VASISTHA prit la
parole :
Je vais certainement accéder à vos
souhaits et maintenant transmettre à Rama la
sagesse qui m'a été
révélée par le créateur
Brahma en personne.
RAMA intervint :
Grand saint, peux-tu avoir l'obligeance de me dire
d'abord pourquoi Vedavyasa n'était pas
considéré comme délivré
alors que son fils Shuka, lui,
l'était ?
VASISTHA répondit :
Ô Rama, on ne sait combien d'univers ont
déjà vu le jour avant d'être
dissous. En fait, on ne peut même pas se
faire une idée des innombrables univers qui
existent en ce moment. Tout cela peut être
immédiatement conçu dans notre propre
cur, car ces univers sont les
créations des désirs qui naissent
dans le cur ainsi que des châteaux en
Espagne. L'être humain fait apparaître
ce monde dans son cur comme par enchantement
et, pendant qu'il est vivant, il renforce cette
illusion. À sa mort, il fait
apparaître l'au-delà et en fait
l'expérience c'est ainsi que naissent
des mondes à l'intérieur de mondes,
tout comme les couches se superposent dans une tige
de plantain. Pas plus le monde de la matière
que les modes de création ne sont vraiment
réels. Les vivants et les morts ont pourtant
le sentiment de l'être. Ils sont bel et bien
convaincus qu'ils possèdent une
réalité. L'ignorance de cette
vérité perpétue les apparences
trompeuses.
Ô Rama, dans cet océan cosmique de
l'existence naissent des êtres ici et
là qui sont égaux à d'autres,
et d'autres qui leur sont différents. Ce
Vedavyasa est le trente-troisième dans le
flux de création. Ainsi que d'autres sages,
il s'incarnera et se désincarnera à
maintes reprises. Lors de certaines de ces
incarnations ils seront sur un plan
d'égalité avec d'autres et, dans
d'autres, sur un plan d'inégalité.
Dans cette incarnation, Vedavyasa est
assurément un sage libéré. Ces
sages délivrés s'incarnent
également d'innombrables fois et, à
l'occasion de ces existences, ils entretiennent des
rapports avec les autres. Ils sont quelquefois
leurs égaux, mais il leur arrive aussi de ne
pas posséder le même niveau de savoir,
de se comporter différemment, etc.
VASISTHA
poursuivit :
Ô Rama, de même qu'avec ou sans vagues
l'eau demeure de l'eau, quels que soient les dehors
du sage libéré, sa sagesse demeure
inchangée. Il n'y a de différence
qu'aux yeux de l'observateur ignorant.
Par conséquent, Ô Rama, écoute
ce que je vais te dire. Cet enseignement dissipera,
à coup sûr, les ténèbres
de l'ignorance. Tout ce qui est acquis en ce monde
ne l'est qu'au prix d'efforts pour connaître
le soi. Lorsque advient un échec, on
s'aperçoit qu'on a relâché ses
efforts. Cela est évident, mais ce qui porte
le nom de destin est imaginaire. Nul ne peut le
voir.
Rama, l'effort intérieur est cet acte
mental, verbal et physique, conforme aux
instructions d'une sainte personne versée
dans les Écritures. Ce n'est qu'au prix
d'efforts de cette nature qu'Indra est devenu roi
du firmament, que Brahma est devenu le
créateur, et que les autres dieux ont obtenu
la situation qui est la leur.
Les efforts pour connaître le soi sont de
deux sortes : ceux des naissances
passées, et ceux de cette existence-ci. Ces
derniers neutralisent efficacement les premiers. Le
destin n'est que le fruit des efforts d'une
incarnation passée. Au cours de
l'incarnation actuelle, ces deux types d'efforts
sont en conflit perpétuel ; et ce sont
les plus forts qui triomphent.
Les efforts non conformes aux Écritures sont
motivés par l'illusion. Quand se dresse un
empêchement à l'aboutissement des
efforts, il convient d'examiner l'obstacle en
question pour voir s'il est imputable à une
action dictée par l'erreur et, si tel est le
cas, il faut y remédier sur-le-champ. Il
n'est pas plus grande puissance qu'une action juste
accomplie dans le présent. Il faut donc
avoir recours au travail sur soi, serrer les dents,
vaincre le mal par le bien et le destin par les
efforts présents. Le paresseux est pire
qu'un âne. Il ne faudrait jamais céder
à la paresse, mais s'efforcer d'atteindre la
libération en constatant que la vie s'enfuit
à chaque instant. Il ne faudrait pas se
vautrer dans la bauge des plaisirs des sens ainsi
qu'un ver se délecte à se tortiller
dans le pus.
Qui dit "Le destin me pousse à agir ainsi"
est stupide, et la déesse de la fortune
l'abandonne. Acquiers donc la sagesse grâce
à ton travail, puis prends conscience que
tes efforts se parachèvent dans la
réalisation directe de la
Vérité.
Sans cette épouvantable source
démoniaque qu'est la paresse, qui serait
pauvre ou illettré sur terre ? C'est
à cause de la paresse qui sévit sur
terre que les gens mènent des vies
d'animaux, qu'ils sont malheureux et connaissent la
misère.
VALMIKI dit :
L'heure des prières du soir était
venue et l'assemblée se dispersa.
Le lendemain,
VASISTHA prit le premier la parole :
Le fruit dépend des efforts consentis,
Ô Rama. Tel est le sens du travail sur soi.
On lui donne aussi le nom de destin
[volonté divine]. Sous le coup de la
souffrance, les gens s'écrient
"Hélas, quelle tragédie !" ou
bien "Hélas, regardez mon destin !",
exclamations synonymes. Ce qu'on appelle destin, ou
volonté divine, n'est autre que le
résultat des actions ou des efforts
passés. Le présent est infiniment
plus puissant que le passé. Ceux qui se
satisfont des fruits de leurs efforts passés
[en qui ils voient la volonté
divine] et cessent de faire des efforts
maintenant sont vraiment des insensés.
Si l'on constate que les efforts actuels sont
parfois contrariés par le destin [ou la
volonté divine], on devrait comprendre
que les efforts présents sont insuffisants.
Un homme faible et obtus voit la main de la
providence quand il est confronté à
un adversaire fort et puissant, et il perd la
partie.
Il arrive qu'on obtienne une grande victoire sans
effort. Par exemple, conformément à
une ancienne coutume, l'éléphant
d'apparat choisit un mendiant pour diriger un pays
dont le souverain est mort subitement sans laisser
d'héritier. Il ne s'agit certainement pas
d'un accident ou d'une intervention divine, mais du
fruit des efforts accomplis par le mendiant au
cours de l'existence précédente.
Il arrive aussi que le travail d'un paysan soit
réduit à néant par une averse
de grêle. Cela signifie évidemment que
la force des grêlons a été plus
grande que les efforts du paysan, et que celui-ci
devrait désormais déployer de plus
grands efforts. Il ne devrait pas pleurer la perte
inévitable. Si pareille peine est
justifiée, pourquoi ne devrait-il pas se
lamenter tous les jours sur le caractère
inéluctable de la mort ? Le sage
devrait bien sûr savoir ce qu'il est possible
d'acquérir par un travail sur soi, et ce
qu'il ne l'est pas. Toutefois, c'est de l'ignorance
que d'attribuer tout cela à un agent
extérieur et d'affirmer que "Dieu m'envoie
au ciel ou en enfer," ou qu'"un agent
extérieur me pousse à faire ceci ou
cela." Il convient de fuir des gens aussi
ignorants.
Il faut se dégager des goûts et des
dégoûts, s'engager à faire de
justes efforts et à atteindre la
Vérité suprême, sachant
pertinemment que seul compte le travail sur soi et
que celui-ci n'est qu'une autre appellation de la
volonté divine. Nous n'avons que
mépris pour le fataliste. Le travail sur soi
digne de ce nom naît d'une
compréhension juste, laquelle se manifeste
dans le cur de celui qui s'est ouvert
à l'enseignement des Écritures et ont
étudié le comportement des
saints.
VASISTHA
poursuivit :
Le corps libéré de la maladie et
l'esprit délivré de l'affliction, il
faudrait poursuivre la connaissance du soi afin de
ne pas renaître. Ce travail possède
une triple racine, et porte donc trois sortes de
fruits : un éveil intérieur de
l'intelligence, une vivacité de l'esprit, et
l'action physique.
Le travail sur soi s'appuie sur les trois
fondements suivants : la connaissance des
Écritures, les enseignements de
l'instructeur et les efforts de
l'intéressé. Ici, le destin [ou
dispensation divine] n'entre pas en ligne de
compte. En conséquence, celui qui
désire le salut devrait orienter l'esprit
impur sur la voie des entreprises pures au moyen
d'efforts constants ce qui constitue
l'essence même de toutes les saintes
Écritures.
Les saints insistent sur le point suivant : ne
jamais quitter le chemin qui mène au bien
éternel. Le chercheur qui est sage le sait
bien : le fruit de mon travail sera
proportionné à l'intensité de
mes efforts, et pas plus le destin qu'un quelconque
dieu ne peut décréter qu'il en soit
autrement. Au vrai, ses efforts sont seuls
responsables de ce que l'homme obtient ici-bas.
Lorsqu'il sombre dans le malheur, certains, pour le
consoler, en imputent la faute à son destin.
C'est pourtant évident : pour aller
à l'étranger, on voyage et, pour se
rassasier, on mange le destin n'a rien
à voir dans l'affaire. Nul n'a jamais vu ce
fameux destin, mais tout le monde a constaté
qu'une action [bonne ou mauvaise] produit
un résultat [bon ou mauvais]. Nous
devrions donc dès l'enfance nous efforcer de
favoriser notre véritable bien [notre
salut] par l'étude ardente et
réfléchie des Écritures, la
fréquentation des saints, et le travail sur
soi conforme au devoir.
Le destin, ou dispensation divine, est une simple
convention qui, à force d'être
déclarée véritable, a fini par
être prise pour la vérité. Si
ce dieu ou ce destin est vraiment l'ordonnateur de
toute chose en ce monde, à quoi bon agir
[même se baigner, parler à
quelqu'un ou donner quelque chose] et instruire
qui que ce soit ? Non. Hormis les cadavres,
tout en ce monde est actif, et cette
activité produit son juste résultat.
Nul n'a jamais prouvé l'existence d'un
destin ou d'une dispensation divine. Afin
d'assouvir leurs appétits
égoïstes, les gens emploient des
expressions comme "Le destin ou la dispensation
divine me pousse à faire ça," mais il
n'en est rien. Par exemple, si un astrologue
prédit qu'un jeune homme deviendra un grand
savant, ce jeune homme va-t-il devenir savant sans
étudier ? Non. Alors, pourquoi croire
à une dispensation divine ? Rama,
Vishvamitra le sage que tu vois ici, est devenu
Brahmarishi au prix de ses efforts. Tous autant que
nous sommes, nous ne devons la connaissance du soi
qu'à nous-mêmes. Renonce donc au
fatalisme et mets-toi au travail.
[le mot utilisé pour destin est
"daivaim" qui signifie également "dieu"]
RAMA
demanda :
Seigneur, tu es assurément le
détenteur de la Vérité.
Explique-moi, s'il te plaît, ce que les gens
entendent par dieu, destin ou daivam.
VASISTHA répondit :
Les gens appellent destin, ou daivam, le fruit des
efforts, c'est-à-dire les bons et mauvais
résultats des actions passées. Les
gens attribuent aussi au destin, ou daivam, la
nature, bonne ou mauvaise, de tels
résultats. Quand vous voyez que "telle
graine donne telle plante", le
phénomène est attribué
à une intervention de ce daivam. Mais je
pense que le destin n'est autre que la
conséquence de nos propres actions.
Nombre de tendances latentes habitent le mental de
l'homme, tendances qui entraînent divers
types d'actions physiques, verbales et
mentales. Il est certain que nos actes sont
absolument conformes à ces tendances. Il ne
peut en être autrement. C'est ainsi que les
choses fonctionnent. L'action n'est autre que les
plus puissantes des tendances latentes, lesquelles
ne différent en rien du mental. Il est
impossible de déterminer avec
précision si des catégories telles
que mental, tendances latentes, actions, et destin
[daivam] sont réelles ou
irréelles. C'est la raison pour laquelle les
sages en ont parlé de façon
symbolique.
RAMA posa une nouvelle question :
Grand saint, si les tendances latentes
rapportées de la naissance
précédente me poussent à agir
dans cette vie-ci, où est la liberté
d'action ?
VASISTHA répondit :
Rama, les tendances issues des incarnations
passées sont de deux sortes des
tendances pures et des tendances impures. Les
tendances pures te poussent vers la
libération et les tendances impures sont
fautrices de troubles. Au vrai, tu es la conscience
même, et pas de la matière physique
inerte. Tu n'es poussé à l'action par
rien d'autre que toi-même. Tu es donc libre
de renforcer les tendances latentes pures au
détriment des tendances impures. Les
tendances impures doivent être
abandonnées progressivement. Le mental doit
s'en détourner peu à peu, afin
d'éviter des réactions violentes. En
encourageant les bonnes tendances à se
manifester souvent, renforce-les. Celles qui sont
impures s'affaibliront de ne jamais servir.
Grâce aux bonnes actions, tu seras
bientôt tout à l'expression des seules
tendances qui sont bonnes. Quand tu seras ainsi
venu à bout des mauvaises tendances, il te
ensuite faudra même abandonner les bonnes. Tu
feras alors l'expérience de la
Vérité suprême, grâce
à l'intelligence que génèrent
les bonnes tendances.
VASISHTA
poursuivit :
L'ordre cosmique que les gens appellent destin,
daivaim ou niyati, et qui garantit que tout effort
est couronné d'une juste réalisation
est fondé sur une omniscience
omniprésente et omnipotente [connue sous
le nom de Brahman]. Veille donc à ne pas
laisser les sens et le mental s'extérioriser
et, l'esprit bien orienté, écoute
calmement ce que je vais te dire.
Ce récit a pour sujet la libération.
En l'écoutant en compagnie d'autres sages
chercheurs rassemblés ici, tu
réaliseras cet être suprême
étranger à la douleur et à la
destruction. Ô Rama, l'omniscience
omniprésente, ou l'être cosmique,
brille éternellement en tout être.
Exactement comme une vague apparaît à
la surface de l'océan qui s'agite, une
vibration se manifeste dans cet être cosmique
et le seigneur Vishnou voit le jour. De ce Vishnou
est issu Brahma, le créateur. Brahma a
commencé à créer les
innombrables espèces de créatures de
l'univers, animées et inanimées,
capables de sentir et privées de sensations.
Et l'univers se trouve dans l'état qui
était le sien avant la dissolution
cosmique.
Le Créateur vit que tous les êtres
vivants de l'univers étaient sujets à
la maladie, à la mort, à la peine et
à la souffrance. La compassion emplit son
cur et il chercha à établir un
chemin susceptible de permettre aux
créatures de s'éloigner de toute
cette misère. Sur ce il institua de nobles
vertus [comme l'austérité, la
charité, l'amour de la vérité
et la rectitude de conduite], ainsi que des
centres de pèlerinage. Mais c'était
insuffisant. Ces choses n'accordaient qu'un
soulagement temporaire et non point un
affranchissement définitif du joug de
l'affliction.
Réfléchissant à cette
question, le Créateur me donna naissance. Il
m'attira à lui et couvrit mon cur du
voile de l'ignorance. Je perdis aussitôt le
souvenir de mon identité et de ma nature
essentielle. J'étais très malheureux.
J'implorai Brahma le créateur, mon
père, de me montrer comment sortir de cette
souffrance. Plongé au fond de mon tourment,
je n'avais pas de volonté, et me trouvais
incapable de faire quoi que ce soit ; je
demeurais paresseux et inactif.
En réponse à ma prière, mon
père me révéla la vraie
connaissance qui dissipe instantanément le
voile de l'ignorance dont il m'avait lui-même
couvert. Alors le Créateur me dit :
"Mon fils, j'ai voilé la connaissance, puis
te l'ai révélée, afin que tu
puisses connaître sa gloire ; car c'est
seulement maintenant que tu seras à
même de comprendre la dure peine des
créatures ignorantes et de les aider.
Ô Rama, équipé de cette
connaissance, je suis ici et je continuerai
à être ici jusqu'à la fin de la
création."
VASISTHA
poursuivit :
Semblablement, à toutes les époques,
par sa volonté, le Créateur donne
l'existence à plusieurs sages, dont
moi-même, pour l'éveil spirituel de
tous. Et pour que le côté
séculier ne soit pas en reste, Brahma
crée aussi sur terre des rois qui gouvernent
avec équité et sagesse. Toutefois,
ces souverains sont bientôt corrompus par
l'amour du pouvoir et par les plaisirs. Des
conflits d'intérêts les poussent
à se combattre et ces conflits, à
leur tour, génèrent des remords. Afin
de mettre un terme à l'ignorance de ces
chefs d'états, les sages leur transmettaient
la sagesse. Au temps jadis, Ô Rama, les rois
recevaient cette sagesse et la
chérissaient ; c'est ce qui lui valut
son nom de Raja Vidya, Science Royale.
Née de la pure discrimination, la plus haute
forme de détachement a vu le jour dans ton
cur, Ô Rama, et elle dépasse le
détachement dû à des
circonstances particulières ou à un
profond dégoût. Il faut certainement
attribuer un tel détachement à la
grâce de Dieu. Cette grâce accompagne
la discrimination arrivée à
maturité, à l'instant précis
où le détachement est
généré dans le cur.
Tant que la plus haute sagesse ne point pas dans le
cur, la personne est assujettie à
cette roue de la naissance et de la mort. Je t'en
prie, écoute bien l'exposé que je
vais te faire de cette sagesse, en concentrant ton
esprit.
Cette sagesse détruit la forêt de
l'ignorance. Errer dans cette forêt
entraîne la confusion et des tourments
apparemment sans fin. Il convient donc de
rechercher un instructeur éclairé et,
ayant adopté l'attitude juste, de lui poser
la bonne question et d'obtenir de lui
l'enseignement. Celui-ci devient alors partie
intégrante de soi-même.
L'insensé pose des questions stupides avec
irrévérence ; et plus bête
encore est celui qui méprise les paroles du
sage. Mais l'homme qui répond aux vaines
questions d'un insensé n'a sûrement
rien d'un sage.
Ô Rama, tu es assurément le meilleur
des chercheurs, car tu as réfléchi
à la Vérité comme il convient,
et tu es inspiré par la meilleure forme de
détachement. Je suis convaincu que ce que je
vais te dire trouvera une ferme assise dans ton
cur. Au vrai, c'est dans son cur qu'il
faut faire tout son possible pour installer la
sagesse sur un trône car le mental est aussi
instable qu'un singe. Et, alors, il faudrait fuir
la compagnie des gens qui n'ont que faire de la
sagesse.
Rama, quatre gardiens défendent
l'entrée de moksha, le Royaume de la
Liberté : la maîtrise de soi,
l'esprit d'investigation, le contentement, et la
bonne compagnie. Le chercheur épris de
sagesse devrait assidûment cultiver
l'amitié de ces quatre gardiens, ou au moins
de l'un d'entre eux.
VASISTHA
poursuivit :
Le cur pur et l'esprit réceptif,
dégagé du voile du doute et de
l'agitation du mental, Ô Rama, écoute
cet exposé sur la nature de la
libération et les moyens d'y parvenir. Car
les terribles tourments de la naissance et de la
mort ne prendront fin qu'une fois
réalisé l'être suprême.
Si ce serpent mortel de la vie ignorante n'est pas
terrassé ici et maintenant, il
entraîne d'interminables souffrances non
seulement pendant cette vie-ci, mais au cours
d'innombrables existences à venir. On ne
peut ignorer cette souffrance, mais il faudrait la
vaincre au moyen de la sagesse que je vais te
transmettre.
Ô Rama, si tu viens ainsi à bout de ce
tourment de l'histoire qui se répète
[samsara], tu vivras ici même sur
terre tel un dieu, comme Brahma ou Vishnou !
Car, une fois l'illusion dissipée et la
Vérité atteinte au moyen de
l'investigation sur la nature du soi, lorsque
l'esprit est en paix et que le cur
accède d'un coup à la
Vérité suprême, quand sont
retombées toutes les vagues des
pensées au sein de l'activité
mentale, que s'établit un incessant courant
de paix et que le cur se voit comblé
du bonheur suprême de l'absolu, quand la
Vérité a été ainsi
perçue dans le cur, alors ce monde
même devient une demeure de
félicité.
Un être parvenu à ce stade n'a rien
à acquérir et rien à fuir. Il
n'est pas souillé par les imperfections de
la vie. Le malheur de la vie ne le touche pas. Il
n'apparaît pas et ne s'en va pas non plus,
même s'il donne l'impression d'arriver et de
repartir aux yeux de ceux qui le voient. Même
les devoirs religieux s'avèrent pour lui
inutiles. Il n'est pas affecté par les
tendances passées qui ont perdu leur force.
Son esprit a renoncé à l'agitation et
il repose dans la félicité qu'est sa
nature essentielle. Une telle béatitude
n'est possible que grâce à la
connaissance de Soi. Aucun autre moyen ne permet
d'y goûter. Voilà pourquoi il faut
constamment s'appliquer à la connaissance de
Soi. C'est le seul devoir qui nous incombe.
Qui néglige les textes sacrés et les
saints ne parvient pas à la connaissance de
Soi. Pareille bêtise est plus nocive que tous
les maux qui assaillent ce monde. C'est donc avec
ferveur qu'il convient d'écouter ce texte
sacré qui aboutit à la connaissance
de Soi. Qui se procure ce livre sacré ne
retombe pas dans le puits obscur de l'ignorance.
Ô Rama, si tu veux te délivrer des
tourments du samsara [l'histoire qui se
répète], accueille l'enseignement
salutaire de sages comme moi, et sois libre.
VASISTHA
poursuivit :
Afin de franchir ce formidable océan du
samsara [l'histoire
répétitive], on devrait recourir
à ce qui est éternel et immuable.
Ô Rama, le meilleur de tous les hommes est
seulement dont l'esprit est établi dans
l'éternel et possède donc une
parfaite maîtrise de soi et baigne dans la
paix. Il voit que plaisir et douleur se
pourchassent sans répit et que la
maîtrise de soi et la quiétude font
partie de la sagesse. Qui ne s'en aperçoit
pas dort dans une maison qui est la proie des
flammes.
Qui acquiert la sagesse de l'éternel ici-bas
se voit libéré du samsara, et ne
renaît plus dans l'ignorance. On peut douter
de l'existence d'une Vérité aussi
immuable ! Si tel est le cas, ça
n'empêche quand même pas de
s'interroger sur la nature de la vie, car la
quête de l'éternel adoucira la
souffrance due aux changements de l'existence.
Mais, si l'homme découvre que cette
Vérité existe, en la connaissant il
est libéré.
L'éternel ne s'obtient pas plus par les
sacrements ou les rituels que par les
pèlerinages ou la richesse. On n'y parvient
qu'en conquérant le mental, en cultivant la
sagesse. Qu'ils marchent, qu'ils soient victimes
d'une chute ou restent assis, tous sans exception
dieux, démons, demi-dieux ou humains
devraient donc constamment rechercher la
conquête du mental et la maîtrise de
soi qui sont les fruits de la sagesse.
Une fois apaisé pur, tranquille,
libre de l'illusion ou de l'hallucination et
dégagé des désirs le
mental n'aspire plus à rien ni ne rejette
rien non plus. C'est la maîtrise de soi ou la
conquête du mental, l'un des quatre gardiens
mentionnés plus haut qui veillent sur le
chemin de la libération.
Tout ce qui est bon et propice découle de la
maîtrise de soi. Celle-ci dissipe tout mal.
Nul plaisir, en ce monde ou au ciel, ne peut se
comparer à la délectation de la
maîtrise de soi. La grande joie que l'on
goûte en présence de qui
possède la maîtrise de soi est unique
en son genre. Tout le monde accorde
spontanément sa confiance à un tel
être. Personne ne le déteste [pas
même les diables et les
démons].
La maîtrise de soi, Ô Rama, est le
meilleur remède à toutes les maladies
physiques et mentales. Quand il y a
impassibilité, la nourriture a meilleur
goût. Qui a revêtu l'armure du
sang-froid n'est plus le jouet de la
souffrance.
Est vraiment maître de soi-même celui
qui, entendant, touchant, voyant, sentant et
goûtant ce qui est jugé
agréable ou désagréable ne
s'en trouve ni transporté de joie ni le
moins du monde attristé. Est maître de
soi-même celui qui a soumis les sensations de
plaisir et de douleur et porte sur tous les
êtres un regard égal. Est maître
de soi-même celui qui vit parmi les hommes
sans être affecté par aucun, qui
n'éprouve ni joie ni haine ainsi
qu'il en est pendant le sommeil.
VASISTHA
poursuivit :
L'investigation [deuxième gardien sur la
voie de la libération] devrait
être entreprise par une intelligence
purifiée d'avoir approfondi les saintes
Écritures. Il ne faudrait jamais
l'interrompre. Cette investigation aiguise
l'intelligence qui devient capable de
réaliser le Suprême. Voilà
pourquoi l'investigation est le seul remède
parfaitement adapté à
l'éradication de la longue maladie connue
sous le nom de samsara.
Le sage considère la force, l'intellect,
l'efficacité et l'action opportune comme les
fruits de l'investigation. Le fait est que royaume,
prospérité, jouissance de la vie et
libération définitive sont tous
fruits de l'investigation. L'esprit de
l'investigation protège l'homme des
calamités qui affligent l'insensé
dénué de réflexion. Quand
l'esprit s'est émoussé du fait de
l'absence d'investigation, même les
rafraîchissants rayons de la lune se muent en
armes mortelles, et l'imagination enfantine
projette un démon dans chaque coin
d'obscurité. Cela explique que
l'insensé qui ne s'interroge pas sur son
être essentiel soit vraiment un puits de
souffrance. C'est l'absence d'investigation qui
entraîne des actions préjudiciables
à qui les commet ainsi qu'à autrui,
sans parler de nombre de maladies psychosomatiques.
Il convient donc de fuir la compagnie d'individus
aussi déraisonnables. Ceux dont l'esprit
d'investigation est sans cesse
éveillé illuminent le monde,
éclairent tous ceux qui les contactent,
dissipent les spectres créés par
l'esprit ignorant, et prennent conscience de la
fausseté des plaisirs des sens et de leurs
objets. Ô Rama, à la lumière de
l'investigation, il y a réalisation de
l'éternelle Réalité
immuable ; c'est-là le Suprême.
À ce stade, l'homme ne souhaite plus rien et
ne rejette rien non plus. Un tel être est
délivré de l'illusion et de
l'attachement ; il n'est pas inactif et n'est
pas noyé dans l'action ; il vit et
fonctionne en ce monde et, au terme de la
durée naturelle de son existence, il atteint
l'état bienheureux de la liberté
absolue.
L'il de l'investigation spirituelle n'est
jamais frappé de cécité,
même au beau milieu de toutes les
activités. Il faut vraiment avoir
pitié d'un homme qui ne possède pas
cet il. Mieux vaut naître grenouille
enfouie dans la vase, ver dans la bouse, serpent au
fond d'un trou, que d'être privé de
cet il. Qu'est-ce que l'investigation ?
S'interroger ainsi : "Qui suis-je ?
Comment ce mal du samsara [l'histoire
répétitive] a-t-il vu le
jour ?" De telles questions constituent la
véritable investigation. La connaissance de
la Vérité découle de pareille
enquête sur soi-même. La connaissance
ainsi acquise inonde l'être de
tranquillité ; puis advient la paix
suprême qui passe l'entendement, ainsi que la
fin de toute souffrance.
[vichara ou l'investigation n'est ni
raisonnement ni analyse ; c'est plonger
directement le regard en
soi-même]
VASISTHA
poursuivit :
Le contentement est un autre gardien sur le chemin
de la libération. Celui qui s'est
délecté du nectar du contentement ne
trouve aucun attrait aux plaisirs des sens. Nul
délice en ce monde n'égale la
suavité du contentement qui détruit
tout péché.
Qu'est-ce que le contentement ? Renoncer
à tout désir d'obtenir ce que l'on
n'a pas, et se satisfaire des
événements qui adviennent
d'eux-mêmes sans en être ravi ni
attristé voilà ce qu'est le
contentement. Tant que l'homme n'est pas
établi dans la satisfaction du soi, il sera
le jouet de la souffrance. Avec l'avènement
du contentement, fleurit la pureté du
cur. L'homme comblé, à qui rien
n'appartient, possède le monde.
Le satsang [commerce des sages, saints et
illuminés] est un autre gardien sur la
voie de la libération. Le satsang
accroît l'intelligence, détruit
l'ignorance et la détresse. Quel qu'en soit
le prix, même si les difficultés ne
manquent pas et si bien des obstacles se dressent
sur le chemin, on ne devrait jamais négliger
le satsang. Car le satsang est la seule
lumière qui se puisse trouver sur la voie de
la vie. En vérité le satsang
dépasse toutes les autres formes de
pratiques religieuses : charité,
austérités, pèlerinages et
rituels. Il faudrait faire tout ce qui est en notre
pouvoir pour vénérer et servir les
saints qui ont réalisé la
Vérité et dont le cur est
dégagé des ténèbres de
l'ignorance. D'autre part, ceux qui manquent de
respect à l'égard de tels êtres
se préparent de grandes épreuves.
Ces quatre éléments
contentement, satsang [commerce des sages],
esprit d'investigation et maîtrise de soi
constituent les moyens les plus sûrs
de se sauver et de ne pas périr noyé
dans cet océan du samsara [l'histoire
répétitive]. Le contentement est
l'acquisition Suprême. Le satsang est le
meilleur compagnon de route. L'esprit
d'investigation est la plus grande sagesse. Et la
maîtrise de soi est l'apogée du
bonheur. Si tu es incapable de les pratiquer tous
les quatre, mets-en un en application. En observant
assidûment l'un d'entre eux, les autres se
développent en toi. La plus haute sagesse te
trouvera d'elle-même. Tant que tu n'as pas
dompté l'éléphant sauvage de
ton mental à l'aide de ces nobles
qualités, tu ne peux progresser en direction
du Suprême, même si tu deviens un dieu,
un demi-dieu, ou un arbre. Par conséquent,
Ô Rama, efforce-toi coûte que
coûte de cultiver ces nobles
qualités.
VASISTHA
dit :
Un homme doté des qualités
énumérées jusqu'ici est
à même d'écouter ce que je
m'apprête à révéler. Tu
remplis assurément les conditions requises,
Ô Rama. Seul un être mûr pour la
libération souhaite entendre pareille chose.
Mais cette révélation est capable de
conduire à la libération même
ceux qui n'en éprouvent point le
désir, de la même façon qu'une
lumière a le pouvoir d'éclairer aussi
les yeux d'une personne endormie. Lorsqu'on
comprend que la corde qu'on prenait à tort
pour un serpent n'est qu'une simple corde, toute
peur s'évanouit. Semblablement,
l'étude de cette sainte Ecriture
libère des tourments du samsara.
Ce texte sacré compte 32000 distiques. La
première partie intitulée Vairagya
Prakaranam traite du détachement et transmet
la connaissance de la véritable nature de la
vie en ce monde. L'étude attentive de ces
1500 distiques purifie le cur.
La partie suivante, Mumuksu Vyavahara Prakaranam,
relative au comportement d'un être en
quête de libération, compte 1000
distiques qui décrivent les capacités
requises pour la recherche spirituelle.
Ensuite on trouve Utpatti Prakaranam qui explique
la création en 7000 distiques. On peut y
lire nombre d'histoires édifiantes qui
aident à illustrer la grande
Vérité que voici : du fait de
l'interaction des conceptions erronées de
"ceci" et de "je", l'univers qui n'a jamais
été créé donne
l'impression d'être.
Puis vient Sthiti Prakaranam, ensemble de 3000
distiques qui traitent de l'existence. Cette partie
est également riche en histoires qui
permettent de révéler la
vérité en ce qui concerne l'existence
de ce monde et son substrat.
Les 5000 distiques de l'Upasanti Prakaranam
traitent de la cessation. En les écoutant,
la perception illusoire du monde prend fin pour ne
laisser que des vestiges d'ignorance.
Enfin arrive la partie consacrée à la
libération, Nirvana Prakaranam, qui compte
14500 distiques. L'étude et la
compréhension de ce texte détruisent
l'ignorance fondamentale et, une fois
dissipées les illusions et hallucinations de
toutes sortes, advient la liberté totale.
Bien que toujours vêtu d'un corps physique,
l'homme vit alors comme s'il en est
délivré. Il est libéré
de tous les appétits et de tous les
désirs, de tout attachement et de toute
aversion. Il se trouve dégagé du
samsara [l'histoire
répétitive]. Ici et maintenant,
le voilà libéré du
démon de l'égoïté. Il
s'est uni à l'infini.
VASISTHA
poursuivit :
Qui sème la semence de la connaissance de
cette sainte Ecriture ne tarde pas à
récolter les fruits de la réalisation
de la Vérité. Il convient d'accepter
un exposé de la Vérité,
même d'origine humaine. Sinon il faut tout
rejeter, y compris ce qui est
considéré comme une
révélation divine. Même les
paroles d'un enfant doivent être
acceptées si ce sont des paroles de sagesse.
Si tel n'est pas le cas, rejette-les comme on
rejette la balle du grain, même si elles
sortent de la bouche de Brahma le
créateur.
Qui écoute et médite l'exposé
de ce texte sacré acquiert une sagesse
insondable, une foi inébranlable et un
sang-froid à toute épreuve. Il ne
tarde pas à devenir un sage
libéré à la gloire
indescriptible.
Le sage qui jouit de la vision infinie voit
d'innombrables univers au sein de l'unique
intelligence indivisée, car il a
percé à jour la magie de maya,
l'illusion cosmique. Il voit l'infini dans le
moindre atome, et n'est donc pas attaché
à la montée et à la chute des
idées de création. Voilà
pourquoi il se trouve toujours satisfait. Il ne
rejette pas ce qui est mis sur son chemin et qu'il
n'a pas recherché. Il ne court pas non plus
après ce qui lui a été
enlevé, et ne le regrette pas davantage.
Rehaussé de nombre d'histoires
passionnantes, ce texte ne pose pas de
problème de compréhension. Qui
l'étudie et s'en pénètre n'a
pas besoin de s'astreindre à des
austérités, de pratiquer la
méditation ou de répéter des
mantras, car qu'est-ce qui dépasse la
libération qu'octroie l'étude de
cette sainte Ecriture ?
Qui étudie ce texte et en saisit
l'enseignement n'est plus le jouet de l'apparence
du monde. Quand on s'aperçoit que le serpent
mortel qui se trouve là-bas n'est qu'un
simulacre, on n'en a plus peur. Quand l'apparence
du monde est envisagée en tant qu'apparence,
elle ne produit ni joie ni tristesse. Il est
vraiment fort regrettable qu'alors qu'un tel texte
existe, les gens recherchent les plaisirs des sens
générateurs de grandes
souffrances.
Ô Rama, quand nous est exposée une
vérité dont nous n'avons pas fait
l'expérience personnelle, nous ne pouvons la
saisir que par le biais d'exemples. Des exemples de
ce type ont été utilisés ici
dans un but précis et une intention bien
déterminée. Ils ne doivent pas
être pris littéralement, et leur
portée ne doit pas outrepasser l'intention
initiale. Quand le texte est étudié
de cette façon, le monde se
révèle être une vision
imaginaire. En vérité, c'est pour
nous en convaincre que les exemples ont
été choisis ; ils n'ont pas
d'autre objet. Qu'aucun intellect pervers
n'interprète mal les exemples
proposés dans cette sainte Ecriture.
VASISTHA
poursuivit :
Les paraboles n'ont qu'un but : permettre
à qui les entend d'accéder à
la Vérité. La découverte de la
Vérité est si essentielle que toute
méthode raisonnable visant à y
parvenir est justifiée, bien que les
paraboles elles-mêmes puissent être
imaginaires. Les paraboles ne sont applicables
qu'en partie à la Vérité
qu'elles sont chargées d'illustrer, et il
convient de ne s'attacher qu'à cette partie
et de ne pas tenir compte du reste. L'étude
et la compréhension des Écritures au
moyen d'exemples et avec l'aide d'un instructeur
compétent ne sont nécessaires que
tant qu'on n'a pas réalisé la
Vérité.
Je répète que cette étude doit
se poursuivre jusqu'à réalisation de
la Vérité. On ne devrait pas
s'arrêter avant l'éveil complet. Une
connaissance partielle de cette sainte Ecriture
entraîne une confusion qui perturbe encore
davantage. Ne pas reconnaître l'existence de
la paix suprême dans le cur et admettre
la réalité de facteurs imaginaires
représentent deux errements imputables
à une connaissance imparfaite et à la
logique tordue qui en résulte.
De même que l'océan est le substrat de
toutes les vagues, seule l'expérience
directe est le fondement de toutes les preuves
l'expérience directe de la
Vérité telle qu'elle est. Ce substrat
est l'intelligence en état
d'expérience qui devient elle-même la
personne qui vit l'expérience, le fait de
l'expérience, et l'expérience
elle-même. Seule l'expérience en train
de s'accomplir est le fait. Pourtant, dans un
état de non-compréhension, cette
expérience occupée à
s'accomplir donne l'impression d'avoir un sujet
[la personne qui fait l'expérience].
La sagesse née de l'esprit d'investigation
dissipe cette non-compréhension et
l'intelligence indivisée brille dans son
propre éclat. À ce stade, même
l'esprit d'investigation devient superflu et se
dissout.
De même que le mouvement est inhérent
à l'air, la manifestation [en tant
qu'esprit subtil qui perçoit et qu'objets
grossiers perçus] est inhérente
à cette intelligence en état
d'expérience. Et, du fait de son ignorance,
le mental qui perçoit pense "je suis tel et
tel objet" et, pour cette raison, devient cela.
L'objet n'est connu qu'au sein du sujet qui en fait
l'expérience, pas ailleurs !
Rama, en attendant que cette sagesse éclose
directement en toi, remets-t-t'en à la
connaissance transmise par les grands instructeurs.
Quand tu recevras cette connaissance des grands
instructeurs, ton comportement reflètera le
leur ; et quand tu grandiras ainsi dans leurs
vertus, ta sagesse s'épanouira au-dedans de
toi-même. La sagesse et l'émulation
inspirée par le noble comportement des
saints s'enrichissent mutuellement !
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