux aboient
quand tu es assis sur un éléphant
?" 6. CLÉ
DE
L'
ESPRIT Il donnait
l'impression de tout savoir sur eux, qu'ils se
trouvent tout près ou même très
loin de lui. Il veillait littéralement sur
nous et, dans ces conditions, il n'est guère
étonnant que nous soyons parvenus à
nous débarrasser de tout sentiment de
peur. Quand
plusieurs personnes venaient le voir ensemble il
lui arrivait de raconter l'histoire personnelle des
uns et des autres, y compris ce qu'avaient fait
leurs ancêtres, comme s'il avait très
bien connu ces gens depuis fort longtemps. Comme
Maharajji ne recevait parfois les Occidentaux que
l'après-midi, nous décidâmes un
beau matin d'aller voir le tout petit ashram
où, à une époque, avait
résidé un autre grand saint de la
région, Sambari Maharaj. Ce fut une visite
merveilleuse. Sur le chemin du retour, en fin de
matinée, nous rencontrâmes une pente
que le minibus Volkswagen fut incapable de gravir
tant nous étions chargés. Nous
descendîmes donc pour le pousser
c'est-à-dire nous tous à l'exception
de deux jeunes femmes de notre groupe qui ne
daignèrent pas mettre pied à
terre. Une fois
où Maharajji était assis dans une
pièce sans fenêtres, il s'exclama
soudain : "Tiens, voilà untel !" Et quelques
instants plus tard cette personne entrait. Maharajji me
disait toutes sortes de choses. Par exemple : "Tu
as joué au hockey avec la Mère." Il
faisait allusion au fait que j'étais
passé à l'ashram de Shri Aurobindo et
qu'à l'occasion de ma visite j'avais
effectivement joué au hockey avec la
Mère. Dans les
années 1940, le fils d'un fonctionnaire
musulman qui étudiait en Angleterre avait
été victime d'une crise cardiaque et
sa mère était allée le
rejoindre. Maharajji était en visite chez un
dévot qui ne lui demandait jamais rien mais
qui, cette fois-ci, s'enquit du garçon en
question étant donné qu'il
était très lié à sa
famille. Avant même qu'il formulât sa
question, Maharajji s'étonna : "Quoi ? Il
veut m'interroger sur ce garçon qui fait ses
études en Angleterre. Que veux-tu savoir ?
Sa mère est allée le retrouver. Tu es
allé la conduire à l'aéroport.
Et dès son arrivée son fils a
commencé à aller mieux." Sur ce,
Maharajji se leva : "Allons-nous-en, dit-il,
voilà comment l'esprit voyage." [Il fut
confirmé par la suite que l'état de
santé du jeune homme avait effectivement
commencé à s'améliorer
dès l'arrivée de sa
mère.] Maharajji
demanda à un homme s'il était jamais
allé à Kainchi magnifique
endroit très calme, idéal pour la
méditation avec sa montagne, sa
rivière et ses forêts. Le swami
répondit qu'il avait vu une fois un lieu
semblable à Kandy [dans le Sri
Lanka]. Maharajji, qui n'y était jamais
allé, étonna l'homme en
décrivant l'endroit jusqu'aux plus petits
détails. Notre fille
aînée s'était
présentée à un concours
administratif afin d'obtenir un poste en rapport
avec le gouvernement de l'Inde. Après
l'examen nous allâmes voir Maharajji à
Vrindaban. Comme nous nous inclinions devant lui,
Maharajji s'adressa à elle : "Tu as
raté cinq de tes épreuves. Nous avons une
famille nombreuse et nous ne sommes pas riches mais
ses bénédictions nous ont toujours
permis de bien nous débrouiller. J'ai obtenu
mon travail à la banque par sa grâce.
Après avoir passé un entretien pour
cet emploi j'étais allé le voir. Il
m'avait répété toutes les
questions qui m'avaient été
posées avant de m'annoncer que je serais
choisi. En fait j'ai été reçu
premier. Un jour
Maharajji se tourna vers moi : "Envoies-tu toujours
de l'argent à ce pundit de
Bénarès ?" Un
dévot employé des chemins de fer
présenta un couple à Maharajji.
Celui-ci dit à la femme en privé :
"Vous subvenez depuis un moment aux besoins d'un
enfant sans le sou. Je vous en félicite."
Elle était abasourdie parce qu'elle n'en
avait jamais parlé à personne, pas
même à son mari. Avant de
manger nous faisons l'offrande de notre nourriture
à une photo de Maharajji. Une fois, ma femme
oublia de saler le curry. "J'ai oublié,
fit-elle, mais Maharajji me pardonnera." Quinze
jours plus tard Maharajji passa nous voir et ma
femme s'assit à ses pieds. Il
commença par lui dire : "Tu m'as offert du
curry sans sel." L'un des fils
d'une famille de Kanpur combattait lors de la
guerre de Chine. On entendit dire qu'il
était mort et le frère vint apprendre
la nouvelle à Maharajji qui réagit
aussitôt : "Non, il n'est pas mort." Personne
ne crut Maharajji. La veuve se remaria au bout de
six mois et le ministère de la
Défense classa ce dossier. Mais l'homme
revint quelque temps plus tard. En 1968,
après avoir séjourné quelque
temps au temple, je dus me rendre à Delhi.
À cette époque, j'essayais
d'être un parfait yogi. À Delhi je
m'empressai de régler toutes mes affaires et
j'eus le temps de prendre un déjeuner
végétarien avant de m'en retourner
dans la montagne. À la fin du repas on me
servit du thé accompagné de deux
biscuits. Je ne jugeai pas ceux-ci très
adaptés au régime d'un yogi, mais ils
étaient fourrés à la
crème et je ne pus résister.
Cependant, étant donné que
j'étais pieds nus, revêtu de mon ulfie
[ample pièce d'étoffe en forme de
sac dans laquelle se drapent les sadhu] et
qu'on me traitait en conséquence, y compris
dans ce restaurant, je mangeai ces biscuits en
catimini. Quand je retrouvai Maharajji, il
commença par me demander si j'avais
trouvé ces biscuits à mon goût.
[R.D.] Comme
j'étais l'un des rares Occidentaux à
connaître l'hindi, il conversait avec moi.
Parfois, en bavardant, il m'en mettait plein les
yeux. Il mentionnait quelqu'un dont je n'avais
jamais parlé à personne : "Qu'est-ce
qui lui était déjà
arrivé à celui-là ?" Je
marquai un temps d'arrêt tellement
j'étais stupéfait ! Et il pouffait et
partait à rire aux éclats
après quoi il me regardait, tout sourire. La
plupart du temps, assis à côté
de Maharajji, je n'étais plus le même.
Je me voyais rire comme un idiot. Je me tenais les
côtes. C'était tout juste si je ne me
roulais pas par terre. Je n'en pouvais vraiment
plus et alors il me serrait contre lui à
grande brassée. Ma femme
rencontra Maharajji au beau milieu d'une foule
à l'India Hotel. Il ne lui avait pas
adressé la parole et, au bout d'un moment,
elle se dit qu'elle devrait être à la
maison en train de me préparer le
thé, chose qu'elle faisait tous les jours
précisément à cette heure.
Maharajji distribuait des friandises et soudain il
se tourna vers elle : "Rentre à la maison
maintenant. Ton mari attend que tu lui serves le
thé." Quand j'ai
fait sa connaissance il venait de se faire raser la
tête et je me suis dit que j'aimerais
énormément embrasser le sommet de son
crâne. Et, quelque temps après,
à l'occasion d'un darshan, il m'emmena dans
sa chambre. Secoué d'un rire inextinguible,
à un moment il se plia en deux et, ce
faisant, me présenta le sommet de son
crâne. Je ne pouvais qu'y déposer un
baiser et, à cet instant, je me rendis
compte que mon vu avait été
exaucé. Je ne cessais
de m'adresser à Maharajji par la
pensée. Quand il mettait quelqu'un dans
l'embarras, je protestais en silence : "Non
Maharajji, ne faites pas une chose pareille !"
Alors il me regardait à cet instant
précis et je savais qu'il
m'entendait. Un jour, assis
près du tucket en attendant qu'il vienne
donner son darshan, une pensée me traversa
l'esprit : le souhait de sentir mon cur
battre au même rythme que le sien et en
parfaite phase avec lui. Cette idée m'avait
à peine effleuré qu'il se fit un
grand bruit de portes qui claquent et Maharajji fit
irruption sous la galerie. Il vint aussitôt
prendre place sur le tucket et s'assit juste en
face de moi, sa poitrine à moins de deux
mètres de la mienne. J'étais
concentré sur les battements de mon
cur accordé sur le sien. Cette
harmonie dura un bon moment au cours duquel
Maharajji, plein d'entrain, parla à de
nombreuses personnes sans jamais modifier la
position de son corps tout proche. Puis mes
pensées se mirent à vagabonder et,
aussitôt, Maharajji exécuta une
demi-volte et s'assit de l'autre côté
du tucket en me tournant le dos. J'étais
abasourdi. Une pensée me traversa en un
éclair : "Maharajji, si ce qui vient de se
passer a été déclenché
par mon manque de concentration, regardez-moi." Il
me jeta un coup d'il fulgurant par-dessus
l'épaule pour me tourner aussitôt le
dos et ne m'adressa plus un seul regard le restant
du darshan. Maharajji
avait l'art de jouer avec mes désirs. Par
exemple, je repérais une pomme sur son banc
avant qu'il entre donner son darshan. Et je me
disais à quel point j'aimerais cette pomme
et que ça faisait longtemps que je n'en
avais pas goûté. Alors Maharajji
arrivait et, comme par hasard, il ne manquait pas
de me lancer la pomme que je convoitais. Mais, bien
sûr, comme il lançait d'autres fruits
à d'autres dévots, il était
difficile d'être absolument certain qu'il ne
s'agissait pas de hasard. Je n'en persistais pas
moins à penser que c'était tout de
même bien curieux. Quand je
vivais en haut dans la montagne derrière le
temple où il faisait un froid de canard,
j'entendis des dévots fraîchement
débarqués parler d'une couverture
spécialement conçue pour les
astronautes qui était très chaude et
pesait une plume. Dans ma cabane glacée je
me disais souvent combien il serait agréable
d'avoir une telle couverture. Le lendemain matin je
descendis au temple et pris le thé avec un
disciple qui nettoyait son sac à dos. Il me
lança un objet : "Tiens, est-ce que
ça te dirait ? C'est une couverture pour
astronautes dont je ne me sers jamais." Quand ce
genre de choses m'arrivait sans arrêt je me
disais que si Maharajji se mettait à combler
mes moindres désirs j'aurais
intérêt à demander des cadeaux
plus essentiels comme, par exemple, un peu de
compassion. Maharajji
avait demandé qu'on vienne le chercher
à la gare de Bareilly dans la
matinée. Il y avait une gigantesque
inondation et je pensais qu'il ne viendrait pas
mais je décidai quand même d'aller le
chercher. Maharajji est tout de même bien
arrivé comme prévu et voilà la
première chose qu'il m'a dite : "Tu pensais
que je ne viendrais peut-être pas à
cause de l'inondation." S'il
m'arrivait d'estimer qu'un disciple n'était
pas aussi parfait qu'il le pensait, Maharajji ne
manquait pas de me lancer aussitôt : "Untel
se prend pour un saint mais il n'est pas aussi
parfait que ça, hein ?" J'étais
là, priant le ciel de me fournir l'occasion
de quitter le satsang pour m'adonner à la
sadhana [pratique spirituelle], quand
Maharajji me dit : "Va au Népal." Il
s'avéra que mon visa était
arrivé à expiration la
veille. Il vous
arrivait d'être assis derrière lui et
il avait l'air de ne pas vous avoir
remarqué. Et puis une pensée vous
traversait l'esprit et il vous adressait alors
directement la parole ou faisait un geste ou disait
quelque chose en rapport avec cette pensée.
Il était parfois avec vous dans une
pièce en pleine conversation silencieuse et
au beau milieu d'une phrase il se tournait, ouvrait
la fenêtre et se mettait à parler
à quelqu'un dehors de ce qui
préoccupait cette personne. D'un simple
coup d'il Maharajji pouvait vous inculquer
tout un enseignement. Vous étiez assis dans
un coin, torturé par un problème
insurmontable. Il n'avait qu'à poser les
yeux sur vous un instant et tout votre être
se modifiait. Je ne saurais dire s'il faisait
vraiment quelque chose ou si c'était juste
sa façon de vous regarder, mais vous saviez
d'un coup que tout fonctionnait bien dans l'univers
et que l'on s'occupait de vous. Il arrivait aussi
que vous partiez dans des divagations mentales et,
d'un seul regard, en un clin d'il, Maharajji
réduisait vos dérives à
néant. Un couple raconte
l'histoire suivante : Dada disait :
"Lire dans les pensées, prévoir
l'avenir, annoncer la visite des uns et des autres,
etc, Maharajji le faisait constamment. Cela n'avait
vraiment rien d'extraordinaire." Au temps de
l'occupation britannique, un Anglais avait
réservé un compartiment de
première classe et quand il monta dans le
train il s'aperçut que Maharajji l'occupait
déjà. Il alla voir le
contrôleur, lui expliqua qu'il venait de
trouver un individu à la mine patibulaire
dans son compartiment et lui demanda de bien
vouloir le faire partir. Après avoir
constaté les faits, le contrôleur
déclara au plaignant : "Je regrette. C'est
un saint et je ne peux pas le faire
déménager." Je pense que
c'est lui qui m'avait fait le suivre. J'allais avec
lui mais sans jamais l'avoir voulu. Les ma, comme
on les appelait, étaient des femmes dont le
plus grand plaisir était de s'occuper de
Maharajji. Un docteur lui avait ordonné de
prendre certaines pilules à dix heures du
matin. Ce matin-là les ma ont apporté
le médicament avec dix minutes de retard.
Maharajji les tança comme il faut : "Si vous
ne me soignez pas mieux que ça je vais faire
en sorte que vous me détestiez !", ce qui
était la plus terrible menace qu'il pouvait
proférer. J'étais
chef de gare à Mount Abu et Maharajji avait
promis d'y passer un jour. Quand je n'étais
pas en service j'avais pour principe de ne jamais
mettre les pieds à la gare. Mais, ce
jour-là, comme j'avais eu une longue
conversation avec un ami et que je ne voulais pas
arriver en retard à la maison, je
dérogeai à mes habitudes et pris un
raccourci qui me fit traverser la gare. À
l'instant précis où j'entrais dans le
bâtiment et me dépêchais d'en
sortir arriva le train qui amenait le courrier de
Bombay et j'apercus Maharajji qui me faisait signe
en tapant à sa fenêtre ! Nous
étions tout un groupe d'Occidentaux venus
méditer ensemble dans un ashram bouddhiste
de Bodh Gaya. Au bout d'un certain temps plusieurs
d'entre nous souhaitèrent faire une pause et
aller à Delhi, à plusieurs centaines
de kilomètres de là, afin de
célébrer l'anniversaire de Shiva.
L'une des femmes du groupe qui était venue
en Inde par voie de terre en car spécial
un "charter bus" nous fit savoir que
le chauffeur du car voulait nous accompagner. Nous
fûmes donc trente-quatre à quitter
Bodh Gaya pour rejoindre le car à
Bénarès et, de là, nous
ralliâmes Delhi par la route. Un
Français qui séjournait dans l'ashram
de Ma Ananda Mayi interrogea HRJ sur ce Neem Karoli
Baba car il voulait avoir son darshan. HRJ
répondit que s'il se concentrait sur
Maharajji ne serait-ce que dix minutes
d'affilée celui-ci pourrait
apparaître. Le Français ferma les
yeux, commença à
répéter "Neem Karoli Baba, Neem
Karoli Baba..." et, au bout de dix minutes, alors
que personne ne s'y attendait, Maharajji arriva
dans l'ashram de Ma. Il alla aussitôt parler
au Français : "Pourquoi penses-tu à
moi ? Je suis venu. Que veux-tu ?" J'avais
l'habitude de me lever vers deux heures du matin et
de méditer un moment. Un jour je
suis venu de Snow-View à Tallital dans
l'espoir de voir Maharajji. Je me demandais comment
je pourrais bien le trouver étant
donné qu'il ne descendait jamais chez les
mêmes dévots. Un mardi matin
où j'avais prévu d'aller voir
Maharajji à Kainchi, je reçus un coup
de fil et je fus contraint de me rendre à
Nainital pour affaires. Je me dis que je pourrais
quand même attraper le dernier car pour
Kainchi mais j'arrivai trop tard et ne pus le
prendre. À environ huit heures du soir je
réussis à rallier Bhowali en voiture,
mais à une heure aussi tardive il n'y avait
plus moyen de repartir pour Kainchi.
Dépité, je rentrai alors à la
maison. Je pensais à cette occasion
manquée quand j'entendis frapper à la
porte. Je demandai à mon fils d'aller ouvrir
et de dire au visiteur que j'étais
fatigué. J'entendis alors une voix connue
s'écrier : "Je suis Baba Neem Karoli !" Il
était vers les neuf heures du soir.
Maharajji me dit : "Tu t'inquiètes toujours
pour une raison ou une autre ! Pourquoi t'en
fais-tu comme ça ?" Il dîna chez moi
avant de repartir en Jeep à Kainchi. L'officier de
police qui occupait les fonctions de commissaire
fut très contrarié d'apprendre qu'il
n'allait pas être titularisé au poste
qu'il occupait et décida de donner sa
démission. Vers huit heures du soir il
était avec sa femme quand un planton vint
lui annoncer : "Il y a un homme dehors assis dans
la rue qui vous demande." Il savait que
c'était Maharajji. Celui-ci lui
dit : "Tu pleurais. Tu envisageais de donner ta
démission. Quelle bêtise !" Un vieil homme
qui travaillait comme gardien de prison depuis des
années tomba gravement malade. À un
moment donné son médecin ne lui donna
plus que vingt-quatre heures à vivre mais le
vieil homme pensa à Maharajji, médita
sur lui et refusa de mourir. Le troisième
jour Maharajji arriva dans la ville et se rendit
chez un autre disciple à qui il dit : "Il y
a un vieil homme qui habite près d'ici. Il
pense beaucoup à moi et il est très
mal. Il faut aller chez lui." CHAOS
ET
CONFUSION Maharajji
n'était assujetti à rien. Il ne
suivait jamais suggestions et conseils et faisait
toujours ce qu'on n'attendait pas. Par exemple, si
je demandais à rester plus longtemps, il se
levait et partait sur le champ. En pleine
discussion politique, Maharajji faisait des
prédictions ou disait des choses
personnelles avec une belle désinvolture.
Ses prophéties s'avéraient souvent
fausses. Si vous vouliez une prédiction
spécifique, Maharajji demeurait souvent
vague et il ne commentait jamais ses vaticinations,
ne fournissait jamais d'explications. On pourrait
affirmer le contraire de tout ce qu'il est possible
de dire sur son compte ! Un jour,
à Vrindaban, Maharajji nous fit tous venir
et j'étais en tête du groupe qui se
précipitait. En entrant dans la pièce
avant tous les autres, j'eus le sentiment de
l'avoir pris au dépourvu. Il me vit et eut
l'air embarrassé. C'était comme s'il
avait été pris en flagrant
délit la main dans la boîte
à biscuits, par exemple ! Il avait l'air
tout penaud et j'essayai de comprendre ce qu'il
avait bien pu être en train de fabriquer
quand, finalement, je renonçai. Il
était sans doute en train de me jouer un de
ses tours ! Un jour
où Maharajji était au bord du Gange
avec des disciples, ceux-ci lui
suggérèrent de se baigner. Il
protesta, mais ils insistèrent et finirent
par le convaincre de quitter le bateau sur lequel
ils se trouvaient et de se plonger dans l'eau. Il
commença par faire semblant de se noyer,
puis, soudain, se mit à nager autour de
l'embarcation. Par la suite, en relatant
l'incident, Maharajji raconta à tout le
monde qu'on avait essayé de le
noyer. Un soir,
à l'ashram, en pleine nuit, nous avons
été réveillés par des
cris et des bruits de pas. Des gens couraient dans
tous les sens et les ampoules s'allumaient les unes
après les autres. En passant la tête
dans l'embrasure de la porte, nous
constatâmes que Maharajji était
debout. Il voulait des rotis. Il hurlait à
pleins poumons : "Il y a un serpent dans la chambre
des mères !" Et, quand on alla
vérifier, on s'aperçut que
c'était une corde ! À
Kainchi, il occupait cette petite pièce
toute simple que nous appelions son "bureau". Il y
avait une fenêtre équipée de
volets intérieurs qu'il pouvait ouvrir. Il
s'asseyait souvent derrière cette
fenêtre et donnait son darshan à ceux
qui passaient ou se présentaient devant. Il
lui arrivait de sauter dans tous les coins comme un
singe en cage ou de presser son visage contre les
barreaux. Parfois, quelqu'un approchait de la
fenêtre pour le voir et il lui claquait les
volets à la figure. Il lui
arrivait de commencer par dire quelque chose
à quelqu'un et, à la fin de la
conversation, d'affirmer le contraire. Un jour il
parlait de drogue à un dévot
occidental et il lui dit : "Tu aimes fumer du
charas [hashish]? C'est bien ; Shiva en
fume. Ça veut dire que tu aimes Shiva." Nous
étions tous ravis d'entendre une chose
pareille, mais il commença aussitôt
à renverser la vapeur : "Qu'est-ce qui vaut
mieux, fumer du charas ou absorber de la nourriture
?" Et environ cinq minutes plus tard il conclut par
ces mots : "Ne fume pas !" On l'avait
entendu dire : "Kainchi est un endroit très
calme et reposant. Quand on vient ici, on
goûte vraiment la paix. Shanti milta-hai
["On trouve la paix"]." Quelques semaines
plus tard, en entendant un camion passer sur la
route il s'écria : "Oh ! ce Kainchi, quel
bruit impossible d'avoir la paix ici,
ashanti [agité, bruyant]." Pour
qualifier le même endroit il était
passé de shanti [paisible] à
ashanti. Il
était parfois très difficile de
comprendre ce que Maharajji disait. Il lui arrivait
souvent de répéter le même mot
une demi-douzaine de fois. Un de ses jeux
préférés consistait à
répéter indéfiniment la
même pensée sous diverses formulations
pour vous la faire entrer dans le crâne. Par
exemple, si le problème avait trait au
mariage, il pouvait vous dire : "Dis-moi, tu as
bien épousé quelqu'un ? Non, je
confonds. Ah si, tu t'es marié ? Ah bon !"
Et, une fois parti, il n'arrêtait pas
un vrai piston. Il traitait les objets de la
même façon. Il prenait une chose, la
tournait à l'envers pour la remettre d'un
coup à l'endroit et ainsi de suite. Il
jouait autant avec les mots il
prononçait une phrase, la triturait dans
tous les sens et, pendant ce temps-là, votre
tête subissait le même sort. Un matin,
Maharajji salua ses dévots en se plaignant
d'un genou très douloureux. Certains le
prirent au sérieux et
suggérèrent divers traitements.
D'autres prirent cette affection à la
légère et lui conseillèrent de
se soigner lui-même étant donné
qu'il était la cause de ses souffrances.
Quoi qu'il en soit, huiles, onguents et compresses
furent appliqués sur la zone sensible, mais
en vain ! Maharajji fit savoir haut et clair que
rien de tout cela ne serait efficace et qu'il
fallait se procurer un certain médicament
qu'il avait vu un jour chez Dada. Il le
désigna sous le nom du "médicament du
moustachu" en se tortillant lui-même la
moustache pour bien faire comprendre de quoi il
voulait parler. Il affirma que c'était le
seul médicament qui serait efficace. Janaki et
Draupadi étaient assises devant Maharajji
qui se tourna vers la première : "Laquelle
je préfère de vous deux, toi ou
Draupadi ?" J'étais
souvent seul avec Maharajji dans sa chambre et je
voulais que tout le monde partage cette
expérience. Je lui disais donc : "Maharajji,
ça leur ferait énormément
plaisir d'entrer." Une fois,
à Allahabad, une famille sikh avait
décidé de préparer à
manger pour tout le satsang et de nous recevoir
l'après-midi. Comme je voulais rester
ensuite avec Maharajji, j'allai me cacher sur le
toit où personne ne montait jamais. On
rassembla l'ensemble des dévots pour la
sortie de groupe et, lorsqu'ils furent tous partis,
une grande crainte m'envahit : qu'allait faire
Maharajji quand il s'apercevrait que j'étais
toujours là ? Je posai la question à
Didi, l'épouse de Dada, qui me conseilla
d'en parler à son mari. accueil
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