Papaji
: Non, il est inutile de vous identifier
à quoi que ce soit. Il faut seulement vous
débarrasser de vos opinions. Aucun nom,
aucune forme ne sont réels, dès lors,
cessez de vous identifier à un nom, à
une forme. Vous n'avez besoin d'aucun effort pour
les rejeter, d'aucun mode de pensée ou
d'identification. Vous vous êtes
identifiée aux noms et aux formes, de
là votre sentiment de séparation
d'avec la nature fondamentale que vous êtes
toujours. Aussi, vous devez cesser l'identification
avec ce qui n'est pas vrai. Nul besoin de vous
identifier à l'océan ou à la
Source : vous êtes la Source. Lorsque votre
identification au non réel se sera
évanouie, vous serez telle que vous avez
été, telle que vous êtes et
telle que vous serez.
Catherine : Qu'est-ce que le mental ?
Papaji : N'y faites pas attention.
[Never mind : en anglais "mind" signifie
"mental" et "to mind", "faire attention"].
Montrez-moi ce mental que vous venez de nommer.
Personne n'a jamais vu ce qu'est le mental. Le
mental est la pensée existant en tant que
sujet et objets. La première onde est "je",
puis "je suis", puis "je suis ceci, je suis cela",
puis finalement "ceci m'appartient". C'est ici que
le mental commence. Maintenant, restez tranquille
et ne laissez aucun désir monter de la
Source. Pendant juste un instant, ne donnez
naissance à aucun désir. Vous vous
découvrirez sans mental, en un lieu
ineffable, dans un bonheur inouï. Et alors
vous verrez qui vous êtes
réellement.
Posez-vous la question "Qui suis-je ?", elle vous
ramènera chez vous. Tout d'abord rejetez
"qui", puis rejetez "suis", vous restez alors avec
"je". Quand ce "je"-pensée plonge dans sa
source, il cesse d'exister et découvre
l'être même. Là, vous pouvez
très bien vivre sans mental. Si vous le
faites, vous découvrirez qu'autre chose
prend en charge toutes vos activités. Cette
"autre chose" prendra soin de vous beaucoup mieux
que ne l'a jamais fait le mental.
Le comportement du monde nous montre aujourd'hui le
résultat de l'utilisation du mental. Je
crois que si vous restez tranquille et laissez le
pouvoir suprême prendre en main toutes les
activités, vous verrez comment vivre avec
tous les êtres. Celui qui se connaît
sait ce que c'est que d'être un animal, une
plante, un rocher tout ce qui existe. Si
vous manquez la réalisation de votre propre
Soi, vous n'avez rien connu.
Catherine : Les gens orientés
spirituellement sont en lutte avec ce qu'on appelle
l''ego'.
Papaji : Regardons où l'ego prend
naissance. Il doit naître de quelque part
pour devenir ce qu'il est. L'ego surgit, puis le
mental, puis les sens : la vue, l'odorat, le
goût, l'ouïe, le toucher. Le "je" doit
être là avant que l'ego ne surgisse.
Cette idée de "je" est la racine de l'ego,
du mental, de la manifestation, du bonheur et du
malheur du samsara. Retournez à ce
"je" et demandez-vous ce que c'est. Où
prend-il naissance ? Essayons.
Catherine : J'ai souvent fait cela,
mais...
Papaji : Il se peut que vous l'ayez fait,
mais à présent ne le faites pas.
Laissez-vous simplement tomber dedans. Ne faites
rien. Quand vous vous empêtrez dans le
processus de faire quelque chose vous devez y
revenir sans cesse. Ce sont l'ego, le mental, les
sens, qui font quelque chose. Ce dont je parle ne
nécessite aucunement de faire quoi que ce
soit, mais simplement de l'intelligence. Vous devez
seulement être vigilant, attentif,
sérieux, sans rien faire, sans penser, sans
effort, sans opinion, sans intention. Laissez tout
de côté, restez tranquille et attendez
le résultat.
Catherine : Ce résultat
s'opère ici-maintenant avec vous,
mais...
Papaji : Alors commencez ici-maintenant avec
ce qui s'opère. Avec ce qui s'opère,
vous avez au moins cassé ce processus de
l'ego, du mental, des sens, de la manifestation.
Vous pouvez faire marche arrière, sortir de
ce qui s'opère, mais faites-le comme un roi
se levant de son trône pour aller dans son
jardin. Il n'est pas jardinier, il est toujours
roi. Vous êtes ce qui s'opère
où que vous soyez.
Catherine : Le Bouddha a parlé
d'exercer cette présence. Il a
enseigné une pratique de méditation
pour permettre aux gens d'y goûter.
Papaji : Je n'ai pas constaté que ces
exercices aient donné des résultats,
mais on continue à les faire. Je ne vous
donne aucun exercice de pratique spirituelle, je ne
fais qu'enlever vos vieux fardeaux. N'attendez pas
que je vous donne quelque chose de neuf, cela
signifierait que la nature de ce que vous obtenez
n'est pas éternelle, et vous le perdriez. La
liberté ne peut être l'effet d'une
cause. Vous avez déjà tout. Vous
êtes un empereur. Jetez votre bol de
mendiant.
Il faut s'exercer lorsqu'on a une destination,
quelque chose à obtenir. Abandonnez ce
concept d'obtenir quelque chose à une date
ultérieure. Ce qui est éternel est
ici-maintenant. Même après trente
années de pratiques spirituelles, la
découverte de la liberté sera
toujours et seulement ici-maintenant. Pourquoi
attendre trente ans ?
Asseyez-vous simplement l'esprit calme, regardez
où vous vous trouvez actuellement et dans
quelle direction vous devez aller. Demandez-vous
pour quelle raison vous faites des pratiques
spirituelles. Vous ne pouvez accomplir de telles
pratiques sans qu'il y ait quelqu'un qui les
accomplisse et une intention de les faire. Quelle
est cette pensée par laquelle vous
accomplissez vos pratiques ? D'où tirez-vous
cette énergie pour mettre quoi que ce soit
en pratique ? Saisissez-vous ce que je dis ? Pour
aller quelque part, vous devez vous lever et
marcher, ce qui demande de l'énergie.
Qu'est-ce qui vous fait vous lever ?
Catherine : Un désir.
Papaji : Oui, mais où le désir
prend-il naissance ? Qui le fait surgir et
d'où vient-il ? Les gens accomplissent des
pratiques spirituelles en vue d'obtenir la
liberté. Je veux que vous voyiez,
ici-maintenant, avant de partir pour votre
destination, ce que vous voulez vraiment. Si c'est
la liberté, alors découvrez en
premier lieu ce qu'est l'asservissement. Où
sont les chaînes ? Quelles sont les entraves
? Asseyez-vous calmement, patiemment, et posez-vous
la question : "Comment suis-je lié ?"
Qu'est-ce qui vous lie, mis à part ces
notions, ces concepts, ces perceptions ? Oubliez
tout cela. Ne faites naître aucune notion,
aucune intention, aucune idée. Juste pendant
une seconde. Débarrassez-vous
instantanément de ces notions. Qui, alors,
cherche la liberté ? Il n'a pas encore
été question du chercheur
lui-même.
Catherine : Il existe un précepte qui
dit : "Ce que vous êtes en train de chercher
est ce qui cherche."
Papaji : Oui. Découvrez qui est le
chercheur. Découvrez "Qui suis-je ?". Vous
n'avez pas à vous déplacer car c'est
ici-maintenant. Cela a toujours été
ici-maintenant. Vous êtes déjà
ici et vous êtes déjà libre.
Vous pensez, vous avez une idée qu'il vous
faut chercher quelque chose, qu'il vous faut
méditer en vue d'obtenir quelque chose.
Cela, on vous l'a souvent dit. À
présent, restez calmement assise pendant
quelques instants et n'activez pas la moindre
pensée. Vous allez découvrir que ce
que vous cherchez par des méthodes
[sadhanas] est déjà ici.
C'est ce qui vous incitait à méditer.
Le désir de liberté naît de la
liberté même.
La plupart des méditations ne sont que le
mental travaillant sur lui-même. Votre
réalité se trouve là où
le mental ne peut s'introduire. La véritable
méditation est simplement la connaissance
que vous êtes déjà libre.
Catherine : Cependant les pensées
arrivent sans être invitées, comme des
importuns. Et il semble que par une pratique de
méditation les pensées aient tendance
à diminuer. Si vous restez
systématiquement tranquille, dans un endroit
paisible, les pensées se calment et
finissent même par disparaître
complètement.
Papaji : Cela signifie que vous êtes
en lutte avec les pensées. Elles s'absentent
tant que vous avez le pouvoir de les
contrôler, mais elles reviennent lorsque vous
ne les contrôlez plus. Ne vous
inquiétez pas des pensées,
laissez-les venir jouer avec vous comme les vagues
jouent avec l'océan. L'océan ne se
soucie pas des vagues lorsqu'elles troublent sa
tranquillité. Laissez les pensées
naître, mais ne leur accordez pas d'espace
pour se poser.
Catherine : On souligne combien il est
important de se débarrasser des
pensées, comme si un mental sans
pensée était synonyme
d'éveil.
Papaji : Non, non, non. Laissez les
pensées venir. Si vous les repoussez, elles
forceront votre porte. Enlevez la porte. Enlevez
même le mur. Qui peut alors entrer ? Les
concepts d'intérieur et d'extérieur
existent en raison du mur, lequel est l'idée
: "Je suis séparé de la conscience."
Laissez les pensées venir, elles sont
semblables à des vagues sur l'océan.
Il vaut mieux être en paix avec les
pensées, l'ego, le mental, les sens et la
manifestation. Ne luttons avec rien. Soyons un.
Alors vous voyez votre propre visage en tout. Vous
pouvez parler aux plantes. Vous pouvez parler aux
rochers et vous êtes la dureté du roc
lui-même. Vous êtes le gazouillis des
oiseaux. Vous devez voir : "Je suis le gazouillis
des oiseaux, je suis le scintillement des
étoiles."
Catherine : Mais un mental immobile,
silencieux, ne contribue-t-il pas mieux à
atteindre cette profondeur ?
Papaji : Il n'existe pas de profondeur.
C'est un vide immaculé. Pas
d'intérieur, pas d'extérieur, pas de
surface, pas de profondeur. Nulle part où
aller. Où que vous alliez, c'est
"ici". Regardez simplement partout et
indiquez-moi les limites de cet instant. Allez
aussi loin que vous le pouvez. Comment est-il
mesuré ? Quelle est sa longueur, sa largeur,
sa profondeur ? Cet instant n'a rien à voir
avec le temps ou la profondeur.
Catherine : Est-ce réellement si
simple ?
Papaji : Oui. Et cette connaissance vous
fera rire ! Les gens se retirent dans les grottes
des montagnes pendant trente ans uniquement pour
découvrir l'être. Etre est juste ici
et maintenant. Cela revient à chercher vos
lunettes alors que vous les avez sur le nez. Ce que
vous avez cherché est plus proche que votre
propre souffle. Vous êtes toujours dans la
Source. Quoi que vous fassiez, c'est toujours dans
la Source que vous le faites.
Catherine : Poonjaji, les religions
promettent toujours une vie après la mort.
Cette Source dont vous parlez est-elle une promesse
d'être éternel ?
Papaji : Je ne crois pas en ces promesses
concernant ce qui se passe après la mort. Ce
vécu dont je parle est ici-maintenant. Cela
ne vaut pas la peine d'essayer d'obtenir ce qui
n'est pas ici-maintenant. Pour profiter de cet
ici-maintenant vous devez vous débarrasser
de l'idée que vous n'êtes pas
ici-maintenant.
La vérité doit être simple. Les
complications naissent du mensonge. Avec le 'deux'
viennent la peur et le faux.
Catherine : Pourquoi Ramana Maharshi,
Nisargadatta Maharaj et même le Bouddha
parlaient-ils de cette vie comme d'un rêve
?
Papaji : Parce qu'elle n'est pas permanente.
Rien n'a été permanent. Ils ne font
donc pas de différence entre cet état
de veille et l'état de rêve. Les
montagnes, les rivières et les arbres que
vous voyez en rêve paraissent réels.
Ce n'est qu'à votre réveil que vous
dites : "J'ai rêvé" et c'est parce que
ces choses sont alors vues comme transitoires que
vous nommez cela un rêve. Par comparaison,
l'état dans lequel vous vous êtes
réveillé vous paraît maintenant
réel, permanent et continu. Ainsi, lorsque
vous vous éveillerez dans la conscience, ce
soi-disant état de veille vous
apparaîtra également comme un
rêve.
Catherine : Quelle est la fonction du Guru
?
Papaji : Le mot "Guru" signifie "celui qui
enlève l'ignorance, qui dissipe
l'obscurité", l'obscurité de "je suis
le corps", "je suis le mental", "je suis les sens"
et "je suis les objets et la manifestation". Celui
qui a par lui-même connu la
Vérité et qui est capable de
communiquer cette connaissance, d'en transmettre le
vécu, est nommé "Guru".
Catherine : Beaucoup de gens pensent
à vous comme étant leur Guru.
Papaji : Alors c'est qu'ils parlent du
corps. Le Guru ne voit que le Soi. Vous êtes
réellement mon propre Soi. Je suis
réellement votre propre Soi. Cette relation
n'en est pas une : Quelle différence
existe-t-il entre votre Soi et mon Soi ? Je parle
à ce Soi que vous êtes en
vérité. Je parle à mon
Soi.
D'autres peuvent prêcher pour une secte, vous
donner un dogme, mais un Guru vous fait part de ce
qu'il vit, et ce qu'il vit est la conscience
intemporelle, rien d'autre. Le Guru ne vous donne
pas d'enseignement, pas de méthode, rien qui
soit destructible, impermanent. Celui qui donne
cela n'est pas un Guru. Vous ne devez suivre
personne. Vous êtes un lion, et où
qu'un lion aille, il trace sa propre piste.
Catherine : Il y a beaucoup
d'étudiants d'Osho Rajneesh ici à
Lucknow, auprès de vous, et il en vient de
nouveaux tous les jours. Ainsi que vous le savez
probablement, ce fut un instructeur très
controversé, de réputation douteuse.
Qu'est-ce qui vous différencie d'Osho ?
Papaji : Je ne me complais pas dans les
différences. C'est le Divin qui joue. Quoi
qu'il fasse, c'est cette Source suprême qui
en donne l'ordre. Ils sont tous mon propre Soi,
avec des rôles différents à
jouer. C'est magnifiquement joué.
Catherine : Vous dites que c'est le Divin
qui joue avec lui-même, mais qu'en est-il de
la souffrance sur cette planète ? Prenons
par exemple une destruction écologique
créant un enfer pour les hommes et les
autres créatures non conscientes de ce
rêve, comme cela peut être facilement
observé ici, en Inde. Nous faisons un
désert de cette planète et sommes en
train d'empoisonner les sols, les eaux et l'air.
Les affamés seront de plus en plus nombreux
et vivront dans des conditions qui vont se
dégrader davantage. Les tensions
internationales s'aggraveront, etc. Les gens qui
montrent un intérêt fondamental pour
les questions spirituelles sont parfois à
notre époque accusés
d'égoïsme. Que pensez-vous de la notion
de service pour le monde et comment la passion pour
ce service peut-elle prendre naissance si cette
manifestation est vue comme un rêve ?
Papaji : La connaissance de l'état
Suprême, notre propre Soi, fait naître
en nous la compassion. Nous sommes automatiquement
obligés. Ce n'est pas un service. Un service
s'applique à quelqu'un d'autre. Quand la
compassion commande, personne ne rend service
à personne. Lorsque vous avez faim, vous
mangez. Vous n'êtes pas au service de votre
estomac et vos mains ne sont pas des servantes
lorsqu'elles portent la nourriture à la
bouche. Nous devrions vivre ainsi dans le monde. Le
service est la responsabilité du Soi.
Autrement, qui rend service ? Une action qui
provient de l'ego est porteuse d'hypocrisie, de
jalousie, de crises. La compassion naît quand
le sujet agissant est absent. Lorsqu'un être
est réalisé, toutes ses actions sont
belles.
Catherine : Quels sont les principaux
obstacles à l'obtention de la liberté
?
Papaji : Le principal obstacle est le manque
de désir total, absolu de liberté.
Cela vient de ce que le lien avec le monde n'a pas
été complètement coupé.
Il nous arrive de rêver que nous nous
marions, puis que nous avons des enfants que bien
entendu nous aimons. À notre réveil,
nous constatons comment nous nous détachons
instantanément de notre mariage
rêvé, de notre épouse
rêvée, de nos enfants
rêvés. De même, lorsque nous
nous éveillons du rêve de notre vie et
que le lien se termine, c'est la liberté.
Viveka [la discrimination] c'est discerner
le Réel du non réel.
Catherine : Ne pensez-vous pas qu'il y ait
un danger pour les gens de voir cette manifestation
seulement comme un rêve ? S'ils prennent
cette attitude, ils risquent de ne plus se sentir
responsables de leurs actions.
Papaji : Ce serait une compréhension
erronée. En 1947, au moment de la partition
de l'Inde, ma maison était dans une
région destinée à être
rattachée au Pakistan. À cette
époque, je me trouvais à
Tiruvannamalai auprès de Ramana Maharshi. Il
me dit : "Il va y avoir de gros problèmes
dans la zone d'où vous venez. Pourquoi ne
partez-vous pas prendre soin de votre famille ?" Je
répondis : "Depuis que je vous ai
rencontré je n'ai plus de famille.
C'était un rêve et ce rêve ne
m'intéresse plus." Il me dit : "Si vous
savez que c'est un rêve, quelle
différence cela fait-il de rester dans ce
rêve et de faire votre devoir ?" Je lui dis
alors : "Je ne veux pas vous quitter." Il
répondit : "Je suis avec vous où que
vous soyez." À cet instant, j'ai saisi ce
qu'il me disait et c'est encore vrai
actuellement.
À présent, si vous avez
discerné le Réel du non réel,
ne doutez plus. Bien que le doute ne soit qu'un
concept, qu'un fantôme, c'est un mur
placé entre vous et la liberté.
Plongez dans l'Éternité. C'est cela
le nectar. Les gens ont peur de goûter au
nectar. Que faire ?
Catherine : Certains instructeurs valorisent
le fait de consumer les désirs en les
accomplissant jusqu'à
l'écurement afin de ne plus s'attacher
aux objets. Vous dites que nous devrions
plutôt voir que cette réalité
n'est qu'un rêve et alors elle ne nous
intéressera plus.
Papaji : Oui, certains instructeurs
préconisent de satisfaire les désirs.
Je ne pense pas que pour éteindre un feu il
faille l'arroser d'essence. Ce ne ferait que
l'attiser. Ce n'est pas en accomplissant ses
désirs qu'on y mettra fin. La meilleure
façon est de connaître ce qui est
Réel. Une fois que vous connaîtrez ce
qui est Réel et ce qui ne l'est pas, vous ne
désirerez plus le non réel. Vous
serez alors debout avec une seule arme à la
main, à savoir la discrimination entre le
Réel et le non réel, et le
désir d'être libre, lequel, lorsqu'il
vous habite, se fond dans la liberté
même.
Catherine : Il semble que le doute et
l'impuissance à discerner le Réel du
non réel soient souvent entretenus par des
habitudes psychologiques et une vie entière
de conditionnement, menant fréquemment
à diverses formes de souffrances mentales.
Que suggérez-vous dans pareil cas ?
Papaji : Cette souffrance indique que vous
êtes en train de creuser les
cimetières du passé. Si vous ne
touchez pas au passé vous ne pouvez
être malheureux. Vivez le présent et
vous êtes heureux. Entre passé et
futur, qui êtes-vous ? Vous êtes la
félicité.
Catherine : Est-ce l'amour qui alimente le
cosmos une gigantesque pulsation voulant
s'unir à elle-même ?
Papaji : Je ne nommerai même pas cela
amour. Si vous êtes très attentif,
vous verrez que prononcer le mot "amour" vous
conduit à une expérience du
passé. Aussi loin que je l'ai vécu,
ce n'est même pas l'amour, même pas
l'amour. C'est quelque chose d'autre une
plénitude comme au milieu d'un océan
sans vague.
Le mot "amour" est employé improprement.
L'amour est présent s'il n'y a ni amant ni
aimé. Pas de sujet et pas d'objet.
Voilà l'amour véritable.
Catherine : À quoi se rapporte le
concept de dévotion ?
Papaji : Il n'est pas issu d'une
individualité en direction de quelque chose
d'autre. Le silence s'abandonne lui-même
à sa Source.
Catherine : Poonjaji, continuez-vous
à aller au delà encore et encore dans
votre vie ?
Papaji : Même en ce moment. À
chaque instant. À chaque instant.
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