Le
véritable bonheur est en vous, et non pas
à l'extérieur. Dans le sommeil
profond, vous êtes heureux, vous êtes
dans l'ignorance du monde. Ainsi le bonheur est
dans l'oubli du monde. Laissez le monde tel qu'il
est, ne le détruisez pas, mais sachez qu'il
n'est pas. Faites toutes les choses que vous avez
à faire, mais soyez toujours en retrait,
détaché par la compréhension,
car tout ce que vous ressentez, percevez et
accomplissez est illusion, n'existe pas. Votre
mental doit accepter cela. Les sages disent :
"Puisque cela n'est rien, comment ce rien peut-il
vous affecter ?" Mais ce que dit votre mental vous
affecte, vous touche, alors que faire ? Le mental
n'est rien d'autre que la connaissance. Les gens
différencient le mental de la connaissance,
mais cela n'est pas juste.
Il n'y a rien dans ce monde, il est l'illusion.
Seule la Réalité est, et lorsque vous
comprenez que l'illusion est vraiment illusion,
comment peut-elle vous affecter ? Comment
pouvez-vous ressentir qu'elle vous affecte ? La
fleur de lotus est produire par l'eau, elle est
eau, mais n'est pas touchée par l'eau. Si
vous versez de l'eau sur ses feuilles, elle
dérive plus loin, elle n'est pas
touchée.
Lorsque vous comprenez cela, rien ne persiste, rien
ne reste. In n'est plus alors question d'amour. La
félicité de l'être que vous
ressentez est toujours le plaisir de la
connaissance. Vous devez être attentif au
début, puis vous devenez la
Réalité elle-même, car vous
êtes elle. Ainsi, il n'y a pas de mal
à vivre dans l'illusion, dans le monde, mais
puisqu'elle n'este pas, vous n'êtes pas
touché. Le lotus vit dans l'eau mais ne s'en
soucie pas.
C'est de cette manière que vous devez
expérimenter votre véritable nature.
Je dis expérimenter, mais là, les
mots n'existent pas parce que Cela est
au-delà du néant, du point
zéro, et les mots ne peuvent pas y
pénétrer, ils s'arrêtent
là. Dans la Bhagavad Gita, le
seigneur Krishna a dit : "Là où les
mots ne peuvent aller, est mon état."
Malgré tout, il était roi et
gouvernait, mais il savait que rien n'est. Vous ne
comprenez pas que le rien ne peut pas vous toucher.
Lorsque vous ressentez que ce rien vous touche,
vous êtes dans l'illusion. C'est le plus haut
point de la philosophie, et vous pouvez
l'atteindre. Là où il n'y a plus ni
maître ni disciple car tous deux ne sont
qu'un. La dualité n'existe pas, seule
l'unité est, et rien n'est en dehors d'elle.
Ainsi, restez dans l'illusion, mais par la
compréhension.
Deux hommes voulaient jouer un tour à l'un
de leurs amis. L'un d'eux commença à
insulter l'autre, qui se mit alors à rire.
Le troisième, outré, lui dit :
"Comment peux-tu rire alors qu'il t'insulte ?" Il
riait parce qu'il savait que ce n'était
qu'un jeu, il avait la clef du jeu, mais l'autre ne
comprenait pas. De la même façon, les
êtes réalisés vivant dans ce
monde comprennent que tout ceci n'est rien, et que
quoi qu'il arrive, rien ne se passe. Ainsi, ils ne
sont pas touchés. Les gens sont toujours
dans la crainte de ce qui arrive ou va arriver, de
ce que les autres vont dire. "Que vais-je faire ?",
pensent-ils, "Que va-t-il arriver ?" Ils se
disputent ou se réjouissent. Toutes ces
aliénations et ces blocages viennent du
mental, mais celui qui est en dehors du cercle
comprend que tout cela n'est rien, n'existe pas,
que ce n'est qu'ignorance.
Il est dit que celui qui plonge dans les
profondeurs de l'océan trouve la perle.
Celui qui reste à la surface est
entraîné dans le tourbillon du plaisir
et de la souffrance. Vous devez plonger
profondément dans l'illimité car
c'est là que vous êtes. Ne vous
arrêtez jamais au fini, au limité.
L'or ne se soucie pas des formes qu'il peut prendre
dans les bijoux, cela peut être la figurine
d'un chien ou d'une divinité, il est
indifférent aux formes. De la même
manière, soyez indifférent aux choses
parce qu'elles n'existent pas, rien ne peut vous
toucher, vous êtes non-attaché. Le
mental doit arriver au point de la pleine
compréhension de ce qu'est l'illusion. C'est
alors votre état.
Rien ne reste pour celui qui a compris, il n'y a
plus ni gain ni perte. Ne demandez pas si vous
pouvez atteindre la Réalité car vous
êtes la Réalité, alors pourquoi
dire "Puis-je ?". Tout d'abord sortez du cercle,
quittez toutes choses l'une après l'autre,
et abîmez-vous en vous-même. Revenez
ensuite et soyez en tout.
Ce que vous avez décrit est un bon
état, cela ne fait aucun doute, mais allez
un peu plus loin. Lorsque le mental accepte que
tout est illusion, rien que l'illusion, alors vous
êtes en vous-même. Le corps et le
mental sont illusions, vous devriez être
heureux de savoir cela. Débarrassez-vous de
cette identification. La seule chose que fait le
maître c'est de donner sa réelle
valeur au pouvoir qui est en vous, auquel vous ne
donnez aucune importance. Il ne fait rien de plus.
C'était une pierre, et le maître
révèle sa véritable nature qui
est diamant. Il fait de vous-même la pierre
la plus précieuse. Je suis omnipotent,
omniprésent, je suis le créateur de
tout ce qui est. Quand vous êtes à la
base de tout, vous êtes en tout, alors
même un assassin ne peut être
considéré comme mauvais. Tout ce qui
se passe est "Mon ordre". Soyez le maître,
pas l'esclave. Vous êtes le maître.
Question : Je voudrais savoir pourquoi
certains êtres réalisés se
réincarnent pour aider les autres à
se réaliser.
Ranjit : Personne ne va, personne ne vient.
Qui vous a dit ça ? Vous avez lu des livres
et vous le répétez. Il est dit que le
plus grand homme est celui qui meurt inconnu. Rama
et Krishna étaient des "héros"
secondaires. L'homme accompli vit dans le silence
et meurt dans le silence. Ensuite leur
pensée travaille en quelqu'un d'autre, mais
qu'ils reviennent est insensé. Personne ne
va, personne ne vient. Tout n'est qu'un rêve.
Dans le rêve, vous devenez un grand
maître, mais au réveil vous revenez
à l'état ordinaire. Qui est
allé là, et qui en est revenu ? Rien
ne s'est passé, le concept d'un grand
maître vous a effleuré, et vous
êtes devenu ce "grand maître". Au
réveil, vous ressentez : "Oh ! Tout cela est
insensé, comment puis-je être un grand
maître, je ne sais rien ?" Et pourtant, dans
le rêve, vous donniez des conférences
et parliez de toutes ces choses avec aisance, mais
au réveil ces connaissances
s'évanouissent. Ce n'était qu'un
rêve.
D'où cela est-il apparu, et où cela
a-t-il disparue ? Quand rien n'est, tout n'est que
croyances et concepts du mental. Le soi-disant sage
qui dit : "Je suis la réincarnation de
Dieu", ne le connaît pas et ne connaît
pas la Réalité. Au contraire, il est
l'esclave de son ego, de l'illusion. Quand la
connaissance elle-même n'a pas
d'entité, il n'est plus question de toutes
ces choses.
Celui qui comprend se débarrasse de tout.
Cet homme ressemble à un homme ordinaire mas
son cur est bien différent. Si vous
restez à l'extérieur, comment
pouvez-vous comprendre ? Pour devenir la
propriétaire de cette maison, vous devez y
pénétrer. De la même
façon, vous devez pénétrer
votre propre être pour en devenir
propriétaire, mais là, le "je" ne se
maintient plus en tant que "je", il n'est plus
question ni de maître ni de disciple. La
pensée du maître peut inspirer
quiconque prend un corps, parce que lui et celui
qui est parti en silence sont "Un".
Pénétrez le cur de l'être
réalisé, et vous ne vous maintenez
plus en tant que "vous", car lui seul est. Ainsi
dit-on de ceux qui enseignent qu'ils sont des
incarnations de Dieu. Le maître donne la
connaissance à tous, mais ne lui accorde pas
de valeur, car il sait que la connaissance est la
plus grande des ignorances. Ne soyez touché
par rien.
Question : Si tout est illusion,
êtes-vous, vous-même, une illusion
?
Ranjit : Oh oui ! Je suis la plus grande
illusion ! Tout ce que je dis avec tant de
cur et si franchement est faux ! Mais le faux
que je vous dis peut vous faire atteindre ce point.
L'adresse de la personne n'est pas réelle,
seule la personne est réelle. Lorsque vous
arrivez à cette maison grâce à
l'adresse qu'on vous a donnée, celle-ci
n'est vraie que jusqu'au moment où vous
entrez dans la maison. Dès que vous y
pénétrez, l'adresse disparaît.
Les mots ne sont rien d'autre que des indications,
ils n'ont pas de réalité en
eux-mêmes. Si "je" reste, je suis aussi
illusion. Ne vous maintenez pas en tant que "je",
c'est cela la grande compréhension de la
philosophie. Saint Tukaram à dit : "J'ai vu
ma propre mort, et ce que j'ai vu là, le
bonheur qui s'est révélé, cela
je le sais." Vous devez mourir tout d'abord, "vous"
veut dire l'illusion.
Ainsi ce que je dis est faux, mais vrai quand
même puisque je parle de Cela. L'adresse est
fausse, mais lorsque vous trouvez la personne,
c'est la Réalité. De la même
façon, toutes les Écritures
sacrées et tous les livres philosophiques ne
sont là que pour vous indiquer ce point et
lorsque vous l'atteignez, ils deviennent
non-existants, vides. Les mots sont faux, seul ce
qu'ils véhiculent est vrai. Ils sont tous
illusion, mais pour comprendre l'illusion,
l'illusion est nécessaire. Par exemple, vous
ôtez une épine enfoncée dans
votre doigt avec une autre épine, ensuite
vous jetez les deux épines. Mais si vous
conservez l'épine qui vous a servi à
enlever la première, vous serez
inévitablement piqué à
nouveau. Pour enlever l'ignorance, la connaissance
est nécessaire, mais finalement toutes deux
doivent se dissoudre dans la Réalité.
Vous-même êtes sans ignorance, sans
connaissance.
Ainsi, le maître et le chercheur sont
illusion car ils ne sont qu'"Un". Le faux ne peut
être supprimé que par le faux. Si vous
conservez la deuxième épine [la
connaissance], même si elle est on or,
elle vous piquera. L'ego est la seule illusion, et
l'ego est la connaissance. On dit que pour attraper
un voleur, il faut se faire voleur. Vous pourrez
alors lui dire : "Je sais que tu es un voleur,
alors attention je suis là, tu ne pourras
pas me voler." Vous ne pouvez pas attraper le
voleur, car il a quatre yeux et vous n'en avez que
deux. D'un seul coup d'il, le voleur
repère les objets de valeur, et à la
moindre faute d'inattention de votre part, il vous
vole ! L'illusion est semblable au voleur, vous
devez donc être plus fort que le voleur !
Votre mental doit accepter que tout est illusion,
rien qu'illusion, vous serez alors plus "grand des
grands".
La connaissance est la plus grande chose, mais elle
ne doit être qu'un remède. Lorsque la
fièvre disparaît grâce au
médicament que vous prenez, vous devez
cesser de le prendre. Ne continuez pas le
traitement ou vous causerez plus de
problèmes. La connaissance n'est
nécessaire que pour supprimer la maladie de
l'ignorance. Le docteur vous conseillera toujours
un dosage limité !
Tout d'abord, comprenez que le "je" est illusion,
ce que "je" dis est illusion. Le maître et ce
qu'il dit sont aussi illusion, car en
réalité, "je" et "lui" n'existent
plus. Abîmez-vous en vous-même, si
profondément que vous disparaissez. Sinon
voici ce qui se passera : une chèvre est
entrée dans votre maison, et pour la faire
sortir vous ouvrez la porte. La chèvre sort
mais un chameau entre. Le chameau est juste comme
l'illusion.
Ainsi, soyez en dehors de l'illusion. Quoiqu'il
arrive dans l'illusion, ce n'est qu'illusion, rien
ne se passe en réalité. Tellement de
choses se produisent dans ce monde, naissances et
morts, ce n'est qu'un rêve. Acceptez cela.
Votre mental ne devrait pas être
"touché".
Lorsque quelqu'un meurt, les gens pleurent.
L'être réalisé ne rira pas. Il
gardera le silence, mais il sait que rien ne s'est
passé. Rien n'est perdu, même la
matière n'est pas perdue, les cinq
éléments qui composent le corps
retournent aux cinq éléments, et
l'esprit retourne à l'esprit. Seuls le nom
et la forme, qui sont illusion, disparaissent.
Soyez sans forme, soyez sans nom. Si on vous
demande quel est votre nom, répondez, mais
soyez conscient que "je ne suis pas cela".
Transcendez l'illusion, et parce qu'elle n'existe
pas, elle ne se maintiendra pas. Comprenez que
c'est du feu, mais ne le touchez pas, n'essayez pas
non plus de l'éteindre ou vous serez
brûlé, comprenez simplement.
Rien ne peut me "toucher", rien ne peut me limiter,
me mesurer, m'évaluer, car tout est
illusion. C'est à cause du "je" que vous
ressentez l'importance. Il faut qu'il y ait un
maître dans la maison pour dire : "C'est ma
chaise, mes affaires..." Les choses, elles ne
disent jamais qu'elles vous appartiennent. Elles
sont muettes, inanimées. Soyez muet, restez
en vous-même, ne parlez pas.
J'enseigne, mais je n'ai jamais le sentiment que
celui-ci ou celui-là doit comprendre, car
c'est seulement par chance que l'un ou l'autre
s'élève. Par sa propre chance, il
trouve la clef et devient ainsi le plus heureux des
êtres. Tout dépend de sa
capacité à accepter. Vous devez
toujours aller vers l'essence des choses, l'essence
de ce qui est dit, le véritable sens. Prenez
l'essence de la fleur et soyez heureux, mais sachez
que l'essence elle-même est aussi
illusion.
Question : Si un mendiant demande de
l'argent à un être
réalisé, que fera-t-il ?
Ranjit : C'est son choix, il donne ou ne
donne pas parce qu'après tout, c'est encore
l'illusion. Il peut paraître sans merci au
point de ne pas donner de l'eau à un malade
qui gémit : "De l'eau, de l'eau !". Il ne
donnera pas, car cet homme va mourir de toute
façon. En lui donnant de l'eau, il respirera
un peu plus longtemps et souffrira davantage. Vous
pensez être bon en lui donnant de l'eau mais
vous ne faites qu'accroître sa souffrance.
Parce qu'il est dans l'ignorance, il veut vivre
plus et plus, mais que va-t-il obtenir en respirant
un peu plus ? Il aura plus de souffrance. Ainsi, je
ne vous conseille pas d'être sans merci mais
gardez cela au fond de votre cur. Donnez-lui
de l'eau si vous voulez mais sachez que vous lui
donner plus de souffrance. Celui qui croit avoir
fait une bonne action se trompe.
Si vous donnez cent francs à un mendiant, il
ne sera pas plus riche le lendemain, il continuera
à mendier car cette habitude est si
ancrée en lui que c'est devenu une seconde
nature. Tous les hommes mendient pour obtenir le
bonheur depuis leur naissance, et finalement ils
meurent sans jamais l'atteindre. Même lorsque
vous allez prier à l'église ou au
temple, vous vous faites mendiant devant Dieu,
d'abord vous mendiez pour vous, puis pour votre
femme et vos enfants. Ainsi vous quémandez
d'abord pour vous, et ensuite pour les autres. Tout
le monde recherche le bonheur, mais vous ne
l'obtenez pas, car votre méthode pour
l'atteindre est fausse. Soyez toujours sur le
chemin que le maître vous indique et vous
serez un avec Lui.
L'habitude n'est rien d'autre que le
résultat d'un mental étriqué.
Le mental est la connaissance, et lorsque celle-ci
pénètre le corps physique, elle prend
la forme de passions et d'habitudes. Ces habitudes
et passions vous rendent malheureux. Aussi, soyez
attentifs, entrez dans la prison, mais sachez que
vous n'êtes pas la coupable. Restez dans le
monde en sachent que rien n'est vrai. Ne
créez pas les passions, comprenez ce
qu'elles sont, et vous serez libre dans la vie,
tant que le corps sa maintiendra. Un jour, il se
désintégrera, mais personne ne
naît, personne ne meurt.
Béni soit celui qui s'accomplit.
Accomplissement veut dire compréhension, et
si vous comprenez l'illusion, vous serez toujours
heureux
Question : Comment se conduire avec les
autres ? Si je suis vraiment moi-même, cela
signifie que je suis en dehors du monde, que je ne
suis pas "dans" le monde et tout ce que je pourrai
dire ne sera pas compris des autres. Je serai donc
coupé de toutes relations. Quelle attitude
adopter alors face aux autres ?
Ranjit : L'aspirant doit se conduire selon
la compréhension que le maître lui a
donnée, et cette compréhension est
que je suis en tout et partout, alors il n'y a pas
d'attitude à adopter ou à ne pas
adopter. Vous n'êtes pas en dehors du ciel.
Un oiseau peut-il dire : "Je veux être en
dehors du ciel ?" Non. Cela est impossible. De
même, après la compréhension,
vous devez rester et vivre avec les autres. Rester
avec eux signifie comprendre et vivre selon cette
compréhension. Les autres ne comprennent pas
parce qu'ils sont dans l'ignorance et agissent en
fonction de cette ignorance, mais si vous comprenez
vraiment, vous savez comment vous conduire avec
eux. La question ne se pose pas. Comprenez qu'ils
sont dans l'ignorance et que vous, si vous avez
compris quelque chose, c'est par la grâce du
maître. Malgré tout, il n'y a pas de
différence entre les êtres car tout le
monde est Lui. C'est l'enseignement que le
maître vous donne : tout le monde est Lui.
Alors, comment se conduire? Comportez-vous avec les
autres comme vous le feriez avec les membres de
votre famille. Le seigneur Krishna a dit "Le monde
entier est ma famille", ignorants ou pas. Si votre
frère n'est pas aussi instruit que vous,
cela ne vous empêche pas d'avoir de bonnes
relations avec lui. Vous lui parlez, n'est-ce pas?
De la même manière, vous avez des
relations avec le monde et les hommes qui s'y
trouvent, qu'ils soient ignorants ou pas. La
connaissance vous a été donnée
par le maître et vous avez compris quelque
chose. Quand le professeur enseigne aux enfants que
1+2 = 3, ils finissent par le comprendre.
Si vous êtes à côté d'un
homme sans instruction et que vous commencez
à lui faire de grands discours sur
l'éducation et tout ce non-sens, il ne
comprendra sûrement pas. Ainsi, essayez de
comprendre les autres. Tous sont moi-même et
si vous comprenez cela, la question de savoir
comment se conduire avec eux ne se pose plus.
Si vous êtes vivez dans l'océan et que
vous vous faites l'ennemi des poissons, vous ne
pourrez pas y vivre. Si vous voulez rester dans
l'eau, vous devez être leur ami. Sinon, ils
finiront par vous dévorer. Ne leur dites pas
d'emblée que vous êtes Lui, mais
commencez par leur demander leurs noms. Ils seront
heureux de vous répondre : "Mon nom est ceci
ou cela, je vis ici, je fais ceci, etc..." Ils vous
raconteront même toute leur vie! Vous devez
comprendre comment agir avec les autres car ils
sont dans l'ignorance, dans un rêve. L'homme
ne se connaît pas lui-même. Sait-il ce
qu'il fait ? Non, il fait ce que les autres font.
Ne réagissez pas ainsi, et comprenez que
tout le monde est moi-même. Si vous pratiquez
de cette manière, les autres aussi seront
satisfaits ! Si vous avez un ami alcoolique, vous
devez aller au bar avec lui, mais vous pouvez boire
du coca ou n'importe quoi d'autre pourvu que la
couleur soit celle du vin ! Le coca indien a
justement la couleur du cognac indien. C'est ainsi
que vous pouvez être avec les autres. Nul
besoin de couper toutes relations avec eux, de
sortir du monde. Comment un oiseau pourrait-il
quitter le ciel ? C'est impossible. Il ne peut pas
voler s'il n'a pas d'espace.
La philosophie est très simple. Si vous
comprenez bien sûr, c'est très simple.
Autrement, tout est difficile. Si cette
compréhension éclaire votre esprit,
vous êtes capable d'agir avec les autres en
fonction du point où ils se trouvent. Vous
comprenez ce que l'autre a à l'esprit et
vous vous adaptez. Il ne s'agit pas de lire ses
pensées, tout ça c'est du non-sens,
mais de comprendre. Si vous leur dites quelque
chose qui ne les intéresse pas, ils
s'endormiront automatiquement. Ainsi, vous devez
les comprendre et leur parler de ce qu'ils peuvent
comprendre. La compréhension
génère la compréhension. Elle
grandit. Si vous êtes instruit et que votre
frère ne l'est pas, il n'en reste pas moins
votre frère. Vous devez agir avec lui comme
avec un frère et si jamais il cherche
à comprendre, vous pouvez l'aider. Mais s'il
n'a aucune inclination, inutile de lui dire quoi
que ce soit. Vos actes et votre manière
d'être parlent pour vous. Il comprendra
automatiquement un jour.
Ne soyez pas méprisant avec qui que ce soit.
Comprenez simplement que le mental de cette
personne ne peut pas aller plus loin. C'est ainsi,
on n'y peut rien.
Si vous faites un grand discours sur la
géométrie à un
illettré, son mental ne peut pas comprendre,
et quand le mental ne comprend pas, il s'endort !
Pourquoi dormez-vous toutes les nuits ? vous
êtes submergé par toutes les choses
que vous avez faites dans la journée. Vous
voulez toujours quelque chose, vous pensez retirer
un plaisir quelconque des choses et quand vous
êtes fatigué, vous dites : "Je veux
dormir et rien d'autre !" parce que votre mental
n'en veut plus.
C'est facile de comprendre comment agir avec un
ignorant dont le mental est limité. Soyez
simple avec lui, n'étalez pas votre
supériorité, ne montrez pas votre
"importance". "Je ne suis qu'un homme simple comme
vous", c'est seulement ainsi qu'une amitié
peut naître, et un jour, il pourra
comprendre, pourquoi pas ? Même s'il se
montre arrogant envers vous, s'il va à
l'encontre de votre désir, dites-lui : "Pas
de problème, ne t'inquiète pas, un
jour, tu me comprendras".
Pour l'être réalisé, tout le
monde est Lui. Pourquoi refuser certains ? Au
contraire, accueillez tout le monde, dites-leur :
Entrez, entrez ! Il n'y a pas de problèmes.
Pourquoi s'inquiéter de quoi que ce soit
quand tout est zéro, le monde entier est un
grand zéro ! Il n'existe pas, je vous
l'assure ! Il n'est qu'un rêve, et tous sont
à l'intérieur du rêve, tous
sont dans l'ignorance la plus complète et si
vous montrez votre connaissance dans ce monde
d'ignorance, que va-t-il se passer ? Si vous allez
à l'asile, vous devez agir comme les fous et
faire des grimaces avec eux pour qu'ils vous
acceptent. La différence, c'est que vous le
faites en pleine conscience, et eux le font dans
l'ignorance. L'être réalisé dit
que sa femme est sa femme, et sa mère sa
mère, il ne dit pas que sa femme est sa
mère et vice-versa, même s'il sait que
tout est Un et qu'il n'y a rien.
On dit que les dieux existent, mais ils n'existent
que dans la connaissance. Ils viennent de la
connaissance, ils sont connaissance. Quand elle
disparaît, ils disparaissent aussi. Où
sont-ils ? Ils n'existent pas, ils n'existent que
dans le vent. Dieux et éléments
viennent et demeurent dans le vent qui signifie
aussi "pouvoir". Tout le monde demeure dans cette
connaissance et si vous vous connaissez
vous-même, vous devenez Dieu. Mais le
maître vous guide au-delà. Ne soyez
pas un dieu, sinon, un jour ou l'autre vous
deviendrez un chien ! Si vous lisez le mot "god"
à l'envers, le mot devient "dog", n'est-ce
pas ? Tous les êtres sont devenus des chiens
car ils veulent toujours quelque chose, comme les
chiens ! Le chien a toujours la langue pendante car
il veut toujours quelque chose. De même, tous
les jours, vous êtes dans l'attente de
quelque chose, vous êtes toujours dans le
désir. Que faites-vous toute votre vie ?
Vous allez au bureau pourquoi ? Parce que votre
patron vous paie à la fin du mois. Vous
n'avez pas la langue pendante comme le chien, mais
finalement vous êtes comme lui.
Ainsi, la première chose à faire est
de comprendre "Qui suis-je ?". C'est cela la
réalisation de Soi, se connaître
soi-même, rien d'autre. N'essayez pas de
trouver Dieu à l'extérieur, comment
pourrez-vous l'atteindre puisqu'il réside
dans le vent. Mais vous, vous êtes là,
en ce moment même et dans ce corps et c'est
ici que vous pouvez comprendre. Qui fait
fonctionner ce corps ? Qui parle ? Qui dort. Qui
prend plaisir ? Qui goûte, entend etc... ?
Tout passe par les cinq sens de la connaissance.
Mais qui fait cela ? Lui, et il est en vous, sous
la forme de la connaissance. Tout le monde a la
connaissance. Même une fourmi ! Elle est
consciente, elle a même un mental et tout le
reste ! Elle a peur, mais vous aussi vous avez
peur. Pourquoi êtes-vous plus important
qu'elle? Votre corps est plus grand, c'est tout !
Mais vous avez quand même peur de tout le
monde, n'est-ce pas ? Vous craignez même un
petit microbe produit par la sueur de votre propre
corps. Vous savez pourtant que vous pouvez
l'écraser entre vos doigts ! Certains
Indiens s'offusquent et disent : "Non, il ne faut
pas le tuer !" Ce sont des croyances bien
enracinées dans leur mental.
Écrasez-le sans hésitation ! Gardez
bien à l'esprit qu'il est le produit de
votre corps, et qu'il n'est pas vrai.
Tout est moi-même et tous sont
moi-même, les ignorants inclus. S'ils vous
disent " je ne crois pas en Dieu", répondez
: "C'est vrai, Dieu n'existe pas !" Dites-le sans
hésitation, "Oui, oui il n'y a pas de Dieu",
mais vous pouvez lui dire ensuite que
celui-là même qui affirme qu'il n'y a
pas de Dieu est Dieu lui-même. C'est ainsi
qu'il pourra comprendre. Si Paul dit : "Je ne
connais pas Paul", faites-lui comprendre par tous
les biais, qu'il est Paul. Il finira par
acquiescer. Tout le monde fonctionne avec ce
pouvoir ou connaissance. Ainsi, pauvres ou riches,
tous sont égaux. Les séparations ne
proviennent que du mental. Un riche ne mange pas du
pain en or, tout au plus, son pain sera de
meilleure qualité que celui du pauvre, mais
tous deux mangent du pain ! Pouvez-vous manger de
l'or ? Vous pouvez être heureux avec tout le
monde parce que tout le monde est
moi-même.
Si votre main est blessée, vous ressentez
automatiquement la douleur et vous dites "je suis
blessé". C'est votre main en fait qui est
blessée et c'est le corps qui ressent la
douleur, mais parce que vous vous êtes
identifié à votre corps, vous dites
"je suis blessé", vous pensez que vous
êtes le corps. "Je suis le corps", c'est cela
l'ego. Mais où est l'ego ? Il n'existe pas,
pouvez-vous le trouver ? Pouvez-vous dire où
vous êtes, où est votre nom ? Son nom
est Sharmila, où est-elle ? Peut-elle me
montrer Sharmila ? Elle n'est qu'un concept. Tous
les dieux aussi ne sont que des concepts. L'un
s'appelle Brahma, l'autre Vishnou, Mahesh... Il y
en a tant ! En Inde, on en a 33 millions ! Les
occidentaux n'en ont qu'un seul, le Christ.
À San Francisco, quelqu'un m'a fait
remarquer qu'on avait vraiment beaucoup de dieux.
C'est vrai, mais on n'a pas tort de dire que Dieu
est en tout et partout et d'appeler "Dieu" tous ses
aspects. Vous, vous considérez qu'il n'est
qu'à un seul endroit, et à
l'extérieur de vous. Non, tout le monde est
Lui ! Si on compte vraiment, on a donc bien 33
millions de dieux ! Ce n'est qu'un chiffre
symbolique. Alors, il y a beaucoup de dieux,
pourquoi pas, et ils sont les divers aspects de
l'être.
Cet homme est un parsi, et il aime beaucoup le
poisson. Alors, si vous allez ensemble au
restaurant, donnez-lui ce qu'il aime. Vous pouvez
prendre ce que vous voulez. Les goûts sont
différents. Dieu a donc des goûts
différents, n'est-ce pas ? Vous fonctionnez
tous avec le mental. Ce que vous aimez ou pas
dépend de votre milieu familial et de
l'endroit où vous êtes nés.
Cela constitue votre monde, mais le monde n'est pas
si petit, il est vaste ! Socrate a dit :
"Connais-toi toi-même et tu connaîtras
l'univers !" et le seigneur Krishna a dit la
même chose. Si vous ne vous connaissez pas
vous-même, tout ce que vous faites est vain.
Vous pouvez passer tout votre temps dans le temple
d'Ataskaran, mais si vous ne vous connaissez pas,
quelle en est l'utilité ? Connaissez-vous,
vous-même, connaissez Dieu ! Celui qui va au
temple mais ne connaît pas Dieu ne le verra
que dans l'idole. Les uns disent que le Christ est
Dieu, les autres que le dieu du feu
[Ataskaran] est Dieu, mais ils sont tous
zéro, ils ne sont rien. Certains
vénèrent les cinq
éléments, les parsis
vénèrent le feu, les hindous la terre
à travers les idoles, mais personne ne
vénère le vent car il est invisible,
vous comprenez ?
Les musulmans disent que Dieu est espace. Ils
vénèrent le vide, l'espace.
D'ailleurs, si vous allez dans leurs
mosquées, vous ne verrez rien mais vous
devrez quand même vous prosterner trois ou
quatre fois puis vous lever et psalmodier quelque
chose. Tout le monde murmure dans les temples.
Comment votre dieu peut-il vous entendre ! C'est
pour votre propre satisfaction que vous faites
cela, en accord avec votre croyance. Vous
vénérez en fonction de la
société dans laquelle vous vivez.
C'est ça le monde.
Quand vous avez terminé votre repas, vous
croisez votre fourchette et votre couteau sur votre
assiette pour dire que vous n'en voulez plus. Cela
signifie que vous vous fermez. Restez ouvert ! Nous
les indiens, on ne connaît pas ces
convenances, on met tout n'importe où ! Le
monde est fait de gens différents, mais le
point commun c'est que tout le monde mange. En
hindi, un repas se dit "kana". "Ka" veut dire
manger, et "na" est la négation. Celui qui a
compris dit "je ne mange jamais" même s'il
mange avec vous du biryani à volonté,
il dira : "Je n'ai jamais mangé", parce que
c'est le corps qui mange. Lui, ne sait rien, tout
comme l'électricité ne sait pas
qu'elle produit de la lumière. Si elle le
savait, elle ne serait pas
l'électricité. Elle ne sait pas
qu'elle fait fonctionner le ventilateur, et toutes
ces choses. Elle sait tout, mais ne sait rien !
C'est la même chose avec le pouvoir qui est
en vous. Il fait tout et sans lui, vous ne pouvez
rien faire, les mains ne pourraient pas bouger, le
corps serait inerte comme une statue.
Tout le monde recherche la
bénédiction du sage.
"Bénissez-moi ! Bénissez-moi",
dites-vous. Sa bénédiction, c'est de
comprendre ce qu'il enseigne, et vivre en accord
avec cette compréhension. C'est cela la
grâce du maître. Par la
compréhension, vous pouvez devenir Dieu
lui-même. Vous êtes Lui, qui peut nier
cela ? Quand vous vous réveillez, le monde
entier apparaît. Si vous ne vous
réveillez pas, le monde non plus ne se
réveille pas. Si vous mourez dans votre
sommeil, le monde disparaît, n'est-ce pas ?
Vous vous réveillez, et vous voyez le monde
entier. Vous faites alors la même chose que
vous faisiez la veille, tous les jours vous faites
la même chose et vous ne vous en fatiguez
jamais !
Les occidentaux avalent leur thé le matin
dès qu'ils se réveillent, mais les
Indiens doivent se laver la bouche avant, ce sont
des habitudes différentes. Ce n'est pas
mauvais d'imiter certaines habitudes, mais pas
toutes ! Les Indiens par exemple sont toujours en
retard. Ce serait bon qu'ils se disciplinent un
peu. Si vous les appelez pour quatre heures, ils ne
viendront qu'à cinq heures de toute
façon. Mais puisque tout le monde le sait,
il n'y a pas de problème.
C'est le mental qui adopte toutes ces habitudes.
Mais puisque vous n'êtes ni le mental ni le
corps, pourquoi croire à toutes ces choses !
"Je ne suis pas cela". Quand le corps meurt, vous
ne mourrez pas avec lui. Votre corps est
emporté dans la tombe, mais vous, vous
êtes toujours. C'est le corps qui meurt, pas
vous. Quand il y a déconnection, on oublie
tout, et tout disparaît. Le corps retourne
à la poussière. Comprenez que "je ne
suis pas le corps". Mon maître a
décrit les quatre corps : le physique, le
subtil, le causal et le supra causal. Subtil
signifie le mental. Vous ne pouvez voir ni
l'intellect ni la conscience. Vous ne pouvez pas
connaître votre ego non plus car il voile,
dissimule et recouvre tout . Je suis là,
dit-il. Il est si arrogant, il fait ce qu'il veut,
mais tout seul il ne peut pourtant rien faire. Le
pouvoir doit être là, et quand la
déconnection se produit, le corps
s'écroule n'importe où. Mais pourquoi
s'en inquiéter puisqu'ils ne sont pas vrais
! Ce qui est vrai, c'est vous-même, votre Soi
est la vérité.
L'ignorance vous recouvre et c'est elle qui vous
fait dire "je suis le corps, je suis le mental" !
C'est ce que vous appelez le corps mental. Tout
ça, c'est un non-sens. puis vous avez le
mental qui dort, puis le mental qui sait tout
etc... Sachez que tout ce que vous pouvez
connaître n'est jamais vrai. Tout ce que vous
connaissez est faux.
Rien n'est bon, rien n'est mauvais. Ce sont vos
pensées qui sont à l'origine de
tout.
Ainsi Dieu est à l'intérieur, il est
en nous. Mais vous, vous dites n'importe quoi, vous
acceptez le nom que vos parents vous ont
donné dans l'ignorance et vous dites : "Je
suis ce nom". Les noms sont faux, soyez-en
sûr. Ils ne sont là que pour
distinguer les choses. Ils ne sont pas vous. Elle
s'appelle Sharmila, ce qui veut dire timide, en
marathi. Est-elle timide ? Au contraire, c'est une
femme qui a un esprit fort. Tous les noms sont
faux.
Le saint est celui qui a compris "je ne suis pas le
corps". Il ne suffit pas de revêtir la robe
du renonçant pour en être un !
Shankaracharya a dit : "Celui qui comprend que "je
ne suis ni le mental, ni l'ignorance, ni la
connaissance" est le véritable sage."
Ceux qui se contentent d'imiter l'attitude du
saint, en ne parlant pas par exemple, sont la proie
de l'ego car ils se croient différents des
autres. Ils les considèrent comme des
ignorants.
Oubliez tout le monde et alors vous comprendrez que
tout le monde est Lui. Mais vous, vous ne voulez
pas comprendre que tous les êtres sont Lui
car ici, votre ego doit disparaître, et vous
y tenez beaucoup. "Je suis quelqu'un" dites-vous.
Tout le monde veut être quelqu'un. C'est ce
désir qui vous rend insignifiant, "Rien du
tout", je dirai. Ceux qui veulent quelque chose ne
sont rien ! Soyez toute chose et non pas quelque
chose, et vous êtes Lui ! Vous êtes
partout et en tout. Dans ce corps aussi vous
êtes Lui. Le pouvoir est là en vous,
mais vous ne pouvez pas le voir. S'il
n'était pas là, vous ne pourriez pas
rester debout ! Vous vous écrouleriez comme
un mur dont les briques ne sont pas
scellées.
La terre a le pouvoir de faire face à l'eau
et celle-ci en a moins que le vent. Le vent balaie
tout. Un cyclone s'élève de l'espace,
c'est-à-dire du zéro. Il surgit,
détruit tout sur son passage. Les gens
meurent, les maisons s'écroulent. Puis le
cyclone disparaît, il se résorbe dans
le même point, le zéro. Ainsi, le
zéro a beaucoup de pouvoir, n'est-ce pas ?
Mais la véritable base est la
Réalité car tout se passe sur elle.
Comprenez que la Réalité ne fait
rien, et ne sait rien. Vous ne faites rien, vous
dormez, vous êtes dans l'ignorance la plus
complète et de là, une simple
pensée surgit et vous voyez le monde entier.
Là c'est le monde du rêve où
tout peut se produire. Un avion peut même
atterrir dans votre chambre et vous pouvez monter
à bord... Dans le monde physique, vous devez
vous rendre à l'aéroport avant
d'embarquer.
Le pouvoir qui est en vous est si puissant ! Il
accomplit de nombreux miracles ! Il fait bouger
votre corps qui est inerte, n'est-ce pas
déjà un miracle ! Qu'un corps inerte
puisse voir, parler, etc... c'est un miracle.
Inutile de faire apparaître des chaînes
en or comme le font certains maîtres.
Quand vous êtes témoin de ces
soi-disant miracles, vous dites : "C'est
incroyable, c'est vraiment un maître !" Mais
lui sait ce qu'il fait, ou plutôt ce qu'il ne
fait pas. C'est le pouvoir qui oeuvre, rien
d'autre. Comprenez le pouvoir et ne courez pas
après les chaînes en or, ou l'argent.
Ne choisissez pas ce chemin ! Celui qui a compris
enseigne aux autres ce qu'est la
Réalité pour qu'ils trouvent enfin la
satisfaction car ils ne se connaissent pas. On ne
doit jamais s'oublier soi-même car sinon,
c'est le chaos ! N'oubliez pas, restez toujours
vous-même. C'est cela la
Réalité. Mais vous êtes
toujours dans votre mental, que faire ! Le mental
est très limité. Identifié au
mental, vous n'êtes qu'un être humain.
Vous ne fonctionnez que dans les limites du mental.
Tout ce que vous faites, voir, entendre,
goûter etc... c'est grâce à la
connaissance. Vous connaissez tout par la
connaissance, ainsi tout est connaissance. Le
fonctionnement des sens, et ce qu'ils produisent
est connaissance.
Quand vous dormez, si une mauvaise odeur envahit la
pièce, vous ne savez pas car votre mental
dort. Mais dès que vous vous
réveillez, vous sentez l'odeur puis
instantanément votre mental déclare
"mauvaise odeur". Ainsi, le bon et le mauvais
n'existent que dans le mental. C'est son
fonctionnement. Mais dans le monde entier, rien
n'est bon, rien n'est mauvais car tout est Lui, et
Lui ne peut pas être bon ou mauvais. Vous
jugez bon ou mauvais en fonction de votre mental,
de vos concepts. Tous les êtres sont Un.
Comprenez cela. Il n'y a pas de différence
entre vous et les autres. Mais vous n'aimez
quelqu'un que si vous pensez qu'il peut vous
apporter quelque chose. Un homme est venu l'autre
jour [je ne pense pas qu'il soit là
aujourd'hui] et il disait qu'il ressentait
beaucoup de "vibrations" ici, mais qu'est-ce qu'une
vibration ? Du vent, rien d'autre! Et vous
êtes au-delà du vent. Toutes les
vibrations s'arrêtent là où
vous êtes vous-même. Tant que vous
ressentez des vibrations, vous n'êtes pas
Lui. Votre mental doit comprendre qu'il est
lui-même la cause de l'aliénation et
aussi de la libération. Si vous comprenez
qu'il n'y a pas d'aliénation pou vous, vous
comprenez aussi qu'il n'y a pas de
libération.
Celui qui sort de prison est tellement heureux
qu'il distribue des friandises à tout le
monde. "Je suis heureux, je suis libre" clame-t-il.
Mais celui qui n'a jamais été en
prison, qu'a t-il à faire ? Doit-il
distribuer des friandises ? C'est la même
chose ici. L'aliénation est le produit du
mental et la libération aussi car vous
êtes toujours libre. Il n'est pas question
d'aliénation, de prison, pour vous car vous
êtes libre de tout ! Et pourquoi cela ?
Pouvez-vous me le dire ?
Question : Tout n'est rien !
Ranjit : Oui, tout n'est rien, donc "rien"
pourrait-il vous tenir prisonnier ? Rien ne vous
lie, celui qui ne comprend pas cela est dans
l'ignorance. Comment ce qui n'existe pas
pourrait-il vous aliéner ?
Question : Pouvez-vous parlez des trois
types de illusion [maya] ?
Ranjit : Tout est illusion alors pourquoi
parler de trois types d'illusion ? Je vous l'ai
déjà dit à Andheri
[banlieu de Mumbai] mais vous
n'écoutiez pas. Pour la compréhension
on dit que la première illusion est maha
maya c'est la connaissance elle-même.
Ensuite, c'est vidyaman maya, la connaissance qui
est en léger mouvement et qui est
très subtile à ce moment-là.
Quand vous dormez vous êtes dans une
complète ignorance et lorsqu'un semblant
d'éveil surgit, il s'agit alors de vidyaman
maya. De même, lorsque vous êtes dans
la matrice avant la naissance, c'est vidyaman maya.
Cela signifie "frapper à la porte de la
compréhension" car si vous ne prenez pas
naissance, vous ne pouvez pas comprendre.
Voir le monde entier et tous ses objets c'est
avidya maya. Le monde, mélange de
connaissance et d'ignorance est avidya maya. Vous
voyez cette plaque de marbre, par exemple, c'est
avidya maya. Enfin, quand vous rêvez, c'est
aussi avidya maya. Avidya maya signifie : tout est
zéro.
Parfois, durant votre sommeil, une pensée
s'élève, puis vous retombez dans le
sommeil profond. Vous n'êtes pas parvenu
à développer un rêve, c'est
là ce qu'on appelle vidyaman maya. La
connaissance a surgi mais vous ne lui avez pas
permis de se développer. On dit aussi que la
femme la plus noble est stérile car elle ne
donne pas naissance, elle est vidyaman maya. Si
elle donnait naissance elle serait avidya maya,
mélange d'ignorance et de connaissance. Sans
la connaissance il est impossible de comprendre
quoi que ce soit. Quand vous demandez : "Qu'est-ce
que ceci ?", c'est avec la connaissance que vous
vous interrogez, n'est-ce pas ? Sans la
connaissance, il n'est même pas possible de
formuler une question. Vidyaman maya est la
connaissance et cette connaissance est là
dès la naissance. Avidya maya signifie que
vous êtes devenu quelque chose ou quelqu'un:
Prakash du Japon, par exemple. Vous devez raisonner
de manière pragmatique quand vous
évoquez ce type de concept sinon ce ne sont
qu'arguties vides de sens. Vous dites: "Mon nom est
Prakash et je suis japonais". Comment peut-on
s'appeler Prakash et venir du Japon ? De
même, vous déclarez être
là, alors que vous n'existez pas, c'est la
marque de l'ego, de l'ignorance. Mais l'ego est
aussi la Réalité.
L'ego est si fort. Quand vous rêvez, vous
devenez quelqu'un d'autre dans ce rêve. Un
mendiant devient roi, mais au réveil il se
dit : "Comment puis-je être roi alors que je
dors sur un matelas déchiré ?".
Ainsi, dès son réveil, la
connaissance a surgi. Tout ce que vous voyez dans
le monde est avidya maya, c'est-à-dire "ce
qui n'existe pas". Vidyaman signifie "ce qui
existe" et avidya maya "ce qui n'existe pas". Mais
vous êtes persuadé que ceci est du
marbre, que cela est un vase ou que vous vous
appelez un tel ou une telle. Les gens aiment
toujours donner leur nom. Si je demande son nom
à quelqu'un, la pensée qui vous vient
c'est : "Oh ! Il ne m'a rien demandé
à moi !". Vous ne devriez pas ressentir
cela, mais plutôt que vous êtes en
tous. Celui qui me rend visite ici devrait au moins
comprendre cela : "Qu'il ne m'ait rien
demandé, c'est bien mieux, autrement je
serais redevenu avidya maya". Comprenez et soyez
vigilant : c'est quand votre attention faiblit que
le cambrioleur peut vous voler ! Ayez cette
compréhension, elle est Maha maya. Quand
vous devenez maha maya, tout disparaît, vous
êtes alors Dieu, le créateur du monde.
Si vous n'aviez pris naissance, qui aurait
créé le monde ? Hypnotisé par
votre propre création, vous oubliez qui vous
êtes. Celui qui est capable de se souvenir de
lui-même est hors des griffes de
l'illusion.
Trouvez d'abord qui vous êtes. Mais personne
ne veut se connaître, voilà pourquoi
mon maître à écrit La
clé de la réalisation de Soi.
Cette clé, la clé du maître,
ouvre toutes les portes, et vous devenez libre
d'agir comme bon vous semble, mais vous devez
savoir que rien n'est vrai. Le maître place
les rênes de votre monture entre vos mains,
il veille à ce que vous ne chutiez pas. Il
vous encourage et vous dit que vous êtes Lui,
mais c'est à vous de mener votre cheval, de
trouver l'allure qui convient et retenir votre
monture quand il le faut. Alors vous pourrez
même aller de droite et de gauche parce que
vous saurez freiner quand il le faudra. Comprenez
et ne vous inquiétez de rien, vous
êtes Lui. Il m'est arrivé une
expérience similaire au Cachemire avec mon
maître, Siddhareswhar Maharaj. Nous
étions partis à cheval visiter une
ville et quelques-uns d'entre nous galopions
à la suite d'un codisciple, un sacré
farceur. Il nous égara dans la forêt
pendant que les autres qui avaient pris le bon
chemin arrivèrent à bon port et
à l'heure du rendez-vous. Un homme d'une
taille gigantesque nous apparut dans la forêt
et nous donna la direction à prendre. Il
nous a fallu deux heures pour revenir sur nos pas
et retrouver le bon chemin. Quand nous sommes
arrivés, Maharaj était assis et n'a
fait aucun commentaire sur notre retard. Il savait
tout. Il faut quand même savoir tirer sur les
rênes pour freiner sa monture, même si
les chevaux du maître nous mènent de
toute façon dans la bonne direction.
La nature du mental est telle, qu'il veut toucher
tout ce qu'il voit. Le maître vous donne les
rênes, et vous dit : "Allez !". Ayez le
courage de savoir quand vous devez vous
arrêtez. Beaucoup de gens ont chuté de
leur monture et se sont égarés. Ne
vous inquiétez pas, comprenez que le pouvoir
est avec vous, et vous retrouverez le bon chemin.
Même après la compréhension
beaucoup prennent la mauvaise direction. La
compréhension est indispensable, elle vous
mène à maha maya, l'illusion
originelle, la source. De source elle devient
rivière et se perd dans l'océan. De
même, vous vous êtes oublié et
vous courrez vers l'océan. Océan
signifie ici, que vous plongez dans le monde, vous
vous noyez dans vos désirs au point de ne
penser qu'à une seule chose : comment
obtenir toujours plus. Tant de choses surgissent du
mental, la colère comme le désir,
c'est sans fin. Tout le monde court tête
baissée. Il vous faut décapiter la
connaissance, y mettre un terme.
La connaissance est si vaste, elle semble infinie.
Vous devenez la Réalité si vous
comprenez que cette connaissance est
limitée, sinon c'est impossible. La
connaissance va toujours de l'avant.
Jusqu'où ? Personne ne peut le dire. Le
maître affirme que la connaissance n'est pas
vraie, et c'est là sa fin. La connaissance
paraît sans limites, alors dépassez
les frontières de l'infini et vous
deviendrez la Réalité ! Allez
là où plus rien n'existe, où
la connaissance n'existe plus. C'est très
facile. Voilà pourquoi je dis :
"Asseyez-vous et vous êtes la
Réalité !". De quelle
expérience avez-vous besoin ? Comprenez
qu'il faut poser une limite à la
connaissance, je vous donne maintenant cette
limite. Oubliez la connaissance et vous êtes
la Réalité pour toujours. Vous n'avez
rien à faire ou à
expérimenter. Oubliez tout ! Vous dirigez
des entreprises, vous êtes riche, mais dans
le sommeil vous oubliez tout cela. Certes, il
s'agit d'un oubli temporaire, mais si vous affirmez
que rien n'est vrai, le temporaire deviendra
définitif.
L'illusion originelle est la connaissance. La
connaissance est si forte, elle va toujours de
l'avant, mais quand vous comprenez cette illusion
originelle, vous y mettez un terme. Vous seul
pouvez lui poser une limite. Comment comprendre si
vous n'expérimentez pas? Comprendre
l'océan c'est sonder sa profondeur. Et
lorsque vous allez au plus profond de cet
océan, l'océan lui-même
disparaît et vous êtes accompli. Que
font les saints ? Ils dorment
éveillé. L'éveil est un
sommeil, alors dormez vous aussi tout en
étant éveillé. Le maître
donne une limite à l'infini, mais vous avez
peur. Vous voulez toujours vous investir ailleurs,
faire quelque chose et vous montrer ! Même
pour dire "je suis Lui" certains portent la robe
safran, des malas etc... Mais dans quel but ?
Peut-on même dire "je suis Lui" ? Personne ne
sait comment rejoindre la
Réalité.
Un jour quelqu'un est venu ici et m'a
demandé à rencontrer Ranjit Maharaj.
J'ai attendu un instant et j'ai dit : "Celui qui
est devant vous est la Réalité". Il
ne m'imaginait pas ainsi. Mais comment aurait-il pu
savoir? S'il avait su, il ne m'aurait pas
demandé qui j'étais. Pourquoi,
après tout, demander aux gens qui ils sont ?
Quand on vous demande qui vous êtes, vous
êtes ravis de répondre : "Je suis un
tel, je suis docteur, ou je suis le maître un
tel..." Vous êtes fier de répondre
cela, mais cette fierté n'est qu'illusion.
Oubliez donc cette illusion et soyez simple comme
la Réalité !
Tout le monde voit et personne ne voit. Tout le
monde voit Bob et personne, excepté le
maître, ne voit la Réalité en
Bob. Tant de choses vous recouvrent, mettez fin
à cela ! Comprenez ce qui n'a pas de fin et
vous serez hors de l'illusion. En 1926, mon
maître a écrit que le monde galopait
vers l'enfer. Enfer signifie ici "destruction".
Tout le monde devrait se diriger vers le point
zéro, car le monde n'est rien d'autre que
zéro, mais cela, vous ne l'acceptez pas.
Vous désirez autre chose, mais il n'y a rien
ici, pas même de toilette, juste un saint !
Vous n'êtes pas heureux car vous courez
indéfiniment d'état en état.
Pour celui qui comprend que cet infini est
zéro, plus rien n'existe, il a rejoint son
propre Soi. À ce moment-là seulement
vous pouvez comprendre ce qu'est Maya. Mais vous
parlez toujours de ce qui n'existe pas ! Que
signifie l'illusion ? Vous dites qu'il s'agit de la
manifestation, mais cette manifestation a surgi de
votre mental. J'utilise pourtant des mots simples :
qui s'est manifesté ? Cela vous ne le savez
pas.
Ramdas a écrit un court chapitre dans le
Dasbodh, où il dit que tant que vous
ne connaissez pas le roi, vous êtes à
tout moment susceptible d'être
arrêté. Tant que vous ne connaissez
pas le roi, vous ne pouvez pas être heureux,
vous êtes à la merci de tout le monde
et vous devenez comme tout le monde, vous pensez
que vous devez absolument faire quelque chose. Mais
que se passera-t-il si vous ne faites rien ? Rien.
Que peut-il vous arriver quand vous dormez ? C'est
quand vous vous réveillez que les
problèmes du monde vous submergent.
C'est la nature du mental que de s'inquiéter
sans cesse. Si vous voulez échapper à
ses tourments, pointez un zéro sur tout ! Le
monde commence dans le zéro et finit dans le
zéro, tout vient de l'espace et retourne
à l'espace. L'espace est infini, alors
revenez vers vous-même ! L'oeil se
précipite vers la lune, revient en vous avec
l'image de la lune, c'est ainsi que vous voyez le
monde entier. Tout cela se passe en une fraction de
seconde, vous êtes si puissant ! Mais vous
vous êtes oublié, vous êtes
devenu mendiant : "Donnez-moi quelque chose,
donnez-moi quelque chose !"
répétez-vous. Mais que vous donnent
les gens ? Ils ne vous donnent rien. Vous voulez de
la joie et du bonheur, qui peut vous donner cela ?
Personne.
Connaissez-vous vous même d'abord, ne perdez
pas votre temps à explorer l'espace. N'allez
pas en Himalaya [un visiteur a dit
qu'après sa visite à Maharaj, il se
rendrait en Himalaya], pourquoi aller
là-bas ? Pourquoi aller quelque part ?
Là où vous êtes, est la
Réalité. Ramdas a écrit que :
"Quelque soit l'endroit où vous êtes,
vous êtes toujours la Réalité".
Parabrahman est la Réalité et la
Réalité est partout. Un sage a
conseillé à cet homme d'aller en
Himalaya et de méditer quatre ans dans une
grotte. Ensuite, il est allé voir un autre
maître qui lui a dit qu'il avait
gaspillé quatre ans de sa vie, sans
toutefois lui révéler qu'il
était la Réalité en ce moment
même. C'est ici que mon enseignement
diffère. Pourquoi certains maîtres
soutiennent-ils que vous ne pourrez atteindre la
Réalité qu'après plusieurs
vies? Qui peut savoir cela ? Je vous dis, moi, que
si vous ne prenez pas naissance, jamais vous ne
mourrez! Quand vous rencontrez un saint, il fait de
vous un saint. Mais s'il s'agit d'un imposteur, il
vous fera cadeau d'un nouveau nom. Cet homme est
devenu Govindas [en regardant un disciple qui a
reçu un prénom indien de son ancien
maître], mais que sait-il de Govindas ?
Pourquoi donner des noms? C'est juste pour le
plaisir ! Pourquoi vos parents vous donnent-ils un
nom ? C'est pour leur propre plaisir. Ils ont fait
une erreur et tentent de la réparer en vous
donnant un nom, sinon ils se sentent perdus. La
Réalité, elle, ne fait jamais
d'erreur, elle montre tout mais n'est jamais
touchée par rien. Ce que vous voyez, sentez
et percevez, la Réalité, elle, ne
l'accepte pas. L'écran montre le film mais
n'est jamais concerné par les pleurs ou les
cris des acteurs, même dieu ne
l'intéresse pas. Dieu peut faire partie du
film, mais il s'en va à la fin du film. Un
jour, je suis allé voir un film sur Saint
Toukaram. Les spectateurs présents se sont
alors prosternés devant l'image du saint
à l'écran. J'ai rit. Pourquoi se
prosterner devant un acteur ? La connaissance
semble sans fin mais vous devez mettre un terme
à cette expansion. Celui qui y met un terme
est Lui, Le Soi. De dire "je suis illimité"
est aussi une erreur car vous êtes en dehors
du limité et de l'illimité !
Inutile de blâmer qui que ce soit, ils ne
connaissent pas la Réalité. Qu'est-ce
que la Réalité ? Vous la trouverez
là où vous vous serez perdu. Celui
qui va à la recherche de la
Réalité se perd, pour se retrouver
dans la Réalité elle-même.
À ce moment-là, vous ne serez plus
rien. Tant que vous persisterez à être
quelque chose vous continuerez à flotter
dans l'infini. La connaissance est infinie,
mettez-y un terme. Il y a un rituel à Bombay
qui consiste à jeter une statue de Ganapati
[Ganesh] dans l'océan après
l'avoir vénérée. Ganapati est
la connaissance que l'on dissout dans
l'océan. Mais les gens n'en connaissent pas
le sens et ce qu'ils peuvent faire dans l'ignorance
est vraiment surprenant ! Sans la
compréhension, il est impossible de
prévoir dans quel sens le mental va agir.
C'est cela avidya maya, c'est considérer le
monde objectif comme réel. Pourtant
l'illusion est toujours l'illusion, qu'elle se
décline sous trois formes ou non, elle est
toujours zéro. Comprenez ainsi. Avez-vous
d'autres questions ?
Question : Le maître donne la
compréhension que tout est
Réalité. Pourtant même avec
cette compréhension, l'ego demeure sous une
forme subtile. Le maître a le pouvoir subtil
de supprimer cet ego subtil. Pouvez-vous nous
éclairer sur ce point ?
Ranjit : Vous devez comprendre votre ego. Le
maître peut vous y aider, mais c'est à
vous que revient la tâche d'élucider
votre propre ego. Vous devez trouver où se
situe votre erreur, sinon il sera impossible de
vous débarrasser de votre ego. Pour
ôter l'épine que vous avez au pied,
vous utilisez une seconde épine, ensuite
vous jetez les deux épines. Si vous ne jetez
pas cette seconde épine, à un moment
ou à un autre elle vous piquera.
C'est avec l'épine de la connaissance que
vous viendrez à bout de l'ignorance. Mais le
maître vous recommande ensuite de jeter cette
épine, car la connaissance est aussi ego. Si
vous gardez l'épine dans votre poche, soyez
sûr qu'à un moment ou un autre, elle
vous piquera.
La connaissance vous pique sans cesse, elle vous
dit : "Fais ceci, fais cela" ! Comprenez et rejetez
la connaissance. Si vous ne comprenez pas, vous ne
pourrez pas vous en débarrasser. Le
maître peut vous y aider, mais c'est à
vous de supprimer votre ego. Il existe sous
tellement de formes. Dire : "Je suis un saint et je
sais tout", est aussi la marque de l'ego. La
difficulté c'est que vous prenez la
connaissance pour vraie. Mettez un terme à
la connaissance, mettez un terme à ce qui
n'a pas de limite. Le maître vous montre
comment y parvenir, il vous explique le
théorème, mais c'est à vous de
le démontrer. Il vous assistera de ses
conseils, mais c'est encore à vous de voir
d'où vient le mal. Le docteur donne des
remèdes, mais si vous ne les prenez pas,
comment pourriez-vous guérir?
Comprenez que la connaissance est fausse. Une
épine reste une épine même si
elle est d'or. L'ignorance est ôtée
par la connaissance, l'épine d'or, mais le
maître vous prévient : "Attention,
maintenant ! À moins de vous
débarrasser de la connaissance, l'ego subtil
persistera". Le maître est toujours vigilant
et quand surgit l'ego, il intervient. Imaginez que
la pensée d'une crème glacée
surgisse dans le mental du maître. Il se
demandera immédiatement la raison de cette
pensée. Mais il comprend qu'un de ses
disciples est sur le point de lui offrir une
crème glacée. En fait, ce
n'était pas la pensée du
maître, mais bien celle du disciple. Le
maître exauce les désirs, mais
lui-même n'a aucun désir. Son seul
désir est envers son propre maître. Il
n'agit que pour son maître, jamais pour
lui-même.
Certains me disent que j'ai une très jolie
chaise [un disciple a acheté une
nouvelle chaise à Maharaj]. J'ai juste
dit : "Oh, la belle chaise !", où est le
problème? Elle est confortable, et
c'était le désir du disciple. Je n'ai
jamais pensé qu'il fallait que je change de
chaise, mais pourquoi l'aurais-je refusée ?
Le maître connaît la racine de vos
pensées, il sait d'où elles viennent.
Alors si l'ego surgit, le maître le
débusque et le détruit. L'ego n'a
aucune valeur, il vient de l'illusion et tous les
désirs naissent de cette illusion qui n'est
pas. D'où viennent vos désirs ? De
l'illusion. Vous voulez toujours ce qui n'existe
pas. Rejetez votre ego à chaque fois qu'il
surgit. De votre propre transpiration naissent des
micro-organismes, pourtant vous n'hésitez
pas à les tuer. Faites pareil avec votre
ego. Tant que le corps est en vie, les
pensées surgissent, mais le mental peut
devenir non mental, sans être un mental mort.
La Réalité quant à elle est
toujours non mental. J'ai moi aussi des
pensées, elles doivent venir. Une
pensée pour ceci, une pensée pour
cela. Quand je vous vois, il est naturel qu'une
pensée vienne à mon esprit, j'accepte
les pensées mais je les examine. Le
maître vous aide, mais c'est votre choix de
rejeter ou non votre ego. Tant que saurez tenir les
rênes, tout ira bien. Plein de gens viennent
ici me rendre visite, mais je ne connais personne.
Je n'ai pas besoin de savoir qu'un tel est Bob,
l'autre Govindas. Celui qui a compris n'a besoin de
rien. Il sait que tout le monde est la
Réalité. Sur la Réalité
il se repose, avec la Réalité il
avance.
L'ego peut donc être déraciné
avec l'aide du maître, mais c'est avant tout
votre responsabilité, car vous aussi
êtes la Réalité. Un roi
n'obéit à aucune loi, il les
crée mais ne les applique pas à
lui-même. Si le roi instaure un couvre-feu et
que personne ne doit sortir après 20h sous
peine d'être arrêté, que se
passera t-il si lui même sort en pleine nuit
? Il sera salué par la police... Pourquoi ?
Parce que c'est le roi qui donne les ordres.
À vous maintenant de donner des ordres
à votre ego.
Le maître vous fait Réalité.
Pourquoi s'inquiéter, vous êtes
toujours la Réalité. Vous vous
inquiétez pour rien, comprenez que vous
êtes la Réalité et ensuite vous
n'aurez plus rien à faire. Tant que le
mental mène la danse, vous serez dans
l'obligation d'agir. Oubliez cela. Le savoir du
maître est tel qu'il peut vous y aider. Il le
doit. Si vous allez au marché musulman, ils
ont une expression qui signifie que vous êtes
l'un d'entre eux. Si vous êtes Hindou, ils ne
vous considèrent pas comme l'un d'eux et le
prix qu'ils vous offriront sera différent.
Le maître ne s'inquiète de rien car
tout le monde est lui-même et c'est parce que
vous aussi êtes la Réalité,
qu'il peut vous aider. l'ego peut se manifester
sous toutes les manières mais dites
seulement : "Je me fiche de toi". Tant que le corps
et le mental sont là, l'ego se manifestera.
Jetez-le dehors comme vous le feriez d'un voleur.
Vous n'hésitez pas à donner une gifle
à un voyou, et même s'il se rebelle et
vous en retourne deux, vous pouvez quand même
le dominer. Ayez cette détermination et en
même temps, ne faites rien, car celui qui ne
fait rien est la Réalité.
Que
faites-vous durant votre sommeil ? Rien. Dès
que vous voulez agir, vous ouvrez la porte à
votre ego. Dites-lui : "Va-t'en, je veux dormir !"
Le maître vous montre comment dormir tout en
étant éveillé. La seule chose
à faire, c'est de vous rappeler que rien
n'est vrai. Prendre le faux pour le vrai c'est
déjà courir après l'illusion.
Le cerf voit le mirage et court à sa
poursuite, si vous lui dites que c'est un mirage il
vous prendra pour un fou : "Je vois l'eau, je vois
le bonheur !" dira t- il. Les êtres
réalisés, eux, gardent le silence.
Que dire? Laissez-les courir. À courir
ainsi, un jour ils s'épuiseront. C'est la
nature du mental que de toujours courir. Mais dans
une course de chevaux, le cheval victorieux est
celui qui s'arrête à la ligne
d'arrivée. Le maître vous donne la
victoire. Soyez le vainqueur et arrêtez de
courir. Quand vous vous arrêtez à
cette ligne, la course est finie et vous êtes
la Réalité.
Le maître n'essaye pas d'intervenir sur les
évènements, tout le monde peut entrer
chez lui et se nourrir jusqu'à n'en plus
pouvoir Si on vous met de la nourriture dans la
bouche, vous devez la mastiquer. Le maître
vous a donné la compréhension, alors
mastiquez-la ! Personne ne pourra le faire à
votre place. à mesure que vous avancerez
dans la compréhension, vous aurez plus de
facilité à mastiquer.
Pourquoi courir après tout ces non-sens?
Tout le monde court après un mirage. Un
jour, quand le soleil sera couché et le
mirage dissipé, vous vous arrêterez
sans avoir trouvé d'eau. Comme le cerf, vous
penserez avoir joué de malchance, mais l'eau
n'a jamais été là ! Vous
attendez que la joie vous vienne des autres, mais
personne ne peut vous la donner. À moins de
vous oubliez vous-même, jamais vous ne serez
heureux. Le "je" doit être brisé,
mettez le frein à main et la voiture
s'arrête. Mettez le frein à votre
mental et vous serez la Réalité, vous
serez non mental. Le maître vous aide
à déraciner votre ego, ne vous
inquiétez de rien, vous êtes la
Réalité. Le problème c'est que
vous considérez le maître comme un
corps et non pas comme la Réalité.
Pourtant il vous répète qu'il est la
Réalité, que vous l'êtes
également, que tous sont la
Réalité, mais non, ce qui vous
importe c'est de "voir" le maître.
Quand vous comprendrez que vous ne faites qu'un
avec la Réalité, vous oublierez tout.
Lui et vous ne faites plus qu'Un. L'unité
clôt le débat, il n' y a plus de
maître ni de disciples. Quand l'unité
s'épanouit dans votre esprit, vous devenez
Elle, la Réalité. Le maître
sera toujours là pour vous aider.
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