Ranjit
: Ne dites pas que vous n'êtes pas
sûr, moi je dis que vous l'aimez. Le jour
où vous ressentirez que le monde n'est pas
vrai, vous aurez atteint la Réalité.
Vous sans le vous. Pour le moment vous êtes
encore un docteur. Vous venez d'Allemagne, non ?
À une époque les politiques se
querellaient pour savoir si Bombay appartenait au
Maharastra ou au Gujarat. Mais qu'est que cela peut
faire d'être Marathe ou Gujarat. Je m'en
fiche. Je n'appartient à rien, ni à
personne. Ne soyez rien, dès que vous
choisissez d'être quelque chose, la peur vous
accompagne.
Question : Je comprends. Je ne m'identifie
pas vraiment à mon pays ou à ma
profession, mais je reconnais que j'ai toujours des
désirs. Désirs de plaisir, d'avoir
des enfants et toutes ces choses.
Ranjit : Laissez les désirs. Ce sont
les désirs du corps, pas les vôtres.
Vous vous identifiez au corps et au mental.
À cause de votre mental, vous vous
considérez comme un docteur, sans cela vous
seriez juste mon semblable.
Question : Que voulez-vous dire ?
Ranjit : Le mental s'anime, pas vous. Vous
devez aller au-delà du mental pour atteindre
la connaissance et au-delà de la
connaissance pour atteindre le point zéro.
Si vous considérez ensuite le zéro
comme étant vrai, c'est à cause de
l'ego et du pouvoir de l'illusion et cela vous
devez le dépasser. Quand la
compréhension surgit vous devez lui
céder la place. Ce n'est pas votre corps qui
est "vivant" c'est la connaissance qui l'habite.
Votre corps se maintient en vie uniquement
grâce à la connaissance. Mais
même la connaissance a une fin
La
connaissance est devenue si puissante que la seule
solution pour en venir à bout est d'y
apposer un zéro ! Très peu en sont
capables, mais c'est mon devoir de vous montrer la
voie. Vous n'êtes pas le corps, pas le
mental, pas l'ignorance ni la connaissance. Au
départ, le maître vous donne la
connaissance, ensuite il vous en
débarrassera. Vivez dans le monde, mais ne
soyez pas touché par lui. Oubliez votre
désir d'être ou de posséder,
faites comme si vous dormiez. Essayez d'atteindre
cet état zéro, ce total oubli. C'est
cela votre travail maintenant. Ayez ce courage.
Question : D'accord, mais comment passer de
la compréhension intellectuelle à la
mise en pratique ?
Ranjit : Intellectuellement, vous comprenez,
par exemple, qu'une bouteille contient du poison et
si vous la buvez, c'est la mise en pratique. Soyez
aussi pragmatique que cela. Il faut mettre en
pratique et expérimenter l'illusion du
monde. Vous prenez tout pour vrai et ensuite vous
vous plaignez : "Je ne vous comprends pas Maharaj."
Dites que c'est zéro, et tout
disparaîtra. Si votre compréhension se
limite à la sphère intellectuelle,
c'est que vous n'avez rien compris. Le
théorique doit devenir pratique. Nul besoin
de rejeter quoi que ce soit. Sur cette tablette de
marbre repose mon récipient à eau.
Pourquoi devrais-je briser cette tablette sous
prétexte qu'elle n'a pas de
réalité ? Elle m'est très
utile, il me suffit de dire qu'elle n'existe
pas.
Pour un être réalisé tout est
Brahman : sa femme, son fils et la chaise sur
laquelle il est assis. Si tout est Brahman,
pourquoi faire une différence ? Ce qui vient
du zéro peut retourner au zéro
à tout moment. Tout le monde comprend la
théorie mais personne ne va au delà
du zéro. Aux États-Unis quelqu'un m'a
demander comment dépasser le zéro.
Mais si le zéro n'existe pas que voulez-vous
dépasser ? Une fois que vos avez
déclarez qu'il n'y avait rien dans cette
maison, vous l'avez compris. C'est cela mettre en
pratique. Quelle peur vous empêche de
reconnaître que zéro est zéro ?
Je dis souvent : "Quel que soit votre nom, vous
n'existez pas !" Pouvez-vous me montrer votre nom ?
Vous pouvez vous appeler Dieu si vous voulez, mais
Dieu lui-même ne peut démontrer qu'il
est Dieu car Dieu n'est qu'un concept et n'a rien
créé du tout. Ayez le courage
d'affirmer : "Je suis le créateur du monde.
La conscience-connaissance a créé le
monde et cette conscience-connaissance c'est
moi-même !" Parfois les
événements ne se déroulent pas
selon vos souhaits. Comme ce roi qui, dans un
rêve devient un mendiant. Au matin, il est
obligé de se pincer très fort car il
ne sait plus trop ce qui relève du
rêve ou de la réalité. Faites
de même, Vous aussi, pincez-vous :
demandez-vous qui vous êtes. Moi, au
réveil je ne sais jamais où je suis,
j'ai simplement tout oublié.
Question : Si je saisis bien, à mon
réveil, je comprends que mon rêve
n'est qu'un rêve. De même, à ma
mort, je saurais que cette vie n'était rien
d'autre qu'un écran de fumée. Et si
jamais je reprends naissance, ma nouvelle vie ne
vaudra pas plus que la précédente. Si
j'observe mes pensée pendant cinq minutes,
j'ai l'impression qu'elles ne m'appartiennent pas
et je me sens un peu démuni, comme un
orphelin.
Ranjit : Sans la compréhension vous
resterez tel que vous êtes maintenant, mais
que deviendra votre "je" après la
compréhension ?
Question : Ce "je" ne veut pas s'en
aller.
Ranjit : Ce "je" c'est l'ego, non ? Oubliez
l'ego. Le maître met un zéro sur votre
ego. Il a ce pouvoir. La connaissance c'est l'ego.
Vous pouvez très bien passer d'une vie
à une autre, mais c'est votre ego qui fait
le lien entre toutes ces vies. Pourquoi voulez-vous
prendre une autre vie ? Vous êtes
au-delà de la naissance et de la mort. Vous
êtes la Réalité. Qu'importe que
vous soyez riche ou pauvre, le riche a seulement
plus de crédit à vos yeux ! Jetez un
billet de cent roupies à un chien, il vous
dira : "C'est un os que je veux." Mais cet os qu'il
désire est exsangue, il n'a même plus
le goût du sang. Tant pis, le chien le
mâchera jusqu'à s'en faire saigner les
gencives. Il croit que le sang vient de l'os mais
c'est son propre sang qu'il avale. Voilà ce
que vous faites tous
Dans les bhajans du matin, quand vous chantez le
nom de Ram, cela signifie : "Je ne suis pas cela."
Quelque soit votre nom vous n'êtes pas cela.
Si vous arrêtez de vous identifier à
votre nom, votre fonction, votre mental vous
laissera tranquille. Vous n'êtes
concerné ni par la naissance ni par la
mort.
Question : Maharaj, je viens vous voir pour
que vous me disiez que rien n'existe ?
Ranjit : Rien n'existe, mais vous existez.
Vous ne le savez pas car vous êtes encore
dans l'ignorance. Je ne vais pas rajouter de la
confusion à votre ignorance comme le font
parfois d'autres enseignants. Je ne vous dirais pas
comme certains de faire ceci ou cela, je vous
dirais simplement que vous êtes la
Réalité, le pouvoir suprême. La
suite dépend de vous... Si vous
réussissez à poser un zéro sur
tout ce qui vous entoure, alors vous atteindrez ce
pouvoir. Qui peut atteindre ce pouvoir ? Celui qui
ne se soucie pas plus de Dieu, que de l'illusion ou
même de ses congénères. Il sait
que personne n'existe. Si vous n'existez pas,
pouvez-vous encore vous souciez des autres ? Les
autres sont aux abonnés absents. Vous
n'êtes que bulles à la surface de
l'océan. Lorsque ces bulles éclatent,
elles redeviennent océan, alors
l'océan rit et les autres bulles pleurent.
Vous n'êtes jamais né et jamais vous
ne mourrez. Pourtant cloués à vos
concepts vous craignez la mort et la
renaissance.
L'enseignement du maître est si puissant que
vous ne pouvez pas l'assimiler. On peut comparer le
pouvoir du maître au lait d'une lionne qui ne
peut être recueilli que dans un
récipient en or. Un pot ordinaire se
briserait au contact du précieux liquide.
Les saints ont été des gens
ordinaires avant de devenir saints. J'étais
moi-même quelqu'un de quelconque avant de
rencontrer mon maître. Il m'a
transformé et m'a donné le pouvoir de
transformer les autres. Ce qui n'est pas, n'est
pas. Que se cache t-il derrière cet
écran de fumée ? Si je vous demande :
"Allez voir s'il y a quelqu'un dans la pièce
d'à côté", vous
répondrez : "Non, il y a personne !" Mais
là, vous oubliez que vous y êtes
vous-même.
Question : Maharaj, je suis vraiment
satisfait comme je suis, pourquoi chercherais-je
à atteindre un état supérieur
?
Ranjit : Pourquoi êtes-vous venu alors
? Rien ne vous oblige à venir.
Question : Je ne sais pas, j'ai juste lu le
livre de votre maître mais je me rend compte
que tous les sages ont une manière
différente d'exposer cette
Vérité, Osho, Ramana Maharshi
préconisent chacun des voies
différentes.
Ranjit : Languages et voies différent
mais le sens profond n'est-il pas le même ?
Connaissez-vous ce sens profond ? Non, mais vous
vous déclarez satisfait. Si vous
l'êtes vraiment pourquoi ouvrez-vous les
yeux, pourquoi voir le monde ? Un homme heureux
n'ouvre plus ses yeux, il n'en ressent plus le
besoin. Vous n'êtes pas heureux. Vous
êtes comme le millionnaire qui se dit
comblé. Malgré tout, il manquera
toujours quelque chose à son bonheur. C'est
dans la nature du mental que de vouloir toujours
plus. Le maître met un terme à cette
fuite en avant et décapite votre mental. Si
vous ne voulez rien, vous n'allez pas au bar ni
chez le confiseur. Mais vous voulez quelque chose,
vous voulez le bonheur et là le
problème c'est que vous vous trompez de
boutique et que vous allez au bar acheter des
bonbons. Pour découvrir qui vous êtes
vous devez frapper à la bonne porte. Mais
vous ne savez pas ce que vous voulez. Interrogez
donc votre mental, demandez lui : "Que veux-tu
vraiment ?"
Question : Le mental ne veut pas de la
souffrance, il cherche toujours le bonheur.
Ranjit : Et ce bonheur, l'obtient-il ? Cette
quête du bonheur à tout prix, vous
contraint à mendier comme l'histoire de ce
pauvre hère qui tend la main à un
passant pour cinq roupies. Le passant lui refuse,
alors il en demandera 4, puis trois, puis deux,
puis seulement cinq paisa [centimes] et
finira par dire : "Si vous n'avez pas cinq paisa,
c'est donc que vous êtes un mendiant tout
comme moi, allons mendier ensemble." La
mendicité est un joli business en Inde ! Un
homme d'affaire peut gagner 20 000 ou 30 000
roupies par mois, il dira toujours que son business
marche couci-couça pour ne pas attirer
l'attention. Les personnes réalisées,
elles ne se soucient de rien et moins elles
s'inquiètent et plus leurs affaires
prospèrent.
Rien n'est vrai, ayez le courage de l'accepter
plutôt que de vouloir absolument prouver la
réalité de ce qui n'est pas. Vos
pensées sont toujours attirées par le
zéro, mais savez-vous d'où viennent
ces pensées ? Vos pensées sont comme
vos rêves. Dans un rêve, vous
êtes dans une complète ignorance et
vous pouvez devenir roi ou assassin. Vous prenez
parfois plaisir à rêver et lorsque
votre femme vous reproche de dormir trop longtemps
vous pestez contre elle : "Pourquoi me
réveilles-tu, j'étais si bien",
dites-vous. "Retourne à tes rêves"
suggère t-elle. Malgré tout, vous ne
pourrez pas reprendre votre rêve là
où vous l'avez laissé car ce
rêve n'a aucune existence. Vous persistez
à prendre le néant pour la
Réalité et la Réalité
pour le néant. Votre mental se refuse
à emprunter le chemin de la
Réalité. Il peut devenir votre ami ou
votre pire ennemi. Faites-vous en un allié
et il s'effacera devant la Réalité.
Mettez entre parenthèse votre sentiment
d'exister au lieu de toujours tendre l'oreille aux
perpétuelles tergiversations de votre
mental. Imaginez un centenaire qui fête son
anniversaire et qui commence à cogiter :
"Que se passera-t-il si je meurs demain ?" Sa bonne
humeur commence alors à se diluer dans les
larmes et quand on lui demande : "Pourquoi
pleurez-vous", il préfère
éluder la question, honteux de craindre la
mort. Oubliez tout. Comprendre que le zéro
n'est pas, c'est déjà dépasser
le zéro. Malheureusement, vous
chérissez ce zéro et tout ce qui n'a
pas d'existence.
Tout le monde tient à ses yeux et si vous
souffrez de cataracte, vous n'hésitez pas
à payer une petite fortune au médecin
pour qu'il vous soigne. Pourtant à votre
mort vous oublierez tout, y compris vos yeux et
votre nez, tout ira au diable ! Faites la part des
choses et comprenez qui vous êtes
vraiment.
Sans la foi dans le maître, votre entreprise
court à l'échec. Ce que dit le
maître, ce qu'il fait est juste. Comment
recevoir si vous ne voulez pas donner ? Si vous
souhaitez vous faire un ami, vous accepterez de
l'accompagner au bar, n'est-ce pas ? De même,
il vous faudra au moins acheter le billet de
loterie si vous voulez décrocher le gros
lot. Le gros lot ici c'est de se comprendre
soi-même et pour cela il faut miser sur le
zéro. Ce n'est ni facile, ni difficile. Ce
que mon propre maître m'a donné, vous
pouvez l'obtenir sans rien faire. Ne faites rien,
oubliez-vous ! Vous dites : "J'existe", j'affirme :
"Vous n'existez pas !" Si vous n'existez pas, qui
parle ? Moi-même, je ne parle pas ; je suis
un menteur purement et simplement. Le corps est un
imposteur.
Quand vous allez au cinéma, un petit
panonceau vous indique la direction des toilettes.
Si vous dites : "Non, c'est ici même que je
veux uriner", personne ne viendra vous apporter
l'urinoir. Pareillement, le maître vous donne
la bonne direction alors que vous attendez qu'on
vous apporte la Réalité sur un
plateau. Aller d'abord sur place et vous atteindrez
votre destination. Mais en fait pour se comprendre,
cela ne prend pas de temps. Malgré tout,
vous vous obstinez à préserver ce qui
devrait être jeté, c'est-à-dire
vous-même en tant qu'individu. Je persiste et
signe : "Tout est zéro." Expérimenter
le zéro, c'est le pari des audacieux. Tout
est fonction du mental ; vous voulez
connaître la Réalité, votre
mental, lui ne veut pas.
Question : Nous voulons savoir et en
même temps nous ne le voulons pas. Est-ce
là notre responsabilité, celle du
maître ou encore celle du maître et du
disciple ?
Ranjit : Le maître n'a rien à
faire car il sait qu'il n'est pas "un
maître". C'est le disciple qui fait de lui un
maître car il est en demande. Le
maître, lui, ne veut rien. Quand il dit :
"Tout le monde est Lui", il est inclu dans cette
déclaration. Lui et le disciple sont "Un".
Mais vous avez fait l'erreur d'oublier votre propre
nature et vous demandez partout "Qui suis-je?". Que
peut vous répondre le maître ?
Question : Mais vous dites souvent que seul
le maître peut vous emmener au-delà du
zéro. Ai-je mal entendu ?
Ranjit : Si vous voulez aller au-delà
du zéro, je peux vous y emmener. Mais faites
d'abord l'effort d'aller jusqu'au point
zéro.
Question : Pourquoi ?
Ranjit : Parce que c'est votre choix
d'accepter ou non l'aide du maître.
Question : Si je n'existe pas, comment
puis-je choisir ?
Ranjit : Vous existez aujourd'hui en tant
qu'entité, même si, in fine, cette
entité est un zéro. Mais cette
entité a plein de choix possibles.
Question : Vous dites en même temps
que j'ai le choix et que je n'ai aucun choix.
Comment sortir de cette contradiction ?
Ranjit : Si vous avez faim et en même
temps envie de dormir, on pourra vous apporter les
mets les plus fins vous direz simplement, "Ce que
je veux, c'est dormir." Vous avez le choix, tout le
monde a le choix. C'est aussi à cause de ce
choix que vous êtes devenu la plus
insignifiante des créatures.
Question : Vous dites que j'existe, puis que
je n'existe pas. Je ne comprends pas.
Ranjit : Quel est votre nom ?
Question : Yogesh
Ranjit : Où est Yogesh, dites-le moi
?
Question : Je sais qu'il n'existe pas.
Ranjit : Il n'existe pas et cependant vous
répondez, je m'appelle Yogesh. Les gens sont
fiers d'annoncer : "Je suis monsieur ou madame
Untel, Une telle, j'ai tel diplôme, etc."
Vous faites étalage de vous même.
C'est la nature du mental. Vous êtes comme
Hanuman, le dieu singe qui symbolise le mental : il
était si fier de sa queue [la
chaîne des concepts] qu'il la souhaitait
toujours plus longue. Si je demande le nom de tout
ceux qui sont ici sans vous demander le
vôtre, vous serez offensé. Mais si je
ne vous le demande pas, c'est que je sais que
fondamentalement vous n'avez pas de nom,
malgré tout vous préféreriez
que je m'intéresse à vous. La
question des choix relève du mental, cela ne
vous concerne pas. Ne mélangez pas tout.
Question : Le temps existe t-il ? Avons-nous
le présent, le passé et l'avenir
?
Ranjit : Non, le temps n'existe pas. Le
temps est zéro. Grâce au soleil vous
pouvez compter l'alternance des jours et des nuits,
mais le soleil, lui, ne compte pas. Vous calculez
le temps à partir du soleil, mais ce soleil
n'existe pas. Si votre base est fausse que vaut
votre calcul ? Pour le dire autrement, cette
tablette de marbre pourrait me fracasser le
crâne mais si je la réduit en
poussière, elle se volatilisera dans
l'espace. Tout dépend du point de vue de
votre mental, c'est aussi un choix d'envisager les
choses sous un angle ou un autre. D'un
côté, cette tablette vous brise la
tête et de l'autre elle n'est que
poussière et ne vous fera aucun mal. Mais
dans tous les cas, elle ne peut blesser que votre
corps et pas vous-même, en tant que
Réalité. Vous ne pouvez pas tout
comprendre aujourd'hui, il faut revenir ici
plusieurs fois. Je suis désolé de
dire cela mais la foi dans le maître est
nécessaire à la compréhension.
Si le maître dit : "Vous n'existez pas",
dites en vous- même : "Je n'existe pas." Ne
chercher pas à mourir bien sûr, mais
comprenez que vous n'existez pas. C'est là
toute la subtilité de mes propos, mais vous
ne pouvez pas encore la saisir.
Question : La voie de la négation
[neti-neti] est-elle comparable à
celle qui consiste à se rappeler la
Réalité ?
Ranjit : "Je ne suis ni ceci, ni cela"
signifie : "Je suis Brahman." Mais même cela
est faux. Comment pourriez-vous être Brahman
? Là où il n'y a plus rien, Brahman
n'est plus. C'est comme lorsque vous dormez, tout
disparaît, vous oubliez qui vous êtes,
votre mental est éteint ; il ne reste que le
souffle de votre respiration. Pendant le sommeil
vous atteignez une forme subtile de connaissance,
mais vous n'en êtes pas conscient, vous avez
besoin du mental pour cela. Si un fils visite son
père qui vient de mourir et dit : "Papa je
suis là, je suis venu." Que répondra
le père ? Rien ! À quoi bon vouloir
lui parler, pourquoi s'inquiéter ? Au fond,
vous n'avez jamais eu de père. Il y a un
dicton qui dit que les gens s'intéressent
plus à vous quand vous êtes mort. Vous
avez pris l'habitude de vous identifier au corps,
pourtant que devient le corps à votre mort ?
Il devient zéro et n'a plus aucune valeur.
Le corps est comme un ordinateur, il est
très performant, mais quand il
s'arrête de fonctionner personne ne peut le
remettre en marche. Personne ne sait qui appuie sur
le bouton marche / arrêt. Quand vous dites
que c'est le fait de Dieu, c'est de chaitanya, le
pouvoir dont vous parlez. Le pouvoir anime toute
chose, sans lui impossible de mettre l'ordinateur
en route. Je vous dit que tout est zéro mais
vous persistez à prendre le faux pour vrai
avec l'entêtement d'un ignorant. Votre mental
peut vous emmener où vous voulez à
condition de le faire travailler. Il faut
entretenir la machine pour éviter qu'elle ne
se rouille.
Mon maître m'a demandé d'enseigner
pour transmettre la connaissance. J'ai
commencé très tard, en 1983. Je ne
voulais pas être un maître. Si vous
choisissez d'enseigner, vous devez assumer la venue
de beaucoup de gens, des gens qui ne comprendront
pas forcement votre language. Mais c'est
arrivé. Pourquoi vouloir devenir un
maître ? C'est un job à plein temps !
Ne devenez pas un maître!
Question : J'ai lu Nisargadatta Maharaj et
il affirme que la méditation est une
méthode trop lente.
Ranjit : Ne pratiquez pas la
médiation indéfiniment. Un jour
choisissez d'arrêter la méditation et
de rejoindre laya. laya signifie se laisser
absorber par la Réalité. Cette
absorption est indispensable. Quand vous
méditez, vous êtes le méditant
impliqué dans un processus qui a la
méditation pour objet. C'est une triade : il
y a l'objet, celui qui le perçoit et l'acte
de le percevoir. Shankara disait que la
Réalité est là quand la triade
disparaît. De cet endroit vous ne pouvez rien
dire, car vous n'êtes plus, la maison n'est
plus habitée, qu'elle soit un palace ou un
taudis. Ne vous inquiétez pas, soyez en
dehors de la triade. Mais il faut du temps pour
comprendre cela. Un jour n'est pas suffisant.
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