Que
règne la paix et l'amour parmi tous les êtres
de l'univers. OM Shanti, Shanti,
Shanti.
"Dès
l'instant où tu t'éveilleras, tu
comprendras
que l'éveil vaut mieux que ce
rêve."
|
|
OUT
est
Un [Ellam Ondre] fut
rédigé au 19è siècle
par un auteur Tamoul inconnu.
|
"Si
tu veux la délivrance, écris, lis et
pratique les instructions contenues dans Ellam
Ondre."
Ramana
Maharshi
PRÉFACE
Comme tous
les êtres vivants, les hommes cherchent
à atteindre le bonheur et à
échapper à la souffrance. Cela vaut
pour la plupart des êtres humains, mais il en
est, d'une tout autre dimension, qui gardent
l'attitude juste, et s'accommodent patiemment du
bien comme du mai qui leur arrive. La compagnie de
tels êtres est autrement profitable que celle
des gens ordinaires. Le bien ne peut advenir au
monde que grâce à ces hommes de
dimension supérieure.
La question se pose alors : qu'est-ce que le vrai
bien ? Malgré l'importance de cette
question, une réponse claire n'a pu
être trouvée, car le "bien" est
déterminé en fonction des
circonstances. Une oeuvre de recherche sur le
sujet, aussi complète fût-elle,
oubliera d'envisager telle ou telle circonstance
déterminante. Par conséquent il
s'avère nécessaire pour tous de
réaliser l'état qui rend apte
à évaluer les situations et à
déterminer ce qu'est le vrai bien.
Cet état est unique. Aucun autre ne lui est
comparable. Bien qu'étant L'Unique, il est
étonnant que pour le "sens commun" il soit
jugé "excessivement rare". Quoi de plus
extraordinaire ?.. Cet état unique est
très clairement décrit dans les
Upanishads. Dans ce livre, j'expose la
même vérité, selon ma
compréhension. je ne prétends pas
à une quelconque originalité. Ce
n'est que mon devoir. Les chapitres de ce livre
sont intimement liés, au point que tel
aspect attendu ici sera traité là. De
plus, certains aspects ne paraissant pas clairs
après une lecture superficielle,
s'éclaireront par une étude plus
approfondie. Mais il y a peut-être plus
à apprendre auprès d'oeuvres ou de
sages majeurs. Mère universelle,
maître véritable, venez-nous en aide
!
l'auteur
|
1. Tout,
incluant le monde que tu vois, ainsi que
toi-même, le témoin du monde : Tout
est Un.
2. Tout ce que tu considères comme
étant moi, toi, lui, elle, et cela : Tout
est Un.
3. Les êtres sensibles, ainsi que
l'inerte et l'insensible [la terre, l'air, le
feu et l'eau] : Tout cela est Un.
4. Le bien-être qui résulte de
la conscience que "Tout est Un", ne peut être
obtenu par une conscience fragmentaire,
séparant les choses et les êtres :
Tout est Un.
|
5.
La connaissance de l'unité de toutes choses
est bonne, autant pour toi que pour les autres :
Tout est Un.
6. Celui qui voit "je suis
séparé", "tu es
séparé", "il est
séparé", etc., agit d'une certaine
façon envers lui-même, et d'une toute
autre façon envers les autres. Il ne peut
s'en empêcher. La pensée "chaque
être est séparé des autres ",
est la graine d'où s'élève
l'arbre de la discrimination arbitraire des actes
en fonction de la diversité des personnes.
Comment pourrait-il y avoir un défaut de
vertu chez celui qui sait qu'il y a unité
entre lui et les autres ? Aussi longtemps que le
germe de la différenciation est
présent, l'arbre correspondant est à
même de fleurir, que l'on s'y attende ou pas.
Il faut donc renoncer à cette faculté
de différenciation. Tout est Un.
7. Question : dans le monde, les choses
paraissent différentes ; comment puis-je
alors considérer le tout comme étant
Un ? Y-a-t-il un moyen d'atteindre à cette
connaissance ? La réponse est celle-ci :
dans un même arbre nous voyons des feuilles,
des fleurs, des fruits et des branches,
différents les uns des autres, et qui
pourtant ne font qu'un, étant tous compris
dans le mot "arbre". Leur racine est la même,
leur sève est la même. Ainsi, toutes
les choses, tous les corps, tous les organismes,
proviennent d'une même source et sont
activés par un seul et même principe
vital : Tout est Un.
|
|
8. Ô
homme de bien ! L'affirmation "Tout est Un"
est-elle bonne ou mauvaise ?
Réfléchis. De même que la
personne qui se voit elle-même comme elle
voit les autres et les autres comme elle-même
ne peut qu'être honnête et juste, de
même comment le mal pourrait-il s'attacher
à celui qui sait qu'il fait un avec les
autres ? Dis-moi s'il existe une meilleure voie
vers le souverain bien que la connaissance de
l'Unité ? Il n'y en a certainement pas.
Comment quelqu'un pourrait-il aimer les autres
mieux qu'en sachant qu'ils sont lui-même ? Il
les connût en tant qu'Unité ; il les
aime en tant qu'Unité, puisqu'en
vérité, ils sont Un.
9. Qui petit partager la paix mentale et le
calme du connaisseur de l'Unité ? Il n'a pas
de soucis. Le bien-être de tous est son
propre bien-être. Une mère
considère le bien-être de ses enfants
comme le sien propre. Cependant son amour n'est pas
parfait, parce qu'elle se croit individuellement
séparée de ses enfants. L'amour d'un
Sage ayant réalisé l'Unité de
toutes choses dépasse, et de très
loin, même l'amour d'une mère. Il n'y
a pas d'autre moyen pour réaliser un tel
amour que la connaissance de l'Unité : Tout
est Un.
10. Sache que le monde dans son ensemble
constitue ton corps impérissable, et que tu
es toi-même la vie perpétuelle du
monde entier. Y-a-t-il du mal à faire ainsi
? Qui a peur de suivre la voie sans blâme ?
Sois téméraire. Les
Védas enseignent cette
vérité. Il n'y a rien d'autre que
toi. Le Souverain Bien t'appartient. Oui, tu es ce
Souverain Bien toi-même. Tout ce que les
autres pourront tirer de toi sera du Bien,
uniquement. Qui donc s'emploierait à agir
contre ses propres corps et âme ? S'il y a un
abcès dans le corps, un remède lui
est appliqué ; même s'il
s'avère douloureux, son objet est de faire
du bien, uniquement. Il en ira de même pour
certaines de tes actions, dont le but sera le bien
du monde. C'est pourquoi tu ne dois pas
t'empêtrer dans la différenciation. En
résumé : le connaisseur de
l'Unité agit de la meilleure des
façons. C'est la connaissance de
l'Unité qui le fait agir. Il ne peut se
tromper. Dans le monde, il est Dieu devenu visible.
Tout est Un.
|
1. Qui
es-tu ? Ce corps, est-ce toi ? S'il en est ainsi,
pourquoi n'as-tu pas conscience du serpent qui
glisse sur lui lorsque tu es en sommeil profond?
Certainement, tu es autre que ce corps.
2. Parfois, dans ton sommeil, tu as un
rêve; alors, tu t'identifies à un
personnage ; ce personnage, est-ce toi ? Non. Ou
alors, que devient-il à ton réveil ?
Tu ne peux être lui. Plus encore, tu as
presque honte de t'être identifié
à lui. Il est clair que tu n'es pas ce
personnage ; tu es celui qui se tient à
l'écart.
3. Souviens-toi à présent de
l'état de sommeil sans rêves. Est-ce
celui de ta nature véritable? Tu ne le crois
sans doute pas, car tu n'es pas insensé au
point de t'identifier à ces épaisses
ténèbres qui t'empêchent de
connaître l'état où tu te
trouves. Grâce à l'intellect, tu es
capable de te distinguer des objets environnants :
comment pourrais-tu admettre que tu es la
même chose que l'ignorance, ou le vide ?
Comment cela pourrait-il être ta
véritable nature ? Ce n'est pas possible. Tu
es le connaisseur qui sait que cet état est
un voile obscur et dense recouvrant ta
véritable nature. L'ayant condamnée
après en avoir fait l'expérience, tu
sais que tu n'es pas cette sombre ignorance du
sommeil profond. Tu es celui qui se tient à
l'écart de cela aussi.
4. Si tu admets que même ce corps
grossier n e est pas toi, peux-tu imaginer
être quel qu'autre chose de plus
éloigné? Non. De même que tu
n'es pas ce corps grossier, tu n'es pas non plus
quelque chose d'autre qui s'en trouverait plus
éloigné ; ni le personnage du
rêve; ni l'ignorance du sommeil profond. Tu
es différent de ces trois états, et
de ce monde.
5. Ces trois états peuvent se
résumer en deux conditions : l'une où
prédomine la conscience sujet-objet [qui
comprend les états de veille et de sommeil
avec rêves], et l'autre, qui est celle de
l'inconscience du sujet lui-même
[comprenant l'état de sommeil
profond]. Toutes les expériences
possibles sont comprises dans l'une ou l'autre de
ces deux conditions. Et elles sont toutes deux
étrangères à ta vraie nature,
qui est toute autre.
6. Si tu te demandes ce qu'elle est, son nom
est Turiya, qui signifie "le quatrième"
[état]. Ce nom est approprié,
car il semble dire : "Les trois états de ton
expérience veille, rêve et
sommeil profond te sont étrangers ;
ton véritable état est le
quatrième, qui est différent de ces
trois-là." En supposant que ces trois
états [veille, rêve et sommeil
profond] forment ensemble un long rêve,
le quatrième représente le
réveil mettant fin à ce rêve.
Ainsi, il est plus profond que le sommeil profond,
et en même temps plus "éveillé"
que l'état de veille. Ton véritable
état est donc ce de "quatrième", se
distinguant de tes états de veille, sommeil
avec rêves, et sommeil profond. Tu es cela,
uniquement.
7. Comment est ce quatrième
état ? Il est la connaissance qui ne
particularise pas ; il est pleine conscience de
soi-même. Cela signifie que le
quatrième état est pure connaissance,
sans conscience du particulier, mais en pleine
conscience de Soi. Seul celui qui réalise
cet état, même pour un seul instant,
réalise la vérité. Tu es cela,
uniquement.
8. Qu'y-a-t-il de plus pour celui qui a
réalisé le "quatrième" ? En
pratique, il n'est pas possible pour quiconque, de
demeurer à jamais dans cet état qui
est l'état sans connaissance du particulier.
Celui qui a réalisé le
quatrième état, tôt ou tard
revient à ce monde mais pour lui le
monde n'est plus comme avant il voit ce
qu'il a réalisé comme étant le
quatrième état, rayonner en toutes
choses. Il ne voit plus ce monde comme
différent de cette pure connaissance. Ainsi,
ce qu'il a vu à l'intérieur, il le
voit maintenant, d'une manière
différente, aussi à
l'extérieur. Ayant quitté le stade de
la différenciation, il est à
présent établi dans l'état de
non-différenciation, où qu'il se
trouve. Désormais, il est Tout. Il n'y a
rien qui soit différent de lui. Que ses yeux
soient fermés ou ouverts, quels que soient
les changements pouvant survenir, son état
demeure inchangé. Cela est l'état de
la Réalité [Brahmati]. Cela
est l'état naturel éternel. Tu es cet
état, éternellement Vrai.
9. Il n'y a rien au-delà de cet
état. Les mots "intérieur" et
"extérieure" perdent leur sens. Tout est Un.
Le corps, la parole et le mental ne peuvent plus
fonctionner égoïstement : la
grâce les anime, pour le bien de tous. Le
"moi" fragmentaire est perdu à jamais. L'ego
ne peut plus revivre. Il est dit alors qu'il est
libéré ici et maintenant. Il ne vit
pas parce que son corps vit, ni ne meurt parce que
son corps meurt : il est éternel. Il n'y a
rien d'autre que lui. Tu es celui-là.
10. Qui est Dieu ? Il est grâce.
Qu'est-ce que la grâce? La conscience, sans
l'ego fragmentaire. Comment peut-on être
sûr qu'un tel état existe ? Seulement
en le réalisant. Les Védas
louent celui qui réalise Cela, comme
étant celui qui a réalisé
Dieu, devenant un avec Lui. C'est pourquoi, ce que
le monde peut nous apporter de meilleur, et ce que
nous pouvons lui rendre de meilleur, c'est la
réalisation de cet état. En fait, il
n'y a pas d'autre état que celui-là ;
les autres n'apparaissent que dans l'ignorance.
Pour celui qui sait, il y a un état,
uniquement : Tu es Cela.
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1. Qui est
Dieu ? Dieu est Celui qui transcende tout ce que
nous percevons. S'Il est transcendant au monde,
comment peut-il y avoir une relation entre Lui et
le monde ? Il n'y a, en fait, pas une particule ici
qui ne Lui soit reliée. Alors, que signifie
qu'Il "transcende le monde" ? Le monde, cela veut
dire nous-mêmes et ce que nous percevons. En
d'autres mots, les êtres animés et
inanimés ensemble forment le monde. Parmi
ces catégories, nous estimons que les
êtres conscients sont supérieurs. Que
dire de Celui qui créa tous les êtres
? La seule chose que nous pouvons comprendre c'est
qu'Il est au-delà des catégories
d'êtres que nous connaissons. Notre raison ne
peut aller aussi loin. Notre Créateur nous
est donc supérieur, et ne peut être
appréhendé par la raison. Son nom,
Kadawul [Être Transcendant], signifie
qu'Il surpasse notre raison.
2. Dieu ne peut-il alors être connu de
nous ? Il n'en est pas tout à fait ainsi car
dans un sens, Il se laisse connaître par
nous, et ce don de Sa grâce doit nous
suffire. Nous n'avons pas besoin de toute Sa
grandeur. Il en a fait connaître assez pour
que notre souffrance soit supprimée. Il n'y
a pas de raison pour Lui de révéler
un iota de plus de son pouvoir, qu'il n'en faut
pour remédier à nos défauts
dans l'état présent. C'est ainsi
qu'Il se fait connaître selon nos besoins. Il
est donc bien là, en quelque sorte à
portée de notre connaissance.
3. Qu'est-ce donc, qui nous permet de
L'avoir à portée de notre
connaissance ? Le fait qu'Il est connu en tant qu'
être-conscience-béatitude
[sat-chit-ananda]. L'être
désigne l'impérissable, ce qui est,
pour l'éternité. S'il venait à
cesser d'être, ne fût-ce qu'un moment,
qui serait Son destructeur ? Qui L'a
créé ? La nature périssable de
toutes choses nous enseigne que tout est
dirigé par l'Un impérissable. Ce
Seigneur des Seigneurs, immortel, est Dieu. Sa
nature impérissable est l'être.
Par conscience, il faut entendre connaissance.
Connaissance absolue, opposée à la
connaissance ordinaire, sujette à l'erreur.
Ni l'irrégularité ni l'erreur ne
peuvent l'entacher. C'est la connaissance, pure et
simple. Celui qui est à l'origine de la
création, si parfaite et ordonnée,
même parmi les êtres inanimés,
nous enseigne fréquemment ainsi : "Ta
connaissance est irrégulière et
erronée." Une histoire célèbre
raconte l'étonnement d'un incroyant devant
l'un des prodiges de la nature : "Pourquoi a-t-Il
fait si petite la graine de l'arbre banyan qui est
si grand ?" Un système où même
les objets inanimés sont en ordre et ont une
fonction utile, est forcément dirigé
par un pouvoir conscient. Est-ce qu'un simple objet
inanimé peut faire quelque chose relevant de
la connaissance infaillible ? Et notre mode de
connaissance imparfaite, le peut-il ? Non, ce n'est
pas possible. C'est pourquoi il est dit que Dieu
est conscience.
La béatitude, ou félicité, est
l'état libre de désirs. C'est la
plénitude de paix. S'il Lui restait encore
le moindre désir, comment pourrait-Il
être meilleur que nous-mêmes ? Comment
pourrions-nous obtenir de Lui la
félicité ? Lui-même aurait
alors besoin d'un autre être pour satisfaire
ses désirs. Mais qui peut concevoir Dieu
ainsi ? L'état de satisfaction
intérieure caractérise la
félicité. C'est pourquoi Il est
félicité, ou béatitude.
Être, conscience et béatitude sont
inséparables. Individuellement, ils sont
sans valeur. C'est pourquoi Il est connu, Lui, en
tant qu'être-conscience-béatitude.
4. Celui qui a réalisé le
quatrième état et voit tout en tant
qu'Un, celui-là connaît vraiment Dieu
en tant qu'être-conscience-béatitude.
Les mots ne peuvent exprimer, ni les oreilles
entendre, à quel point un tel être est
uni à Dieu ; c'est une question de
réalisation ; et il existe des voies et des
moyens pour une telle réalisation. Ils
peuvent être énoncés, appris et
mis en pratique. Celui qui peut réaliser
ainsi, est Dieu.
5. Il n'a pas de nom; nous Lui donnons un
nom. Il n'a pas de forme; nous Lui donnons une
forme. Est-ce condamnable ? Quel nom n'est pas le
Sien ? Quelle forme n'est pas la Sienne ? Quel est
le son, la forme où Il ne se trouve pas.
C'est pourquoi, en l'absence de la vraie
connaissance de ce qu'Il est, tu peux Le nommer
comme tu préfères, ou L'imaginer sous
la forme qui te convient le mieux pour garder Son
souvenir. Tout espoir d'obtenir Sa Grâce sans
aucun effort est complètement vain. S'il
était possible d'obtenir Sa grâce de
cette façon, tout serait pareil, il n'y
aurait aucune raison pour qu'il existât des
différences. Il nous a montré les
voies et les moyens. Efforce-toi, atteins le but ;
sois heureux ; ta paresse et ton
égoïsme te font espérer Sa
grâce sans aucun effort, or la règle
est valable pour toi comme pour tous. Ne
relâche pas tes efforts. Dieu ne peut
être réalisé que par ton
effort.
6. Il est un effort qui surpasse tous les
autres. Il peut paraître moins efficace que
la dévotion à Dieu avec nom et forme.
Pourtant, c'est bien celui-ci le plus efficace :
c'est tout simplement l'amour que tu portes
à tous les êtres, pour le meilleur et
pour le pire. En l'absence d'un tel amour pour
tous, ta dévotion envers Dieu n'est que
parodie. Quel sens cela a-t-il pour Dieu, si tu
recherches auprès de Lui la satisfaction de
tes désirs, sans faire ton devoir envers les
malheureux ? Il n'y a là que pur
égoïsme. Il n'y a pas de place
auprès de Dieu pour des personnes aussi
égoïstes, seuls les actes
désintéressés y ayant droit de
cité. Par conséquent, sachant bien
qu'Il est au centre de toute chose,
dévoue-toi à Lui. Dieu est Celui qui
suscite la plus haute dévotion.
7. À mesure que tu attribues des noms
et des formes à Dieu, tout en faisant preuve
d'amour pour tous les noms et formes; ayant compris
qu'ils sont tous Siens, ton mental va mûrir
progressivement. De même que le goût
d'un fruit s'améliore à mesure de sa
maturation, de même en va-t-il, en toi, de la
croissance du bien et du déclin du mal.
À un certain stade de la maturation de ton
mental, le moment viendra où il te faudra
rencontrer ton maître. Ceci ne signifie pas
que tu dois aller à sa recherche, ou lui
à la tienne. Au moment voulu, la rencontre
aura lieu, chacun s'y étant dirigé
à sa manière. C'est votre
complémentarité qui vous
amènera à vous rencontrer, qui
établira ta confiance en lui, adaptera son
enseignement pour toi, et te rendra apte à
le suivre. Celle-là est la voie directe pour
aller à Dieu qui est de réaliser le
quatrième état. Tu suivras la vole et
atteindras ton but, qui est
être-conscience-béatitude, qui est
Dieu.
8. La voie enseignée par le
maître est définitive, directe ;
dirigée vers l'Unité, elle est
naturelle et sans artifices, éprouvée
depuis longtemps, non douloureuse. Lorsque tu es
sur cette voie, il ne peut plus y avoir ni doute,
ni peur . la peur et le doute, ne sont-ce pas les
caractéristiques des voles des
ténèbres ? Comment pourraient-elles
te rencontrer dans la voie de la
Vérité qu'enseigne le maître ?
Ainsi, la vole te parlera d'elle-même,
t'indiquant le bon chemin. Alors, il ne te restera
plus qu'à rencontrer ton maître et
à apprendre de lui. Cette voie vous est
commune, a tous les deux, par la volonté de
Dieu. Avant toi, ton maître l'a parcourue. Il
te montrera le chemin et tu le suivras. À
combien d'autres enseigneras-tu ce même
chemin? Et combien d'autres suivront-ils
après ? D'évidence, la peur et le
doute n'ont pas de place dans la voie de la
Vérité. Une fois que tu auras fait un
pas en avant, tu ne reculeras plus. L'aide du
maître est effective pour ce. premier pas
uniquement. Tu n'as besoin de rien faire pour que
la voie te soit enseignée par ton
maître. Sache qu'il est le messager de Dieu,
envoyé pour révéler la voie
à ceux qui sont prêts, qui ont
mûri par leurs propres efforts, accomplis
dans l'une ou l'autre des deux directions dont nous
allons parler. C'est Dieu qui envoie ce messager
divin dès que le degré de
maturité suffisant est atteint.
9. La pratique avec foi, mais sans
connaissance, est nommée bhakti ; la
même avec connaissance est nommée
jnana. Il y a deux sortes de bhakti : l'une est la
dévotion à Dieu avec nom et forme,
l'autre est l'amour pour tous les êtres
[karma]. Jnana aussi est divisée en
deux : la pratique de la voie juste
enseignée par le maître, nommé
Yoga, et l'état qui en résulte, qui
est pure jnana. Il est naturel de croire à
quelque chose que l'on ne voit pas pour finalement
le trouver. Ceux qui ne croient pas ne trouvent
jamais. Les croyants, tôt ou tard,
réussiront, les non-croyants, jamais. Tu
peux croire même pour la seule raison que la
foi en Dieu ne fait pas de mal. Tu en recevras ta
part d'effets bénéfiques. Ce monde
existe uniquement pour susciter la foi en toi.
Voilà le but de la création. Aie la
foi et tu pourras atteindre Dieu.
10. Même si tu ne crois pas tout ce
qui est dit de Dieu, crois au moins qu' "Il y a
Dieu." Cette graine révèle une grande
puissance lors de sa croissance, au point qu'elle
peut tout nier, et tout remplir par
elle-même. Sa toute-puissance est telle que
tu ne verras rien d'autre que Dieu, même pas
toi-même. En vérité, Dieu est
Tout.
|
1.
Qu'est-ce que la paix ? Lorsqu'un homme est en
sommeil profond, bien que le monde subsiste, en
a-t-il le moindre souci ? Son mental est tranquille
et reposé. S'il peut conserver ce
degré de calme et de repos mental même
lorsqu'il se trouve en activité au sein du
monde, alors la paix est
réalisée.
2. Le mental peut-il demeurer ainsi,
même lorsque nous sommes confrontés au
monde ? Cela dépend de notre façon
d'appréhender le monde. Le mental est plus
agité si c'est sa propriété
qui est pillée, que s'il s'agit de celle
d'un autre. La perte d'un bien propre cause plus de
souci que celle du bien d'autrui. Pourquoi ? Parce
que notre manière d'évaluer les
choses est ce qui détermine le degré
de plaisir ou d'anxiété qu'elles nous
procurent. Par conséquent, si l'on apprenait
à voir tout d'un oeil égal, le mental
demeurerait en paix. Le mental qui, sait que les
affaires de l'univers dépassent ses
compétences, se tranquillise
nécessairement. De même, si l'on a
conscience de n'avoir plus aucune prétention
envers quoi que ce soit, ou que toutes choses sont
périssables, le mental demeure calme. Ainsi
la paix s'installe durablement si l'on porte sur
toutes choses un regard équanime.
La paix
dépend de la façon dont le mental
appréhende les choses.
3. Illustration de ce qui
précède : un homme se réveille
après avoir fait un rêve. Son mental
était heureux, ou ennuyé, selon ses
opinions à propos des choses vues dans le
rêve ; mais au réveil, son mental
demeure inaffecté par toutes les
péripéties du rêve ; il demeure
équanime. Pourquoi ? Parce que ce n'est
qu'à ce moment [au réveil]
que son mental se permet d'évaluer tous les
éléments du rêve de
manière égale. Il ne regrette pas que
le rêve ait cessé. Pourquoi ? Il sait
que le rêve n'est pas éternel mais
doit s'achever au réveil. De même, si
un homme sait que tôt ou tard il ne pourra
que s'éveiller du long rêve de la vie
en ce monde, son mental deviendra immuable. C'est
l'état du calme pur. C'est l'état de
paix.
4. Cet état ne signifie pas pour lui
la fin de sa relation au monde. Seuls la paix et le
calme du mental lui appartiennent. Ses actes ne
pourront que s'adapter aux circonstances. Le seul
changement qui soit intervenu avec ce gain de la
paix mentale est le suivant : son mental a connu la
Vérité et réalisé le
détachement ; par conséquent, il
repose, paisible ; ses actes, bien que pouvant
varier, demeurent impartiaux ; mais les actes des
autres sont changeants, sans pouvoir garder
l'impartialité. C'est ainsi que le calme du
mental apporte un bien énorme, non seulement
à lui-même, mais aussi au monde en
général. La paix indique la voie de
la conduite juste.
5. Un homme marche, une lampe allumée
à la main. Peut-il être question
d'hostilité entre la lumière et les
accidents du parcours ? Sûrement pas.
Cependant, la lumière et l'obscurité
ne peuvent coexister. La lumière chasse
l'obscurité, révèle les
accidents du parcours, et permet à l'homme
de marcher prudemment, en montant, en descendant,
sur les côtés, etc... La
lumière de la lampe supprime la cause de
jurons ou de plaintes futiles telles que : "Mon
pied a heurté un obstacle", ou bien : "Ce
creux m'a fait trébucher". Une fois la paix
réalisée, l'homme ne ressent ni haine
ni antagonisme envers le monde. La paix dissipe les
ténèbres qui nous empêchent de
voir la vraie nature du monde et ses
embûches. En l'absence de la lumière
de la paix qui permet de s'adapter aux multiples
circonstances, on condamne le monde, lui reprochant
ses souffrances, comme on se plaint des obstacles
sur un chemin. C'est pourquoi un homme ayant
réalisé la paix suprême
après avoir connu le monde comme un
rêve compliqué, ne doit pas être
considéré comme étant hors du
monde, non concerné par ses
activités. En fait, il est le seul à
être en harmonie effective avec le monde; il
est le seul vraiment compétent pour
être un homme d'action. Ainsi, la paix est le
régulateur de tes activités.
6. L'homme en paix peut avoir un souci de
rectification pour ce qui se passe dans le monde.
S'il en éprouvait de la crainte, de quelle
aide pourrait-il être envers ceux qui
considèrent ce monde possessivement et avec
avidité ? Ils sont sous l'emprise de
l'égoïsme et dépourvus de toute
notion d'impartialité. Pour guider l'aveugle
sur un chemin, ou traiter la cécité
de l'oeil malade, on a besoin d'y voir clair. De
même, celui qui peut réformer le monde
est celui qui a découvert sa propre nature
immuable par rapport à la nature changeante
du monde, et demeure paisible. De tels hommes ne
peuvent s'empêcher d'aider le monde. Pourquoi
? Est-ce que quelqu'un peut manquer de coeur au
point de ne pas relever un enfant qui glisse et
tombe ? Même question pour les sages,
capables de comprendre les difficultés du
monde, et qui peuvent aider les gens. Parce qu'il
s'est détaché du mental et du corps,
le sage n'est pas éprouvé par
l'effort que demande le service du monde, tout
comme le principe vital ayant quitté un
corps ne souffre pas, même si de lourds
attelages passent sur ce corps en
l'écrasant. Le sage ne se dérobera
donc pas devant le travail ou les soucis. Seule la
paix réalisée effectivement peut
produire un tel courage, et un tel calme.
7. En apparence, la paix peut donner une
impression de fadeur et de manque de vigueur. En
fait, elle peut tout vaincre. Elle surpasse tout en
ténacité et en courage, et c'est de
ces qualités que dépend la
réussite. Même si le mont Mérou
[L'Axe du monde selon la Tradition] devait
basculer, l'incident provoquerait tout au plus un
léger sourire chez l'homme en paix, s'il ne
le laisse pas complètement impassible. Cet
état est précieux pour les questions
regardant aussi bien le monde que l'esprit. Le
véritable bonheur dans le monde est le sien
aussi, et ce bonheur jaillit après la fin
d'un esclavage. La paix apporte du bien à
chacun, de toutes façons.
8. Les adversaires de la paix sont nombreux.
Ils sont là pour éprouver l'homme.
Lorsque nous y sommes confrontés, nous
devons rester vigilants, et veiller a ce que la
fleur fragile du mental soit épargnée
par leurs ombres. Si la fleur du mental est
abîmée, elle perdra son parfum, sa
fraîcheur et sa couleur. Elle deviendra alors
inutile, imprésentable aux autres, et
à Dieu. Sache que ton mental est plus
fragile encore qu'une fleur. C'est à l'aide
de cette fleur que tes devoirs envers
toi-même, les autres et Dieu s'accomplissent.
Elle doit donc préserver sa fraîcheur
toujours et en tous lieux. Toute
bénédiction du mental est l'oeuvre de
la paix.
9. N'aie de cesse d'adorer le Dieu de ton
Soi avec la fleur de ton mental. Laisse les aspects
capricieux de ton mental témoigner de cette
adoration. Progressivement, ils apprendront
à quitter leurs jeux infantiles et voudront
connaître le même enchantement que toi.
À force d'observer la paix qui est en toi,
ils abandonneront leurs caprices. Toi, tu n'as
qu'à continuer patiemment l'adoration. Ne te
laisse donc pas détourner par ces caprices
du mental ; au contraire, ce sont eux qui seront
finalement pacifiés par la paix qui est en
toi. Tout doit être en paix.
10. Un dernier mot : l'essence des
Védas est la paix.
|
1. Toute
action appartient à Dieu. Son oeuvre a
inscrit chaque chose dans ses fonctions
individuelles. C'est par Lui que les êtres,
animés ou inanimés, jouent leur
rôle. Toutes les actions Lui
appartiennent.
2. Chaque être fait ce qui lui
correspond. Qu'est-ce que Dieu a à voir avec
cela ? Nous nous intéresserons aux objets
inanimés un peu plus tard.
Nous sommes des
êtres sensibles; voyons d'abord qui est
l'auteur de nos actions. Tout le monde souhaite
améliorer son état, et y travaille.
Mais les résultats diffèrent, bien
que le but et le travail soient identiques.
Pourquoi cette différence dans les
résultats ? Ici Dieu nous fait comprendre
qu'Il est l'auteur de l'action. Autrement, tous les
résultats devraient être identiques.
Les différences de condition n'expliquent
rien : peut-il exister quelqu'un ne souhaitant pas
améliorer sa situation ? Quelle que soit son
intention envers les autres, chaque individu est
certainement honnête dans son intention
envers lui-même [ex : pour
améliorer sa situation]. Cela
n'empêche pas qu'il y ait des
différences de condition de l'un à
l'autre : Toutes les actions sont l'oeuvre de
Dieu.
3. Tous les êtres ont la même
intention ; cependant, leurs efforts varient de
l'un à l'autre, ainsi que leurs
états. Ayant dit cela, une question se pose
: qu'est-ce que l'effort ? N'est-ce pas simplement
un concept mental ? Tous ces concepts ont la
même origine, a savoir, cette intention
commune a tous [d'améliorer sa
situation] ; alors pourquoi ce concept mental
de l'effort à accomplir diffère-t-il
d'un individu à l'autre ? Ici aussi, Dieu
nous enseigne que toutes les actions Lui
appartiennent.
4. S'il est établi que, malgré
l'intention commune, l'effort varie selon les
capacités individuelles, la question se pose
de savoir qu'est-ce qui conditionne ces
capacités ? La source est dans le corps et
le mental. L'environnement peut aussi influer.
Avant de faire un effort, l'on doit tenir compte de
tous les facteurs. Cependant, nous n'avons pas un
contrôle suffisant de ces facteurs, pouvant
faire coïncider exactement l'effort avec la
tâche à accomplir : toutes les actions
appartiennent à Dieu.
5. À présent, si l'on dit que
le corps, le mental et l'environnement vont
progressivement s'ajuster à la tâche
à accomplir, on avoue implicitement
l'incapacité initiale. Ceci revient à
admettre que toutes les actions sont l'oeuvre de
Dieu.
6. Cela est-il bon ou mauvais que les gens
n'atteignent pas leurs buts ? C'est certainement
une bonne chose. Pourquoi ? La plupart des gens
sont égoïstes ; à toi de juger
si leur succès est bon pour le monde ou non.
Peut -être te demandes-tu alors pourquoi les
efforts des personnes non-égoïstes ne
sont pas tous couronnés de succès ?
Le plus souvent, bien qu'en apparence ils semblent
ne pas être égoïstes, ils ne sont
pas sans défauts. Cela dépend de
l'ego. Si le non-égoïsme supposé
engendre une sensation de supériorité
sur nos semblables, Dieu se charge de freiner nos
ardeurs, et de nous rappeler : "Vous aussi, vous
êtes comme les autres, et c'est Moi qui vous
gouverne". Le véritable représentant
de Dieu est dépourvu d'égoïsme
et d'ego. C'est parce que Dieu brille à
jamais en lui, en d'autres termes, que le nuage de
l'ego n'est plus là pour lui cacher Dieu,
que toutes ses intentions se concrétisent.
C'est donc un homme de "bonne volonté"
[satya sankalpa, littéralement : vraie
volonté]. Dieu rayonne directement
à travers lui, en qui il n'y a pas de
ténèbres. Il est le seul à
connaître l'Intention divine telle qu'Elle
est. Dieu accomplit à travers lui le but de
Sa création. Toutes les actions sont
l'oeuvre de Dieu.
7. À la question : n'existe-t-il pas
au moins une de ces personnes de bonne
volonté [ou de vraie volonté]
? Pourquoi le monde n'en reçoit-il pas le
plein de bénédictions ? Il y a un
secret dans tout ceci : les sages qui savent que
toutes les actions sont l'oeuvre de Dieu se vouent
à le faire savoir aux autres : il n'y a pas
de bien plus précieux que cette connaissance
: les actions sont l'oeuvre de Dieu, non la
nôtre. Cette connaissance contient en elle
toutes les bénédictions. C'est
pourquoi le propos des sages est d'éclairer
les autres à l'aide de leur connaissance de
Dieu et Ses actions. Ils ne disent pas : "Connais
Dieu tout de suite !", mais enseignent les voies et
les moyens de la connaissance, et encouragent les
gens à suivre le droit chemin, C'est tout.
Ils ne disent pas : "Sois délivré
à l'instant !", puisque le commun des
mortels en est incapable. Les sages n'enjoignent
pas Dieu de "libérer les gens
immédiatement", puisqu'ils sont
dépourvus d'ego. et savent : "Dieu sait ce
qu'Il a à faire, et Il le fait; que
pourrais-je Lui demander de plus ?" Ainsi, ils
souhaitent seulement faire leur devoir, sans en
récolter les fruits. Ils ont compris que
seul Dieu distribue les fruits des actions. Ils
observent simplement le déroulement des
choses dans le monde, jouent leur rôle, et ne
songent jamais à recréer un monde
à eux, ce qui ne serait qu'une forme
d'égoïsme. La création est
exactement comme elle doit être. Tout est en
ordre. Toutes les actions sont l'oeuvre de
Dieu.
8. Sachant que leurs actes sont
subordonnés au Pouvoir Divin, comment
pourraient-ils envisager d'agir à
contre-coeur ? Non, ils ne peuvent pas même y
penser. Ils feront leur travail comme un devoir.
Les Écritures disent : "Fais le travail mais
ne pense pas à ses fruits." De même
que la colère échappe inconsciemment
au contrôle d'un homme même s'il est
déterminé à ne pas se mettre
en colère et à rester calme, de
même les sages à l'intention vraie
peuvent être choqués par les
injustices apparentes du monde, et penser sans s'en
apercevoir : "Dieu, faites que survienne le bien !"
Alors, cela se produira certainement, et c'est ce
qui explique les événements
extraordinaires dans le monde. Les grands
bouleversements sont le résultat d'un voeu
dérobé dans le mental d'un sage.
C'est la loi de la nature. Qui peut la changer ?
Toutes les actions sont l'oeuvre de Dieu.
9. Quoi qu'il arrive, c'est dans l'ordre
naturel des choses. Donc, c'est juste. Tout ce qui
arrive, arrive par Son action. En ce sens, il n'est
pas faux de penser que "C'est Lui qui fait voler le
voleur", puisqu'à l'heure du
châtiment, c'est aussi Lui qui fait souffrir
le voleur pour son méfait. Ni plus ni moins.
Il ne devrait pas y avoir d'hostilité envers
le voleur. Tel est le fruit de la connaissance que
toutes les actions sont l'oeuvre de Dieu. Mais
même s'il n'y a pas d'hostilité envers
le voleur, notre rejet pour l'acte de voler
demeure. Cela aussi est le résultat de notre
connaissance que toutes les actions sont l'oeuvre
de Dieu. Comment ? Parce que le voleur
lui-même n'aime pas le vol : resterait-il
tranquille si ses biens lui étaient
volés par un autre ? Non, certainement. Il
n'y a personne pour ignorer que le bien est bon et
que le mal est mauvais. C'est pourquoi la
connaissance que toutes les actions sont l'oeuvre
de Dieu est ce qui peut susciter une conduite
droite dans le monde. Notre connaissance
s'étend au-delà. Nous ne pouvons
répéter que ce que nous connaissons,
et ne pas nous soucier de ce qui dépasse
notre connaissance. Cela aussi est l'oeuvre de
Dieu.
10. Parmi les fruits de la connaissance que
Dieu nous accorde, il y a celui qui nous apprend
que toutes les actions sont Son oeuvre. Notre
impuissance nous pousse à demander "Dieu,
pourquoi agis-tu ainsi ?" Toutes les religions
admettent ce même état d'impuissance.
C'est parce que les fruits de nos actes ne
correspondent pas à nos désirs, en
d'autres mots, parce que nos pouvoirs sont
limités, que nous ne pouvons que nous
incliner, et constater que toutes les actions sont
l'oeuvre de Dieu. Cette
loi qui nous gouverne, s'applique aux objets
inanimés aussi. Nous ne sommes pas mieux
lotis qu'eux. Tout est Un. Ceux qui n'admettent pas
que toutes les actions sont l'oeuvre de Dieu, ne
peuvent que reconnaître leurs propres
limites. Cela même est l'oeuvre de Dieu.
|
1. Ô
ego! tous les maux du monde prennent leur source en
toi. Dans le but de t'éliminer, les rois
font des lois et les sages donnent des
enseignements. Malgré leurs efforts depuis
la nuit des temps, hélas ! tu es toujours
vivant ; tu te caches seulement, et
réapparais encore et encore. N'as-tu donc
pas de fin ? Oh si, et, sûrement, elle
approche. Un autre ego a commencé à
t'éliminer. C'est l'ego universel, dont le
nom est "Je suis Brahman" [Aham
Brahmasmi].
2. Eh! ego, détrompe-toi, ton ennemi
n'est pas de ton espèce: tu es
périssable, alors qu'Il n l'est pas ; tu te
prends pour "je", parce que tu différencies
toujours "je", "tu", "il", etc., mais Lui est libre
de ces concepts : Il harmonise les
différences et résorbe tout en
Lui-même. Ton hostilité à Son
égard naît de ce que tu le vois
s'élever pour t'anéantir. Mais Lui
n'a aucun mauvais sentiment pour toi, puisque tu ne
peux te trouver là en Sa présence. Il
te voit comme une partie de Lui-même. C'est
ta propre imposture qui cause ta perte en Sa
présence. Il ne songe même pas
à te tuer car tu ne comptes pas a ses yeux.
C'est pourquoi, ego, tu te considères comme
Son ennemi, mais Lui ne se prend pas pour le
tien. En un
mot, tu es ton propre ennemi : par orgueil, tu t'es
vanté devant Lui, comme tu le fais en tous
lieux. Dès lors, tu es perdu. C'est ainsi
que le Soi universel t'efface, t'ayant
absorbé, brillant en tant que Lumière
Absolue.
3. Eh ! ego, les ravages de ton action sont
sans limites : tu n'es satisfait que si tu es
glorifié devant les autres, et si les autres
sont abaissés devant toi ; tes désirs
ne cessent de te harceler : "À quel titre
serai-je honoré ? Comment puis-je
paraître plus élégant ? Les
autres, si inclinent-ils devant moi ?
M'obéissent-ils en silence ? Proclament-ils
que nul ne me surpasse ?" Hélas ! Que ta vie
est courte! Et pourtant, que d'ambitions ! Combien
de mal tu peux causer ! Tu t'es trompé,
croyant trouver le bonheur dans cette vaine
quête de gloire et de pouvoir, et en voulant
te distinguer parmi les autres. Tout cela ne peut
t'être profitable. Pourquoi ? Les autres ne
sont-ils pas motivés eux aussi par ces
mêmes illusions ? Quelles chances de
succès peux-tu avoir face à des
multitudes de gens nourrissant les mêmes
ambitions ? Dans une telle situation, tu dois
mettre un terme à ta vaine volonté de
tout dominer. Par tant de vanité, tu
suscites le mal, autant pour toi que pour les
autres. Écoute mon conseil amical. Pour dire
la vérité, Celui-là que tu
crois être ton ennemi mortel, est en fait ton
ami. Il sait comment te rendre digne de la vraie
grandeur et des vraies bénédictions.
Abandonne-toi à Lui. Cet ego universel ne te
traite pas en ennemi : Il est ton véritable
bienfaiteur.
4. Tu ne peux, à ce moment
précis, avoir une idée de ce qu'Il
fera de toi si seulement tu t'abandonnes à
Lui. Quoi que je puisse t'en dire, tu ne peux
comprendre. L'expérience de l'abandon
à Lui peut seule permettre de comprendre.
Nul doute qu'Il t'élèvera à Sa
grandeur, rien de moins. Par conséquent, ne
crains pas pour ton avenir ; abandonne-toi
directement. Tu pourras toujours t'en retourner, si
la joie ne te submerge pas dès le premier
instant d'abandon. De même que, en buvant du
lait, cela commence par le goût
agréable et se termine par l'apaisement de
la faim et de la soif, de même l'abandon de
soi commence par le ravissement et s'achève
dans la parfaite béatitude qui est
au-delà du plaisir et de la souffrance. Par
conséquent, ton but est, nul doute, cet ego
universel.
5. Quel est Ton nouveau nom, après
l'abandon ? 11 n'y a pas d'autre nom que le Tien.
Les Védas Te louent, le monde Te
glorifie. L'essence des enseignements religieux,
c'est Toi-même. Quelle est alors Ta forme?
Toutes les formes sont Tiennes. Il n'y a pas une
forme qui ne soit la Tienne. Tu es Cela qui est
adoré dans les temples ; Tu es Cela qui est
décrit dans les Védas ; les
festivités, les cérémonies,
sont toutes pour Toi. Mais quel est donc Ton
pouvoir ? En Ta présence, le monde est
actif; chaque être est ce qu'il est à
cause de Toi. En bref, toutes choses Te glorifient,
et témoignent de Ton être. Elles y
sont contraintes par devoir. Tu n'aurais même
jamais rêvé que ceci pût
être Ton état. Mets-toi donc à
l'oeuvre. Abandonne ta suffisance, car L'ego
universel t'attend.
6. Souhaites-tu sortir de ton rêve, ou
bien est-ce que tu préfères y rester
encore ? Combien de temps les images du rêve
vont-elles durer ? Ne sois pas paresseux, sors de
ta torpeur, réveille-toi ! Tu ne vois que
tes propres images mentales, et tu continues d'en
imaginer encore et encore. Tout cela est vain.
Trouve simplement Qui est ce Toi, ce spectateur de
tes images mentales. Ne te méprends pas, en
t'identifiant à elles, qui
s'élèvent et retombent ;
réveille-toi ! Dès l'instant
où tu t'éveilleras, tu comprendras
que l'éveil vaut mieux que ce rêve.
Debout ! L'ego universel attend pour se
réjouir de te voir
éveillé.
7. Ne crains pas la cessation du rêve
actuel. Tu vas être autrement comblé.
N'étant plus dans l'illusion, tu vas
assister en spectateur à cette imagerie
mentale, sans en éprouver de trouble, mais
avec un sourire. Cela te semblera être une
plaisanterie, non plus un fardeau. En rêve,
ton imagerie mentale semble avoir des formes
réelles. Au réveil, tu sais que le
rêve est seulement un rêve. Ne prends
pas l'état de rêve pour celui de
veille. Connais le rêve en tant que tel.
Faisant ainsi, tu dois atteindre l'état de
"Je suis Brahman".
8. Je m'adresse à toi pour ton bien,
non pour mon intérêt. Que faire si la
foi te manque, si tu ne suis pas les enseignements,
ou si tu quittes le chemin, faute de
récompense immédiate ? Comment
puis-je t'aider si tout l'enseignement des saints
s'avère vain pour toi ? Il n'y a pas
d'état plus élevé que
celui-ci. Il Est, pour ton bien, et, à
travers toi, pour les autres aussi. Quitte ta
suffisance, dès maintenant. Commence tout de
suite. L'ego universel est le tien.
9. Ô ego, vois comme tu es l'esclave
de tout, et combien tu en souffres ! Combien ton
état est pitoyable ! Tout n'est
qu'hostilité autour de toi ! Lorsque tu dis,
"À moi, à moi !", tous les autres
rivalisent: "À moi, à moi !" Lorsque
tu dis "je suis grand", ils protestent : "Comment ?
C'est moi qui suis grand." Tu es le seul à
ne pas t'être hostile. À cause de tous
ces soucis, tes productions mentales se
multiplient, indéfiniment. N'est-ce pas le
moment d'en profiter pour lâcher prise ? Si
tu dis, "Tout est à vous", chacun deviendra
ton ami. Il en est Un qui peut te rendre aussi
magnanime, et c'est "Je suis Brahman".
10. Il me reste un mot à dire. Ce
n'est pas le produit de mon égoïsme,
mais simplement mon devoir. Je ne dis ce mot
spécialement ni pour toi ni pour mon bien.
C'est pour le bien de tous. La Vérité
est "Je suis Brahman".
|
Lumière de grâce divine,
Amour tout-puissant,
Bénissez-moi.
Paix ! Paix ! Paix !
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