33-42
Quels que fut le nombre de mes actes ignobles
et disgracieux, tu les as tous
tolérés et pardonnés, me
consolant par ton amour. Bien que mon comportement
fut plus abject que celui dun chien, tu ne
mas pas rejeté avec dédain
mais, comme le ferait une mère attentive tu
as fait preuve damour à mon
égard, et tel un père tu mas
dirigé avec des conseils laconiques et
concis. Hélas, est-il possible pour
lidiot que je suis dappréhender
par son esprit et de transmettre fidèlement
ces enseignements, alors que, par manque de
discernement, je considère les choses
éphémères comme permanentes et
que, comme un fantôme, je me meus dans la
crainte parmi elles ?
43-48
Mon Seigneur, goujat que jétais,
aucune de mes supplications ne furent vaines alors
que tu composas de nombreuses stances diversement
versifiées à ma demande, selon des
règles classiques, avec une telle aisance
comme si cétait un jeu pour toi. De
surcroît, pour satisfaire mon souhait tu
composais aussi un chant intitulé Atma
Vidya Keerthanam [Le chant de la
connaissance de Soi]. Louanges à toi
!
49-56
La réunion de rishis [dans la
forêt de Dharuka] était devenue
aveugle, telles les chouettes le jour, en la
présence du soleil non-duel de la vraie
connaissance. Leur il intérieur de
grâce obscurci, bouché, ils suivirent
la voie montrée par lego obscur
[qui avait déclaré quil
nexiste dautre Dieu que le karma].
Cest alors que tu leur es apparu, que tu as
détruit leur arrogance et que tu leur as
montré comment connaître la
réalité. Cette instruction qui leur
fut dispensée, tu nous las
répétée plus tard, à
nous tes disciples, sous la forme dune
série de versets explicatifs [Upadesa
Undiyar]. Louanges à toi !
57-62
Qui plus est, lorsque je te demandais de
surcroît : "Sil te plaît dis-moi
comment lasservissement de la naissance et de
la mort peut-il être interrompu pour moi, ton
disciple ?", tu nous donnas luvre
divine dUlladu Narpadu qui
révèle clairement les moyens par
lesquels on peut rompre le lien du faux ego et
faire que la réalité brille en tant
que Soi.
63-66
"Le désir même est naissance, et
lextinction du désir est
libération là où la
félicité suprême jaillit
continuellement !" Sois loué, toi qui en
tant que mon Guru, est venu régner sur mon
clan entier, et dont la bouche fit
sépanouir ces paroles de grâce
!
Lidée développée ici
peut être retracée au verset 361 du
Tirukkural, une uvre que Muruganar
appréciait tout particulièrement :
"Le désir, disent-ils, est la graine qui
engendre des naissances
répétées sans fin pour tous
les jivas de toutes les époques."
Muruganar développa cette idée dans
les lignes 242-243 de Ramana Puranam, le
premier poème du Sri Ramana Sannidhi
Murai : "
Le désir devint la
graine qui engendra la succession sans fin des
naissances, faisant exister limmense et
maléfique arbre qui est lillusion de
la naissance [et de la mort]."
67-68
Louanges à toi qui déclara :
"Accroches-toi fermement à Cela qui ne
saccroche à rien, de sorte quil
sensuive un ferme attachement [à
Cela]."
Cette upadesa de Bhagavan fut notée sous
une forme plus étendue dans Padamalai
[édition anglaise, p. 78 &
édition française, p. 105]
:
123. Maintenez le cap qui
consiste à se cramponner à celui qui
na ni liens ni attachements. En restant ainsi
fixé sur cette voie, vous vous
débarrassez [de ces liens et
attachements] qui vous lient au monde.
124. Si vous agrippez
fermement celui qui est sans liens, votre propre
lien au non-Soi sévanouira. Une fois
[cet attachement au non-Soi]
évanoui, le fait dagripper celui qui
na pas de liens cessera également, et
tous les liens et attachements prendront fin.
69-74
Sois loué toi qui me fit me fondre dans
létendue de la conscience avec ces
paroles dor : "En-dehors de toi, il ny
a pas de monde ; ces entités
co-dépendantes que sont Dieu et le jiva,
toutes deux ne sont pas ! Conséquemment, tu
es toi-même la réalité pleine
et entière !"
Sois-tu loué qui affirma : "Le monde, le
jiva et Dieu, bien quapparemment existants,
sont de simples formes pensées, rien de plus
!"
Muruganar révisa ce poème
après sa première édition et
la version qui se trouve dans lédition
tamoule de Sri Ramana Sannidhi Murai
nest pas la version finale. Dans Sri
Ramana Jnana Bodham, volume neuf, p. 373,
Muruganar écrivit que les lignes 75 à
98 de luvre publiée devraient
être remplacées par celles qui
suivent. Pour se plier à sa requête,
nous les avons numérotées 75a
à 101a afin de les différencier de
celles qui figurent dans Sri Ramana Sannidhi
Murai.
75a-76a
"Lendroit doù émerge
ullal [la pensée] et où elle
se résorbe est ullam [le
Cur]." Voilà comment tu as
défini ullam. Sois loué !
Ces deux lignes, et celles qui suivent, sont un
développement et une explication du premier
verset invocatoire dUlladu Narpadu.
Comme cest un jeu de mots libre avec la
syllabe tamoule "ul", qui est la racine dun
verbe qui signifie "être", le tamoul original
qui comporte ce mot a été
conservé.
Voici ce que dit le Prof. K. Swaminathan au sujet
de ce verset invocatoire :
La première stance, tissée dans un
tamoul très pur, est une affirmation
incontestable et catégorique de
lunité de lêtre, de la
conscience non-divisée et du Cur. Elle
sattarde avec amour sur la racine tamoule
"ul" que tous ces mots ont en commun : être,
penser, cur et espace intérieur, qui
tous sont associés à
lunité et à la
complétude indivisibles. Le verbe "ul"
[être] qui ne se conjugue ni au
passé ni au futur, a été
répété huit fois, le mot
"ullam" [le Cur] trois fois, "ullu"
[penser] trois fois et "unarvu"
[sentir] deux fois ; cest ainsi que
ce "venba" dans son ensemble, par le son, la
suggestion et une claire énonciation, tire
le mental vers lintérieur
jusquau cur même
dêtre-conscience. [Ramana
Maharshi, K. Swaminathan, p. 91]
77a-78a
Tu as déclaré : "Comme ulladu
[la réalité] existe au sein
dullam même [le Cur],
ulladu [la réalité]
elle-même peut être
considérée comme étant ullam
[le Cur]." Sois loué !
Ulladu, traduit ici par "réalité"
est une combinaison des syllabes "ulla" qui
signifie "est" et "adu" qui signifie "cela". Une
traduction plus littérale donnerait donc :
"cela-qui-est". Ulladu Narpadu [narpadu
signifie "quarante"] pourrait donc être
traduit littéralement en : "Quarante
[sur] Cela-qui-est".
79a-80a
Tu as aussi déclaré : "Comme
lexpérience nam ullam [nous
sommes] existe [là], elle peut
être qualifiée dullam [le
Cur]."
En plus de signifier "le Cur", ullam est
aussi la première personne du pluriel du
verbe "être" : nous sommes. Muruganar fit un
commentaire sur cette combinaison de sens dans une
note explicative au verset 966 de Guru Vachaka
Kovai :
La réalité une, Atma-svarupa,
existe et brille dans le Cur, un sans second.
Apparaissant comme si elle était multiple,
elle brille en tant que "Je-je" en chaque individu,
lesquels semblent être nombreux à
cause des upadhis [idées restrictives et
associations], et donc, le terme pluriel
dullam, [nous sommes] convient. Comme
le Cur est lendroit où existe et
brille lAtma-svarupa, en tamoul le Cur
est ullam. Ullam ici donne simultanément les
deux sens. [Padamalai, éditon
anglaise, p. 31 & édition
française, p. 55]
Bien quen tamoul moderne, le suffixe "am"
dullam indique la première personne du
pluriel [nous sommes], en tamoul ancien
ullam pouvait aussi faire référence
au singulier [suis ou je suis]. Cela tombe
justement bien, car ullam peut alors signifier
à la fois "je suis" et "le Cur". Sadhu
Om fit ce lien dans son commentaire du verset 712
de Guru Vachaka Kovai : "Comme en tamoul
ullam, qui signifie "Cur", signifie aussi am
ou le rayonnement de la Réalité, "Je"
: la Réalité, est appelée
ullam. [La traduction initiale de Sadhu Om fut
publiée pour la première fois en
septembre 2005]
81a-82a
Tu as déclaré : "Ullaporul [ce
qui existe], qui est nommé ullam,
nest pas une forme pensée." Sois
loué !
Ci-dessous figure la translittération du
premier verset de bénédiction,
découpé en les mots qui le composent,
suivi de sa traduction en français. La
syllabe "ul" a été mise en
gras :
ulladu aladu ulla unarvu
ulladu o
ullaporul ullal ara ullatte
ullataal ullam enum
ullaporul ullal evan ullatte
ullapadi
ullade ullal unar
Peut-il exister un être-conscience
séparé de ce qui est
[éternellement] ? Comme cette
réalité existe dans le Cur,
libre de toute pensée, qui peut alors
méditer sur cette Réalité
appelée le Cur ? Saches que demeurer
au sein du Cur, tel quil est, est
véritablement méditer [sur le
Cur].
Le son "ul" de ce verset se prononce avec la langue
repliée vers larrière, le
dessous du bout touchant le palais et non les dents
du fond. Cela donne au son un fort composant nasal.
Pendant le chant, la répétition
dun "ul" nasal ponctue le verset tel un
leitmotiv, qui appuie de façon
répétée son thème
principal, qui est quêtre est à
la fois la nature fondamentale du Soi et le moyen
den faire lexpérience.
À cause de son jeu élégant sur
la syllabe "ul" et sa forme métrique
stricte, le premier verset invocatoire est
largement considéré comme un tour de
force littéraire. Les commentaires
approbateurs qui suivent furent reçus par
Kunju Swami dun érudit tamoul
éminent :
Une fois, à loccasion dun
pèlerinage, je visitai différents
maths avant de marrêter à celui
de Sri Santhalinga à Peraiyur. A cette
époque, Veerasubbia Swamigal sy
reposait parce quil ne se sentait pas bien.
Quand jallai recevoir son darshan, il
senquit gentiment de la santé de Sri
Bhagavan et de lashram en
général. Il regarda également
le carnet que javais avec moi.
Découvrant à lintérieur
les strophes dUlladu Narpadu
recopiées de la belle écriture de Sri
Bhagavan lui-même, il me demanda de les lui
lire tout haut. Il apprécia tellement la
première strophe en forme dinvocation,
quil me pria de la lire trois fois.
Après la troisième lecture, il fit la
remarque suivante, "Cest une strophe
dune grande profondeur. Pas seulement cela,
on y retrouve toutes les élégantes
caractéristiques de la prosodie.
Jusquà présent javais le
sentiment que votre swami était un adepte du
"saint repos" [rester tranquille] et de
rien dautre, mais maintenant je
découvre quil est aussi lauteur
superbe dune poésie magnifique. Le
venba est un mètre difficile auquel peu de
poètes osent se frotter. Bhagavan a
composé lintégralité des
quarante-deux strophes dans ce mètre et il
sen est servi pour transmettre les
idées philosophiques les plus abstruses.
Mais cette première strophe en forme
dinvocation est le joyau qui couronne le
tout :
Si la Réalité
[lÊtre] nexistait pas, la
conscience "suis" pourrait-elle exister ?
Puisque la Réalité existe dans le
Cur, dénuée de pensée,
comment méditer sur cette
Réalité dont le nom est "Cur".
Demeurer dans le Cur tel quel, cela seul est
méditation. [The Power of the
Presence, part two, éditon anglaise, pp.
78-79 : à paraître en français
en 2021]
83a-92a
Tu as déclaré : "Être
conscient de la réalité et avoir
conscience des choses qui nous entourent ne
sauraient se produire en dehors de cette
réalité." Sois loué !
"Par conséquent, lendroit où
tout existe est le Cur." Cela tu le
déclaras. Sois loué !
Tu as déclaré : "Comme ceux qui ont
[vraiment] vu ne voient rien dautre
que leur propre Soi, penser [à quelque
chose qui soit autre que le Soi] est
incompatible avec cet état." Sois
loué !
Tu as déclaré : "À moins
datteindre le trône du Cur, il
est impossible de voir la brillante lumière
de la réalité." Sois loué
!
Tu as déclaré : "Si lon plonge
au-dedans et que lon atteint le lieu
doù elle émerge, la
pensée dont la nature est celle du soi
individuel, cessera dêtre." Sois
loué !
93a-101a
Donc, les soi individuels nayant
dautre forme que la pensée ne peuvent
quimaginer au moyen du faux mental la
réalité libre des formes
pensées, ils ne peuvent pas la concevoir tel
quelle est. À la façon dont la
réalité réside au sein du
Cur dégagée des formes
pensées, quand le soi individuel
réside de la même façon dans le
Cur, libre des formes pensées, il
médite alors sur la réalité.
Cest ainsi que tu nous las
expliqué. Sois loué !
La section qui suit est tirée de Sri
Ramana Jnana Bodham, volume neuf, p. 306.
Muruganar rédigea ces lignes [que nous
avons intitulées "encart 1-16"]
après que le poème original ait
été publié dans Sri Ramana
Sannidhi Murai. Il laissa une note dans ses
papiers comme quoi elles devraient être
incluses à ce point du poème. Alors
que la section qui les précède donne
une explication des enseignements exposés au
verset invocatoire dUlladu Narpadu,
ces nouvelles lignes reprennent le sujet du
deuxième verset invocatoire. Ce verset dit
:
Ces personnes ayant profondément peur de
la mort, prendront pour leur protection refuge aux
saints pieds du Seigneur Shiva, qui lui, est sans
naissance ni mort. En prenant ainsi refuge [en
Lui] ils souffrirent leur propre mort. Dans cet
état sans mort, la pensée de la mort
demeure-t-elle alors pour eux ?
Encart 1-16
"Seuls ceux dont lesprit est agité
à lextrême par la peur de la
mort sont aptes à cheminer sur la
traversée [de locéan du
samsara]. Ils sont mûrs et
compétents." Par amour, tu mas
déclaré cela, mon Père.
Ceux qui se cramponnent au refuge suprême que
sont les pieds aux chevilles ceintes des anneaux de
guerrier du Seigneur au-delà de la naissance
et de la mort, lequel a châtié
même le dieu de la mort pour épargner
son disciple [Markandeya], seront par suite
de ce cramponnement placés sous son pouvoir.
Leur lien intérieur, quest lego,
sera détruit en même temps que tous
les autres liens qui dépendent de
lego. La graine de lego ne pourra plus
germer en eux comme avant. Ils seront
transformés et absorbés par le
Cur et demeureront en tant que
vérité de leur propre Soi. Il sera
incohérent que la pensée de la mort
émerge en ceux dont lego est mort.
Voici ce que tu as déclaré ! Sois
loué !
Tout en déclarant : "Tel est
létat de limmortalité",
tu transmis gracieusement en paroles cet
enseignement dambroisie à
lâme de ce que je suis, ton disciple.
Sois loué !
Alors que le père de Markandeya
était sans enfant, il pria Shiva de lui
donner un fils. Shiva se présenta à
lui et lui donna le choix entre un fils dur
à la détente qui vivrait une vie
entière ou un fils intelligent et
dévoué qui ne vivrait pas plus de
seize ans. Le père choisit le fils
intelligent et dévoué. Quand
Markandeya eut seize ans, Yama, le dieu de la mort,
vint le chercher en tentant de lattraper au
lasso. La corde lia Markandeya au lingam quil
était en train de vénérer
à ce moment. Shiva, qui prit cela pour une
insulte personnelle, apparut et tua Yama à
coups de pieds. Cependant, plus tard, Shiva
sapaisa et ramena Yama à la vie. Pour
que Markandeya reste en vie et que le sort originel
ne se réalise pas, Shiva donna lordre
quil demeure un garçon de seize ans
pour le restant de ses jours.
Lenseignement que Muruganar relate dans
lencart 1-16 est très similaire
à une explication du second verset
invocatoire que Bhagavan donna à David
McIver :
Bhagavan : La seconde stance
[le deuxième verset invocatoire
dUlladu Narpadu] fait la louange
de Dieu avec attributs. Dans la stance
précédente [le premier verset de
bénédiction] il est question
dêtre [le] Soi un ; dans le
présent verset, il est question
dabandon au Seigneur universel.
En outre, le second indique [1] le lecteur
apte, [2] le sujet en question, [3]
la relation et [4] le fruit. Le lecteur
apte est celui qui possède les
compétences. Ces compétences sont le
non-attachement au monde et le désir de
sémanciper.
Tous savent quils doivent mourir à un
moment ou un autre ; mais ils ny
réfléchissent pas en profondeur. Tous
ont peur de la mort ; une telle peur est
momentanée. Pourquoi craindre la mort ?
À cause de lidée
je-suis-le-corps. Tous sont bien conscients de la
mort du corps et de sa crémation
ultérieure. Que le corps soit perdu à
la mort est un fait bien connu. La mort fait
craindre la perte de soi-même à cause
de lidée je-suis-le-corps. La
naissance et la mort ne concernent que le seul
corps ; mais leur surimposition au Soi crée
lidée, lillusion comme quoi la
naissance et la mort auraient un lien avec le
Soi.
Dans leffort pour surmonter la naissance et
la mort, lhomme se tourne vers
lÊtre Suprême pour sa
rédemption. Cest ainsi que naissent la
foi en le Seigneur et la dévotion pour Lui.
Comment le vénérer ? La
créature est sans pouvoir et le Seigneur,
tout puissant. Comment laborder ? Sen
remettre à Lui est tout ce quelle peut
faire ; lentier abandon est le seul moyen.
Donc, elle sabandonne à Dieu.
Labandon consiste à renoncer à
soi-même et à ses possessions en les
remettant au Seigneur bienveillant. Ensuite, que
reste-t-il à lhomme ? Rien - ni
lui-même ni ses possessions. Le corps, sujet
à la naissance et à la mort, ayant
été remis au Seigneur ne
nécessite plus que lhomme sen
soucie. Alors, la naissance et la mort ne suscitent
plus de terreur. La cause de la peur était
le corps ; ce dernier ne lui appartenant plus
pourquoi aurait-il toujours peur ? Et encore,
où se trouve lidentité de
lindividu sujet à la peur ?
Voilà, maintenant le Soi est
réalisé et il en résulte la
félicité. Cest là le
sujet [du verset] : libération de
laffliction et de la misère, et, gain
du bonheur et de la joie. Cest le plus
élevé des biens à atteindre.
Labandon est synonyme de
félicité même. Voilà la
relation.
Le fruit, cest de réfléchir
à la question et datteindre la
connaissance toujours présente, ici et
maintenant. La stance se termine par "les
immortels". [Lenseignement de Ramana
Maharshi, No 567]
Le restant est issu de la version originale
dUpadesa Tiruvahaval.
99-108
La maya nest quactivité
mentale persistant vigoureusement sous forme de
pensées. La destruction du mental est
atteindre le jnana. Voici ce que tu mas
déclaré, méchant et pitoyable
que jétais, tu mas
conforté et fait clairement comprendre. Sois
loué !
Tu as enseigné : "Linvestigation quant
à la nature du mental en utilisant le mental
est le moyen de détruire le mental." Sois
loué !
Tu as déclaré : "Rechercher
assidûment dans les nombreuses
Écritures jusquà la
dernière, lesquelles ne font que donner de
bons conseils, au lieu de réaliser
directement le Soi qui demeure au sein des cinq
enveloppes corporelles, est vain et une perte de
temps." Sois loué !
Ce qui suit est probablement une
référence à un upadesa que
Bhagavan donna dans Qui suis-je ? :
Question : Est-il utile, pour
ceux qui se languissent dêtre
délivrés, de lire des livres ?
Bhagavan : Tous les textes
disent que pour atteindre la délivrance, le
mental doit être réduit au silence ;
cest donc là leur enseignement
définitif ; une fois que cest
assimilé, il nest pas
nécessaire de continuer à lire sans
cesse. Pour réduire le mental au silence, on
doit seulement se demander en soi-même ce
quest son propre Soi ; comment cette
recherche peut-elle se faire dans les livres ? On
devrait connaître son Soi avec son propre
il de sagesse. Le Soi réside à
lintérieur des cinq enveloppes ; les
livres eux, sont en dehors. Comme
linvestigation du Soi doit se conduire en
rejetant les cinq enveloppes, il est futile de Le
chercher dans les livres. Il viendra un moment
où il faudra oublier tout ce qui a
été appris. [Qui suis-je ?
Question-réponse n°23]
109-114
"Lasservissement est la simple
pensée en termes de la paire
dopposés." Tu me las
assuré en limprimant dans mon esprit.
Sois loué !
Père, tu mas exhorté, nul que
jétais, à psalmodier avec un
esprit recueilli, les mots : "Shiva ! Shiva !" Sois
loué ! [tu ajoutas :] "Si tu
examines à qui appartiennent ces
pensées, lasservissement cessera."
Sois loué !
Bien que Bhagavan donnait rarement des mantras,
quand il le faisait, il recommandait
généralement : "Shiva ! Shiva !".
Muruganar reçut ce mantra de Bhagavan, ainsi
que plusieurs autres disciples comme Annamalai
Swami, le frère de Rangan [un des amis
denfance de Bhagavan] et un harijan non
connu.
115-118
Tu as déclaré : "Si vous cherchez
à savoir qui est celui, ou celle, qui est
asservi, vous découvrirez que personne
nest asservi. Donc, lasservissement
nexiste pas et, en conséquence, la
libération nexiste pas non plus." Sois
loué !
Lorigine de ces lignes est probablement le
verset 39 dUlladu Narpadu :
Aussi longtemps que tel un fou, on pense : "Je
suis asservi", les pensées de
lasservissement et de la libération
restent. Mais, se voyant soi-même : "Qui est
cet être asservi ?", seul existe le Soi
éternellement libre et toujours atteint.
Alors que la pensée dasservissement ne
peut demeurer, la pensée de
libération le peut-elle également ?
119-122
"La réalisation du Soi constamment
présent est le plus grand des
accomplissements [siddhi]," tu me las
clairement dit. Sois loué !
"Cest le vrai accomplissement, cest la
libération et cest jnana," tu as
déclaré. Sois loué !
Ceci est un résumé de quelques
unes des idées développées
dans Ulladu Narpadu, verset 35. On ne doit
pas oublier que les enseignements dUlladu
Narpadu furent donnés à
lorigine à Muruganar,
généralement en réponse
à des sujets spécifiques quil
avait lui-même suggérés.
Connaître et être le mental
résorbé la
réalité toujours atteinte, est la
[vraie] siddhi. Toutes les autres siddhis
sont des siddhis gagnées en rêve, et
une fois que lon se réveille :
restent-elles réelles ? Seront-ils
illusionnés par les siddhis alors que,
demeurant dans létat réel, ils
sont débarrassés du [faux]
état ? Connaissez et soyez vous-même
[la réalité]. [Ulladu
Narpadu, verset 39]
123-134
Tu as déclaré : "Comme absolument
rien [dans le Soi] ne peut causer de peur,
il est insensé davoir peur." Sois
loué !
"Ceux qui ont connu cet état se
résorberont [dans le Soi] et ne se
laisseront pas entraîner dans ce monde
transitoire ni ne le laisseront les rendre
perplexe." Voilà comment tu as
expliqué létat du jivanmukti et
comment il se connecte au corps. Sois loué
!
Ignorant que jétais, cela je lai
clairement saisi. Sois loué !
Tu as déclaré : "Quand la
colère monte, déchargez-vous sur la
colère même, car cest votre
ennemi, et détruisez-la." Sois loué
!
"Ne recherchez pas la société des
autres simplement parce quils vous font des
éloges. Accordez plutôt de la valeur
à leurs abus." Sois loué !
Tu as déclaré : "Ayez de
lestime pour ceux-là mêmes qui
vous diffament, comme sils étaient vos
amis les plus chers." Sois loué !
À ce sujet, Bhagavan donna quelques
explications à un visiteur :
Hier, un nouvel arrivant, un jeune homme de
lAndhra, fit part à Bhagavan des
vicissitudes de ses sens ; ce à quoi
Bhagavan répondit : "Tout est dû au
mental. Remettez-le sur le bon chemin." "Tout ceci
est bien, Swami, mais peu importe combien
jessaye de réduire cette
colère, elle resurgit sans cesse. Que faire
?" dit le pauvre garçon.
"Oh, cest ça ? Alors, mettez-vous en
colère contre cette colère ; tout ira
bien", lui dit Bhagavan. Les gens dans le hall
éclatèrent tous de rire. Si une
personne qui se met en colère contre tout ce
quil y a dans le monde, pouvait seulement
sinspecter intérieurement et se
demander pourquoi elle ne se met pas en
colère contre cette colère
même, ne surmonterait-elle alors pas toute
colère ?
Deux ou trois ans auparavant, un disciple qui
pouvait aborder Bhagavan librement lui rapporta
à cinq ou six reprises que quelquun
lavait insulté. Bhagavan
écouta, mais ne dit rien. Comme aucune
réponse némanait de Bhagavan
malgré de nombreuses et diverses plaintes
exprimées de manières variées
et ne pouvant plus se contenir, le disciple
déclara : "Lorsquon minsulte
autant et de façon injustifiée, je me
mets aussi en colère. Peu importe à
quel point jessaye de contenir cette
colère, je ny parviens pas. Alors, que
faire ?"
Bhagavan dit tout en riant : "Que devez-vous faire
? Vous joindre à lui et vous insulter
vous-même, et tout ira bien." Tous
rirent.
Incapable de comprendre, ce disciple dit :
"Cest très bien ! Je dois
minsulter moi-même ?"
"Oui, bien-sûr ! Ce dont ils se moquent,
cest de votre corps, nest-ce pas ? Quel
plus grand ennemi y-a-t-il que ce corps qui est la
demeure de la colère et dautres
sentiments semblables ? Il est
nécessaire que nous le haïssions
nous-même. Sinon, alors que la garde est
baissée et que quelquun se moque de
nous, sachons alors quil est en train de nous
réveiller. Cest le moment den
prendre conscience, de se joindre à lui dans
la moquerie du corps et de le décrier.
À quoi sert de se moquer en retour ? Ceux
qui nous insultent devraient être
considérés comme nos amis. Cest
bon pour nous dêtre parmi de telles
personnes. Si vous adoptez la compagnie de ceux qui
vous adressent des louanges, vous serez
dupés," dit Bhagavan. [En
présence de Ramana Maharshi, Le
témoignage de Suri Nagamma p. 47-48]
135-136
"Les droits dont vous bénéficiez,
les autres en bénéficient
également ; ceux que les autres nont
pas, vous ne les avez pas non plus."
Muruganar nota aussi cet enseignement dans
Guru Vachaka Kovai, verset 817 :
Si dautres bénéficient
dun certain droit, alors on ne peut
soctroyer que ce seul droit. Si un droit est
nié à dautres, il serait
inapproprié de se laccorder à
soi-même.
137-140
Sois loué, Seigneur des Védas,
qui souvent a déclaré : "Le
Cur, doù némerge
pas la pensée "je", est le Soi, la
Réalité suprême non
divisée", révélant ainsi
clairement la nature de létat du
milieu.
"Létat du milieu" est celui dont on
fait lexpérience entre les
états de la veille et du sommeil. Voici la
description quen fit Bhagavan :
Bhagavan :
Lego dans sa pureté est
expérimenté dans les intervalles
entre deux états ou entre deux
pensées. Lego est comme le vers qui ne
lâche une prise quune fois la suivante
agrippée. Sa nature véritable est
connue quand il na plus de prise sur les
objets ou sur les pensées. Vous devez
réaliser lintervalle comme
étant la réalité immuable et
inchangée, votre vrai être,
grâce à la conviction gagnée
par létude des trois états,
jagrat [la veille], svapna [le
rêve] et sushupti [le
sommeil].
[Maharshi's Gospel, pp.
25-26]
141-154
"Ceux qui ont vu leur propre Soi ne voient pas
les autres ; ceux qui voient les autres ne voient
pas leur propre Soi." Voici comment tu as
entièrement expliqué
létat glorieux de mauna, Toi le
Glorieux, Toi qui porte les nobles anneaux de
chevilles du guerrier !
"Bannissez vos anxiétés nocives en
remettant et en confiant tout au Seigneur
tout-puissant !" Tu déclaras. Sois
loué !
Tu as dit : "Ceux qui comprennent le sens profond
des Écritures décriront le monde des
sens et des êtres en lui comme réel
car considéré du point de vue de la
cause ; il sera décrit comme irréel
lorsquil sera considéré du
point de vue de leffet. Il ny a en
réalité là aucune
contradiction. Ces deux points de vue, qui
appartiennent à des personnes dont la
compréhension est à maturité,
ne sont pas contradictoires." Sois loué
!
Tu as déclaré : "Comme le mental
[qui adopte lun ou lautre de ces
points de vue] ne sextériorise
pas, mais demeure dans le Soi, le résultat
final est le même dans les deux cas." Sois
loué !
La "cause" fait ici référence au
Soi non-manifesté, et l"effet" au
monde des noms et des formes. Le monde est
réel lorsquil est connu comme
nétant que le seul Soi, et il est
irréel lorsquil nest
perçu quen tant quobjets
séparés. Muruganar reprit le
même point dans les versets 19 et 20 de
Guru Vachaka Kovai :
19
Comme la cause elle-même [la
réalité] apparaît en tant
queffet [le monde] et, parce que la
conscience la cause de ce vaste monde
décrit dans les sastras comme
nétant que noms et formes est
une vérité aussi évidente que
le fruit du nelli posé sur la paume de la
main, il convient de qualifier ce grand monde de
"réel".
["Nelli"
est le nom tamoul dun petit fruit vert qui
ressemble à une groseille. Ailleurs en Inde,
on lappelle "amla". Dans de nombreuses
régions de lInde, les gens disent :
"
aussi évident que lamla sur la
paume" pour signifier que quelque chose est clair,
aisément perçu, et
irréfutable. Bhagavan a écrit dans
Atma Vidya : "Même pour les plus
infirmes, le Soi est si réel que
comparé à Lui lamla dans la
main apparaît comme une simple illusion."
[uvres Réunies, p.
41]]
20
Les mondes, dont on dit quils sont
au nombre de trois ou de quatorze, sont
réels lorsquils sont
considérés du point de vue de la
cause première [Brahman] car leur
existence en tant que leur nature
[réelle] est ininterrompue.
Cependant, quand lattention ne se porte que
sur les noms et les formes, leffet,
même la cause immarcescible, la
plénitude, semblera inexistante, un
vide.
155-164
En démontrant quêtre
libéré du désir est la voie de
vertu, tu as chassé tous mes désirs
maléfiques. Sois loué !
Par le simple fait de penser à toi, tu es
entré dans mon Cur, et tu es devenu du
nectar pour mon esprit. Sois loué !
Tu as révélé que
lessence dambroisie de tout
apprentissage est de connaître
létat du Soi, le substrat constant de
tous les mondes qui paraissent illusoires aux yeux
de la masse des êtres et dont les plus grands
esprits ne parviennent pas à vérifier
avec certitude la nature du
phénomène. Sois loué !
165-176
Gloire au maître qui confère la
réalisation du jnana en détruisant
lengouement quest le fait
doublier le Soi !
Gloire à toi qui a clairement
révélé ce vrai accomplissement
comme mon Soi véritable, la lumière
indivisible !
Gloire à toi qui est dabord apparu
sous la forme de Dieu, puis en tant que Guru
pendant la phase intermédiaire, et qui enfin
demeura en tant que Moi-Même !
Gloire à toi, qui demeure en tant que
Moi-Même, locéan de
félicité qui mérite ma
dévotion !
177-186
Mais, cet enseignement verbal fut-il la fin ?
Non, tu mas aussi conféré ta
grâce, ce qui me permit de demeurer dans cet
état. Sois loué !
Tu mas traîné vers
lintérieur du Cur, de sorte que
jexpirai dans locéan-Shiva du
jnana véritable. Sois loué !
Tandis que je gît mourant dans cet
océan, de quelle récompense
appropriée puis-je gratifier tes saints
pieds ? Sois loué !
Puisses-tu accepter volontiers, en tant
qu'offrande, la résorption de mon esprit
récalcitrant dans tes pieds sertis
danneaux. Sois loué !
Que tes pieds dor resplendissent !
Que ta grâce dor resplendisse !
Venkata, que ton renom dor resplendisse !
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