Que
règne la paix et l'amour parmi tous les êtres
de l'univers. OM Shanti, Shanti,
Shanti.
|
|
QUOI
reconnaît-on
un véritable enseignant [Guru]
?
|
Le
véritable enseignant demeure constamment
dans le Soi, il regarde tout dun il
égal, il a un courage inébranlable en
tout temps, en tout lieu, en toute circonstance,
etc.
2. À quoi reconnaît-on un disciple
sérieux ?
On reconnaît un disciple sérieux
à son intense aspiration à la
suppression de l'affliction et à la
réalisation de la joie ainsi qu'à une
aversion sans bornes pour toutes sortes de plaisirs
mondains.
3. Qu'est-ce qui caractérise
l'instruction [upadesa] ?
Le mot "upadesa" signifie "près de" ou
"siège". Le Guru, l'incarnation même
de ce que l'on indique par les mots sat, chit et
ananda [être, conscience et
félicité], empêche le
disciple de continuer à s'écarter de
son état véritable et de se retrouver
en conséquence tourmenté et
balloté par les joies et les peines, en
raison de son acceptation des formes des objets des
sens. Ensuite, Il l'établit dans sa propre
nature véritable dénuée de
différenciation.
Upadesa signifie aussi montrer un objet distant
comme étant proche. Le disciple est
amené à comprendre que la
Réalité qu'il pense être
distante et différente de lui-même,
est en fait proche et non différente de ce
quil est.
4. S'il est vrai que le Guru est notre propre
Soi, sur quel principe se fonde la doctrine selon
laquelle, peu importe le niveau d'érudition
du disciple ou les pouvoirs occultes qu'il
possède, il ne peut pas atteindre la
réalisation du Soi sans la grâce du
Guru ?
|
Bien qu'en
vérité, l'état du Guru soit
indéniablement aussi le nôtre, il est
cependant difficile pour le Soi devenu une personne
individualisée par ignorance, de
réaliser sa nature, ou état
véritable, sans la grâce du Guru. Tous
les concepts mentaux se retrouvent sous
contrôle par la simple présence du
Guru véritable. Si, à celui qui dans
sa suffisance déclare avoir vu la rive
lointaine de l'océan du savoir ou
posséder la capacité d'accomplir des
actes quasiment impossibles, le Guru dit simplement
: "Oui, tu as appris tout ce qu'il est possible
d'apprendre, mais as-tu appris à
connaître ton Soi ?", et : "Toi qui est
capable d'accomplir de véritables exploits,
as-tu vu ton propre Soi ?", celui-ci baissera la
tête et restera silencieux. Ainsi, par la
seule grâce du Guru, et à l'exclusion
de tout autre accomplissement, il est bien
évidemment possible de connaître son
propre Soi.
5. Quelles sont les signes de la grâce du
Guru ?
Elle dépasse les mots ou les
pensées.
6. Dans ce cas, comment se fait-il que l'on dise
que le disciple réalise son état
véritable en vertu de la grâce du Guru
?
C'est comme l'éléphant qui se
réveille à la vue d'un lion en
rêve. De même que la vue du lion du
rêve suffit à réveiller
l'éléphant, le regard bienveillant de
grâce du Guru réveillera certainement
le disciple du sommeil de l'ignorance à la
veille de la connaissance véritable.
7. Que signifie l'assertion : "La nature du Guru
véritable est celle du Seigneur
Suprême [Réalité]"
?
À l'âme individuelle qui
désire atteindre l'état de
connaissance véritable, ou état
Divin, et qui dans ce but pratique constamment la
dévotion, le Seigneur qui est à la
fois le témoin de cette âme et
identique à elle, se présente sous
une forme humaine vivant dans
l'être-conscience-félicité, au
moment où la dévotion de l'individu a
atteint une certaine maturité. Sous un nom
et une forme indissociables de sa nature
dêtre-conscience-félicité,
quil endosse par compassion, il semble
bénir le disciple, alors quil
labsorbe en Lui-même. C'est pourquoi il
est dit que le Guru peut vraiment être
appelé Seigneur.
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|
8. Comment
alors, certains grands êtres ont-ils atteint
la connaissance sans Guru ?
Le Seigneur brille en tant que lumière
de la connaissance aux yeux de rares personnes
mûres et leur octroie la conscience de la
vérité.
9. Quel est le but de la dévotion ou de
la voie de la tradition [siddhanta] ?
C'est d'apprendre la vérité selon
laquelle toutes nos actions, effectuées dans
une dévotion
désintéressée avec l'aide des
trois instruments purifiés [corps,
parole, mental] et accomplies en tant que
serviteur du Seigneur, deviennent Ses actions.
C'est aussi se maintenir libre des sentiments de
"je" et de "mien". C'est également la
vérité que les Shaiva siddhantin
[adorateurs de Shiva] appellent
dévotion suprême ou vivre au service
de Dieu.
10. Quel est le but de la voie de la
connaissance ou, Vedanta ?
C'est de savoir qu'en réalité le
"je" n'est pas différent de la
Réalité ultime [Isvara] et
d'être libre du sentiment d'être
l'auteur des actions.
11. Comment expliquer que la finalité de
ces deux voies soit la même [Siddanta et
Vedanta] ?
Quels que soient les moyens utilisés, le
but est la destruction des sentiments "je" et
"mien", et, comme ils sont interdépendants,
la destruction de l'un amènera la
destruction de l'autre. En conséquence, pour
atteindre cet état de silence qui
dépasse la pensée et la parole, il
suffira de suivre l'une ou l'autre voie, soit celle
de la connaissance qui détruit le sentiment
du "je", ou celle de la dévotion qui
anéantit le sentiment de "mien". Il ne fait
donc aucun doute que la finalité des voies
de la dévotion et de la connaissance est
entièrement la même.
12. Qu'est ce qui caractérise l'ego ?
L'âme individuelle sous la forme du "je"
est l'ego. Le Soi, dont la nature est intelligence,
n'a aucun sens du "je", et le corps, qui n'a
conscience de rien, ne possède pas de
sentiment du "je" non plus. L'apparition
mystérieuse d'un ego artificiel entre ce qui
est intelligent et ce qui n'a conscience de rien
étant la cause première de tous les
troubles, sa destruction par n'importe quel moyen,
aura pour résultat la connaissance de ce qui
existe réellement dans son état
véritable. Voilà ce que l'on appelle
libération.
|
1. Quelle est
la méthode à suivre pour pratiquer
?
Comme le Soi d'une personne qui essaye
d'atteindre la réalisation du Soi n'est pas
différent de ce qu'elle est, qu'il n'existe
rien d'autre ni quoi que ce soit de
supérieur à atteindre, et que la
réalisation du Soi est simplement la
réalisation de sa nature véritable,
la personne qui cherche à se libérer
se rend compte, sans nul doute ni méprise,
de sa nature réelle en distinguant
l'éternel de l'éphémère
et elle ne se départit jamais de son
état naturel. Cela s'appelle la pratique de
la connaissance et c'est l'investigation qui
mène à la réalisation du
Soi.
2. Cette voie de l'investigation convient-elle
à tous les aspirants ?
Elle ne s'adresse qu'aux âmes
mûres. Les autres devraient suivre des
méthodes différentes en fonction de
l'état d'esprit dans lequel ils sont.
3. Quelles sont les autres méthodes ?
Ce sont : stuti, japa, dhyana, yoga, jnana,
etc.
Stuti signifie chanter les louanges du Seigneur
avec un profond sentiment de dévotion.
Japa est la répétition, mentale ou
verbale, des noms des divinités ou des
mantra sacrées comme OM.
La répétition des noms, etc.,
mentalement [japa] avec un sentiment de
dévotion porte le nom de dhyana. Cette
méthode permet de comprendre l'état
d'esprit aisément, car le mental ne peut pas
en même temps se concentrer et se disperser.
Pendant dhyana, il n'entre pas en contact avec les
objets des sens, et, lorsqu'il est en contact avec
des objets, il n'est pas en dhyana. Ainsi, comme
dans cet état on est mieux à
même d'observer précisément les
fantaisies et l'instabilité du mental, on
peut le stopper net dans ses divagations et le
ramener en dhyana. Etre parfaitement établi
en dhyana est l'état de demeurance dans le
Soi. Comme la méditation à la source
du mental fonctionne de manière
extrêmement subtile, il est facile de
percevoir l'émergence et le repli de ce
dernier.
La source du souffle est aussi celle de
l'activité mentale ; ainsi, la
ralentissement de l'un amène la diminution
de l'autre sans le moindre effort. Le yoga est la
pratique qui consiste à immobiliser le
mental par le contrôle de la respiration
[pranayama].
Les yogis qui fixent leur esprit sur des centres
psychiques comme le sahasrara [le lotus aux
mille pétales] peuvent demeurer sans
conscience du corps pendant aussi longtemps que
dure l'exercice. Se faisant, ils semblent
absorbés dans un état de bonheur.
Mais, quand la pensée qui s'était
calmée se réactive, elle reprend
alors le cours de ses réflexions mondaines.
De ce fait, lorsque le mental s'externalise, il est
nécessaire de l'entraîner à
l'aide de pratiques comme dhyana
[méditation]. Il atteindra alors un
état au sein duquel il ne se produit ni
émergence ni repli.
Jnana est l'annihilation du mental au cours de
laquelle il endosse la forme du Soi par la pratique
constante de dhyana ou investigation. L'extinction
de l'activité mentale est l'état
où cesse tout effort. Ceux qui sont
établis dans cet état ne se
départissent jamais de leur état
véritable. Les termes : "silence" et
"inaction" ne font référence
qu'à ce seul état.
4. L'état dans lequel on demeure immobile
et silencieux implique-t-il l'effort ou en est-il
dénué ?
Il ne s'agit pas d'un état d'indolence
sans effort. Toutes les activités mondaine
que l'on qualifie normalement d'effort sont
effectuées à l'aide d'une partie du
mental et avec de fréquentes interruptions.
Mais l'acte de communion avec le Soi, ou demeurer
intérieurement immobile et silencieux, est
une activité intense effectuée avec
la totalité de l'esprit et sans
interruption.
Lillusion, ou ignorance, qui ne peut pas
être détruite autrement, est
entièrement anéantie par cette
activité intense qui porte le nom de
"silence".
5. Quelle est la nature de la maya ?
La maya est ce qui nous fait considérer
le Soi, la Réalité, qui est toujours
présent, omniprésent et lumineux de
lui-même comme étant inexistant d'une
part, et d'autre part, l'âme individuelle, le
monde et Dieu comme existants, même s'il a
été pourtant prouvé de
façon probante qu'ils sont inexistants de
tout temps et en tout lieu.
6. Comme le Soi brille entièrement de
soi-même, pourquoi n'est-Il pas largement
reconnu par tous à la façon dont le
sont les autres objets du monde ?
La connaissance d'objets particuliers
relève du Soi qui se reconnaît sous la
forme de ces objets. Car ce que l'on connait en
tant que connaissance ou présence n'est
autre que la puissance du Soi. Le Soi est la seule
chose qui soit douée de conscience. Il
n'existe rien en dehors du Soi. Si l'on est en
présence de tels objets, ils sont tous
dénués de conscience et ne peuvent en
conséquence ni se connaître
eux-mêmes ni mutuellement. C'est parce que le
Soi ne connaît pas sa nature véritable
de cette façon que sous la forme d'une
âme individuelle il paraît être
immergé et semble se débattre dans
l'océan des naissances et des morts.
7. Bien que le seigneur pénètre
tout, il semble cependant d'après des
citations telles que "L'adorant par Sa
grâce", qu'on ne peut le connaître que
par Sa grâce. Comment, alors, l'âme
individuelle peut-elle gagner la réalisation
du Soi par ses propres efforts en l'absence de la
grâce du Seigneur ?
Comme le Seigneur est identique au Soi et que
la grâce signifie la présence ou
révélation du Seigneur, Il ne peut
jamais demeurer inconnu. Si la lumière du
soleil reste invisible pour la chouette, c'est
à cause de son propre défaut et non
de celui du soleil. Pareillement, comment la non
conscience du Soi, dont la nature est constamment
celle de la présence-conscience, peut-elle
ne pas être la faute des ignorants ? Comment
cela peut-il être la faute du Soi ? C'est
parce que la grâce est de la nature
même du Seigneur qu'Il est bien connu comme
étant "la grâce bénie". Ainsi,
le Seigneur, dont la nature est la grâce
même, n'a pas à conférer Sa
grâce, et il n'existe pas non plus de moment
approprié pour le faire.
8. Quelle partie du corps est la demeure du Soi
?
On indique communément le
côté droit de la poitrine, car,
lorsque l'on se désigne soi-même, on
pointe généralement vers cet endroit.
D'aucuns indiquent le sahasrara [le lotus aux
mille pétales] comme siège du
Soi. Mais si c'était le cas, la tête
ne tomberait pas en avant quand on s'endort ou
quand on s'évanouit.
9. Quelle est la nature du Cur ?
Les Écritures le décrivent ainsi
: Entre les deux seins, en bas de la poitrine et
au-dessus de l'abdomen, on trouve six organes de
différentes couleurs. L'un deux ressemble
à un bouton de nénuphar et à
sa droite, à deux doigts, se trouve le
cur. Il est inversé et comporte un
petit trou qui est le siège d'une dense
obscurité [l'ignorance] remplie de
désirs. Tous les nerfs psychiques
[nadi] en dépendent. C'est la
demeure des forces vitales, du mental et la
lumière de la conscience.
10. Pourquoi les pensées de nombreux objets
surviennent-elles dans l'esprit même en
l'absence de contact avec les objets au-dehors
?
Ces pensées émergent toutes en
raison des tendances latentes. Seule la conscience
individuelle [jiva] les perçoit, car
elle a oublié sa nature véritable et
s'est extériorisée. À chaque
fois qu'apparaissent des choses
particulières, l'investigation : "Qui les
voit ?" doit être effectuée ; elles
disparaîtront alors sur le champs.
11. Comment le facteur triple, ou triade, [par
ex. celui qui sait, ce qui est su et la
connaissance], qui est absent dans le sommeil
profond, le samadhi, etc., se manifeste-t-il dans
le Soi [au sein des états de veille et
de rêve] ?
Du Soi, s'élèvent successivement
:
[i] chidabhasa [la conscience
reflétée] qui est une sorte de
luminosité,
[ii] jiva [la conscience
individuelle] ou, celui qui voit, ou le premier
concept,
[iii] les phénomènes, qui
sont le monde.
12. Étant donné que le Soi est
dégagé des notions de connaissance et
d'ignorance, comment se fait-il qu'on lui attribue
le fait d'habiter tout le corps sous la forme de la
conscience ou de conférer aux sens leur
sensibilité ?
Les sages déclarent qu'il existe une
connexion entre la source des divers nerfs
psychiques et le Soi cette connexion est le
nud du cur. Ils disent aussi que la
connexion entre ce qui est doué de
conscience et ce qui ne l'est pas ne perdure pas
quand elle est tranchée à l'aide de
la connaissance véritable et que tout comme
la force subtile et invisible de
l'électricité se déplace dans
les fils et produit des phénomènes
extraordinaires, la force du Soi se déplace
de façon analogue dans les nerfs psychiques,
se répand dans tout le corps et octroie la
faculté de conscience aux sens. Ils nous
informent enfin, que si ce nud est
tranché le Soi restera tel qu'Il est
toujours, sans le moindre attribut.
13. Comment peut-il y avoir une connexion entre le
Soi, qui est connaissance pure, et le facteur
triple, qui est connaissance relative ?
Cela se produit en quelque sorte comme dans une
projection cinématographique,
expliqué ci-dessous :
PROJECTION
CINEMATOGRAPHIQUE
1. La lampe à
l'intérieur
[l'appareil]
2. La lentille devant la lampe
3. Le film [une longue
succession d'images distinctes]
4. La lentille, la lumière
qui la traverse et la lampe
qui ensemble forment la lumière
focalisée
5. La lumière qui traverse
la lentille
et atterrit sur l'écran
6. Les images variées qui
apparaissent
dans la lumière sur
l'écran
7. Le mécanisme qui actionne
la bobine
|
LE
SOI
1. Le Soi
2. L'esprit pur [sattvique]
proche du Soi
3. Le flot des tendances latentes
composé de pensées
subtiles
4. Le mental, son éclairage
et le Soi, qui ensemble composent
celui qui voit, ou jiva
5. La lumière du Soi
émerge du mental à travers
les sens
et se pose sur le monde
6. Les noms et formes variés
apparaissent en tant qu'objets
perçus à la lumière
du monde
7. La loi divine manifeste les
tendances latentes du mental
|
À la façon dont les images continuent
d'apparaître sur l'écran aussi
longtemps que le film projette ses ombres à
travers la lentille, le monde
phénoménal continuera
d'apparaître aux yeux de l'individu dans les
état de veille et de rêve aussi
longtemps qu'il sera la proie des impressions
mentales latentes. Tout comme la lentille amplifie
les points minuscules sur le film en image de
très grande taille et qu'un certain nombre
d'images sont projetées par seconde, en un
rien de temps le mental agrandit les tendances de
la taille d'un germe en mondes innombrables et en
pensées géantes comme un arbre. Et,
tout comme seule la lumière de la lampe est
visible quand il n'y a pas de film, le Soi brille
seul sans la triade quand les concepts mentaux sous
forme des tendances sont absents dans les
états de sommeil profond,
d'évanouissement ou de samadhi. La lampe
éclaire la lentille, etc. sans en être
affectée, pareillement le Soi illumine l'ego
[chidabhasa], etc., tout en demeurant
immuable.
14. Qu'est ce que dhyana
[méditation] ?
C'est demeurer en tant que son Soi sans jamais
se départir de sa propre nature
véritable et sans avoir le sentiment de
méditer. Comme dans cette condition, l'on
est pas conscient du tout des différents
états [veille, rêve, etc.], le
sommeil qui s'y produit est considéré
comme étant aussi dhyana.
15. Quelle différence y a-t-il entre
dhyana et samadhi ?
On parvient à dhyana par un effort
mental délibéré ; le samadhi
est dépourvu d'un tel effort.
16. Que doit-on garder à l'esprit au
cours de dhyana ?
Il est important, pour celui qui est
établi dans son Soi, de veiller à ce
qu'il ne se départisse jamais de son
absorption, car en déviant de sa nature
véritable, il peut apercevoir des rayons
lumineux, etc., ou entendre des sons
[inhabituels], ou encore considérer
comme réelles les visions divines qui se
produisent en lui ou au-dehors. Il ne faut pas
qu'il soit leurré par tout cela et oublier
ce qu'il est.
17. Quelles sont les règles de conduite
que devrait suivre l'aspirant [sadhaka]
?
La modération dans la nourriture, le
sommeil et les paroles.
18. Combien de temps doit-on pratiquer ?
Jusqu'à ce que, sans effort, l'esprit
atteigne son état naturel
libéré de concepts,
c'est-à-dire jusqu'à ce que les
sentiments "je" et "mien" cessent
dexister.
19. Que signifie "demeurer dans la solitude"
?
Comme le Soi est omniprésent, il ne
possède pas de lieu particulier pour pouvoir
être en solitude. L'état d'être
libre de concepts mentaux est lui-même
appelé "demeurer dans la solitude".
20. Quel est le signe de la sagesse ?
Sa beauté est de demeurer libre de
l'illusion après que la vérité
ait été réalisée une
fois. Seul est pris de peur celui qui voit la
moindre différence dans la
Réalité suprême. Qui que l'on
soit, aussi longtemps que perdure l'idée
selon laquelle le corps est le Soi, on ne peut pas
être un réalisant de la
vérité.
21. Si tout se déroule en fonction du
karma, comment alors surmonter les obstacles
à la méditation ?
Le prarabdha est cette portion du karma
passé qui est responsable du corps
présent, il ne concerne que l'esprit
tourné vers le dehors, et non l'esprit
tourné vers le dedans. Celui qui recherche
son Soi véritable ne craindra aucun
obstacle.
22. L'ascétisme [sannyasa] est-il
l'une des choses essentielles requises pour qu'une
personne puisse s'établir dans le Soi ?
L'effort que l'on fournit pour se
débarrasser de l'attachement à son
corps vise à demeurer dans le Soi. Seules la
maturité mentale et l'investigation
défont l'attachement au corps, ce que ne
peuvent faire les étapes de la vie
[asramas] comme celle de l'étudiant
[brahmachari], etc. Car l'attachement se
trouve dans lesprit, alors que ces
étapes se rapportent au corps. Comment des
étapes de la vie peuvent-elles
défaire l'attachement que l'esprit nourrit ?
Étant donné que la maturité
mentale et l'investigation se rapportent à
l'esprit, elles seules, par l'intermédiaire
d'une investigation conduite par ce même
esprit, peuvent défaire les attachements qui
se sont immiscés en lui par manque de
vigilance. Cependant, si la discipline de
l'ascétisme est le moyen qui permet
l'ataraxie, et que le détachement est le
moyen de l'investigation, se joindre à un
ordre d'ascètes peut être
considéré d'une certaine
manière, comme un moyen de conduire
l'investigation à travers le
détachement. Au lieu de gaspiller sa vie en
se joignant à l'ordre des ascètes
avant même d'être prêt, il est
préférable de vivre une vie de
famille. Pour fixer l'activité mentale dans
le Soi, qui est sa nature véritable, il est
nécessaire de le séparer de la
famille de l'imagination et des désirs
[samkalpas] ainsi que des doutes
[vikalpas], autrement dit de renoncer
à la famille [samsara] dans
l'esprit. C'est cela l'ascétisme
véritable.
23. Il est une règle établie selon
laquelle la connaissance de Soi ne peut pas
être atteinte tant que demeure l'idée
"je suis celui qui fait", mais est-il alors
possible pour l'aspirant qui vit une vie de famille
d'accomplir son devoir correctement sans cette
idée ?
Comme il n'y a pas de règle selon
laquelle l'action doit nécessairement
dépendre du sentiment d'être celui qui
fait, il n'est pas nécessaire de douter de
l'accomplissement d'une action en l'absence de
l'agent ou du fait d'agir. Bien que le
fonctionnaire du ministère des finances
semble, aux yeux des autres, être
occupé toute la journée à
accomplir son devoir avec attention et
responsabilité, il le fait sans attachement
et tout en se disant : "Je n'ai aucun lien
véritable avec tout cet argent." Son esprit
sera donc vide de tout sentiment d'implication. De
la même façon, un chef de famille
éclairé peut lui aussi remplir son
devoir sans attachement et s'atteler à
toutes les demandes de la maisonnée qui lui
incombent en fonction de son karma passé,
avec l'attitude de celui qui observe un outil dans
les mains d'un autre. Les actions et la
connaissance ne se font pas mutuellement
obstacle.
24. Quelle est l'utilité pour sa
maisonnée d'un chef de famille
éclairé qui n'a cure de son confort
physique et à quoi la famille peut-elle bien
lui servir ?
Bien qu'il soit entièrement
indifférent à son confort physique
si, en raison de son karma passé, sa famille
doit dépendre de lui, on peut alors le
considérer comme étant au service des
autres. Si l'on se demande quel
bénéfice il tire de l'acquittement de
ses devoirs domestiques, la réponse peut
bien être que, comme il a déjà
atteint l'état d'entière satisfaction
qui comprend la totalité de tous les
bénéfices et le bien le plus
élevé qui soit, il ne s'attend pas
à gagner quoi que ce soit de plus en
s'acquittant de ses devoirs familiaux.
25. Comment peut-on atteindre la cessation de
l'activité et la paix de l'esprit au beau
milieu des tâches domestiques dont la nature
est activité constante ?
Comme les activités du sage n'existent
qu'aux yeux des autres et non aux siens, même
s'il accomplit des tâches immenses, il ne
fait réellement rien. Donc, ses
activités n'empêchent jamais
l'inaction et la paix de l'esprit. Car, il sait
qu'en vérité toutes les
activités se déroulent au sein de sa
simple présence et qu'il ne fait rien. En
conséquence, il demeurera le témoin
silencieux de toutes les activités.
26. À la façon dont le karma
passé du sage est la cause de ses
activités présentes, n'aura-t-il pas
à supporter dans le futur les impressions
[vasanas] causées par ses
activités présentes ?
Seul celui qui est libre de toutes les
tendances latentes est un sage. En
conséquence, comment les tendances
associées au karma peuvent-elles l'affecter,
lui qui est totalement non-attaché à
l'activité ?
27. Que signifie brahmacharya ?
Seule l'investigation sur la nature de la
Réalité devrait être
appelée brahmacharya.
28. Brahmacharya pratiqué en
conformité avec les quatre étapes de
la vie [la vie estudiantine, la vie de famille,
la retraite et la vie renoncée] peut-il
être un moyen vers la connaissance ?
Étant donné que les divers moyens
pour accéder à la connaissance, comme
le contrôle des sens, etc., font partie du
brahmacharya, les pratiques vertueuses que suivent
ceux qui appartiennent à l'ordre des
étudiants [brahmacharins] sont une
grande aide pour leur progression.
29. Peut-on devenir membre de l'ordre des
ascètes [sannyasa] en venant
directement de celui des étudiants
[brahmacharya] ?
Ceux qui possèdent les
compétences n'ont pas besoin de se joindre
de façon formelle à l'ordre du
brahmacharya, etc., dans l'ordre de succession
prescrit. Celui qui s'est réalisé en
tant que Soi ne fait pas la distinction entre les
différents ordres. C'est pourquoi aucun des
ordres de la vie ne l'aide ni ne l'entrave.
30. Que perd l'aspirant qui n'observerait pas
rigoureusement les règles des castes et des
ordres de la vie ?
La réalisation et la pratique de la
connaissance étant le but suprême de
toutes les autres pratiques, aucune règle ne
lie celui qui continue à acquérir la
connaissance, quel que soit le stade de la vie
où il se trouve et les règles le
régissant. S'il se plie aux règles de
la caste et des stades de la vie, il le fait pour
le bien du monde. Lui-même ne tire aucun
bénéfice de l'observance de ces
règles pas plus qu'il perd quoi que ce soit
en les ignorant.
|
1. Qu'est-ce
que la lumière de la conscience ?
C'est l'existence, lumineuse par
elle-même, qui révèle à
l'observateur le monde des noms et des formes du
dehors et du dedans. On déduit la
présence de cette conscience-existence en
raison des objets qu'elle éclaire.
Cependant, elle ne se transforme pas pour autant en
objet de conscience.
2. Qu'est ce que la connaissance
[vijnana] ?
C'est cet état de conscience-existence
tranquille dont l'aspirant fait l'expérience
et qui ressemble à l'océan sans
vagues ou à l'éther immobile.
3. Qu'est ce que la félicité ?
C'est l'expérience de la joie, ou paix,
dans l'état de vijnana dégagé
de toute activité et qui ressemble au
sommeil profond. On l'appelle aussi l'état
du kevala nirvikalpa [demeurer sans
concepts].
4. Quel est l'état qui se trouve
au-delà de la félicité ?
C'est l'état de paix ininterrompue de
l'esprit que l'on trouve dans la quiétude
absolue, jagrat-sushupti [sommeil
conscient] qui ressemble au sommeil profond
inactif. Cet état, dénué de
toute conscience du dehors en dépit de
lactivité du corps et de
lesprit, ressemble à celui de l'enfant
complètement endormi qui n'a pas conscience
de la nourriture que lui donne sa mère. Le
yogi qui est dans cet état est inactif
même s'il est engagé dans une
activité. Cela porte aussi le nom de sahaja
nirvikalpa samadhi [état d'absorption
naturel dans son Soi dénué de
concepts].
5. De quelle autorité vient le fait de
dire que les mondes mobiles et immobiles
dépendent du Soi dans leur totalité
?
Le Soi signifie l'être incarné. Il
n'y a connaissance des objets que lorsque
l'énergie, qui était latente dans
l'état du sommeil, émerge avec
l'idée du "je". Le Soi est présent
dans chaque perception en tant que Celui qui
perçoit. Aucun objet en tant que tel ne peut
être perçu en l'absence du "je". C'est
pour ces raisons que l'on affirme sans l'ombre d'un
doute que tout émerge du Soi et retourne au
Soi.
6. Étant donné que les corps et
les sois qui les animent sont effectivement
perçus comme étant innombrables,
comment peut-on affirmer quil ny a
quun seul Soi ?
Si l'on accepte l'idée "je suis le
corps", les sois sont multiples. L'état dans
lequel disparait cette idée est le Soi,
puisque dans cet état il n'existe aucun
objet étranger, ou qui lui soit autre. C'est
pour cette raison que le Soi est
considéré comme n'étant
quun.
7. En quoi le fait de dire que la
Réalité peut être
appréhendée par le mental et qu'en
même temps il est impossible de
l'appréhender par le mental fait-il
autorité ?
La Réalité ne saurait être
appréhendée par le mental impur, mais
Elle peut l'être par le mental pur.
8. Qu'est-ce qu'un mental pur et un mental impur
?
Quand le pouvoir indéfinissable de la
Réalité se sépare de la
Réalité et qu'il revêt des
formes différentes en s'unissant au reflet
de la conscience, on l'appelle mental impur. Quand,
par le discernement, il se libère du reflet
de la conscience, il s'appelle alors mental pur.
Son état d'union à la
Réalité équivaut à son
appréhension de la Réalité.
L'énergie accompagnée du reflet de la
conscience est appelé mental impur et son
état de séparation d'avec la
Réalité est tout autant sa
non-appréhension de la
Réalité.
9. Est-il possible de triompher, même
pendant que le corps existe, du karma
[prarabdha] dont on dit qu'il dure
jusqu'à la fin du corps ?
Oui. Si l'agent [celui qui fait] dont
dépend le karma, autrement dit l'ego qui
vient à exister entre le corps et le Soi, se
fond dans sa source et perd sa forme, alors comment
le karma qui ne dépendait que de lui peut-il
survivre ? Donc, il n'a pas de karma en l'absence
du "je".
10. Comme le Soi est existence et conscience,
pour quelle raison le décrit-on comme
étant différent de ce qui existe et
de ce qui n'existe pas, du conscient et du
non-conscient ?
Le Soi est le réel et il comprend tout,
il ny a donc pas lieu de poser des questions
concernant la dualité et si elle est
réelle ou non. C'est pourquoi on le dit
être différent du réel et de
l'irréel. Semblablement, bien qu'il soit
conscience, comme il n'existe rien quil
puisse connaître ou qui puisse se faire
connaître de Lui, on le dit différent
de ce qui est conscient et de ce qui ne l'est
pas.
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1. Qu'est ce
que l'état de réalisation de la
connaissance ?
C'est de demeurer fermement et sans effort dans
le Soi. Dans cet état, le mental est devenu
identique au Soi et n'émerge plus du tout.
C'est-à-dire, à la façon dont
chacun se dit tout naturellement en pensant
à son corps : "Je ne suis pas une
chèvre, ni une vache ni n'importe quel autre
animal, mais un être humain" ; celui qui, au
sujet du Soi, sait "Je ne suis pas les principes
à commencer par le corps et finissant par le
son, mais le Soi qui est existence, conscience et
félicité", ou la conscience-soi
innée, est aussi celui dont on dit que sa
connaissance est stable.
2. À laquelle des sept étapes de
la connaissance [jnana bhumikas] le sage
appartient-il ?
Il appartient à la quatrième.
______________________________
Note : Les
sept jnana bhumikas sont :
1. subheccha [désirer
l'illumination]
2. vicarana [investigation]
3. tanumanasa [mental subtil]
4. sattvapatti [réalisation du
Soi]
5. asamsakti [non-attachement]
6. padarthabhavana [non-perception des
objets]
7. turyaga [transcendance]
______________________________
3. Dans ce cas, pourquoi a-t-on distingué
trois étapes supérieures ?
Les étapes quatre à sept sont
caractérisées par les
expériences de la personne
réalisée [jivanmukta]. Ce ne
sont pas des états de connaissance et de
délivrance pour lesquelles aucune
distinction n'est faite dans ces étapes.
Ceux qui ont atteint les quatre derniers bhumikas
sont appelés respectivement brahmavit,
brahmavidvara, brahmavidvariya et brahmavid
varistha.
4. La libération étant commune
à tous, pourquoi seul le varistha [le
plus excellent] est-il glorifié à
l'excès ?
Pour ce qui est de l'expérience
ordinaire de la félicité du varistha,
il n'est célébré qu'en raison
du mérite spécial qu'il a
gagné dans ses vies
précédentes et qui en est à
lorigine.
5. Étant donné qu'il n'est
personne qui ne désire pas
l'expérience permanente de la
félicité, pour quelle raison les
sages [jnanis] n'atteignent-ils pas tous
l'étape de varistha ?
On ne l'atteint pas à travers le simple
désir ou par l'effort. Sa cause est le karma
[prarabdha]. Comme l'ego meurt en
même temps que sa cause dès la
quatrième étape [bhumika],
quel agent pourrait demeurer au-delà de
cette dernière pour désirer quelque
chose ou pour faire un effort ? Aussi longtemps
qu'ils font des efforts, ce ne seront pas des sages
[jnanis]. Les Écritures
[srutis] qui font une mention
spéciale de varistha, déclarent-Elles
que ceux qui se trouvent dans les trois autres
stades ne sont pas des êtres
éveillés ?
6. Comme certains textes sacrés
déclarent que l'état suprême
est celui dans lequel les organes des sens et le
mental ont été entièrement
détruits, comment cet état peut-il
être compatible avec l'expérience
quotidienne du corps et des sens ?
Si c'était le cas, il n'y aurait aucune
différence entre cet état et
l'état de sommeil sans rêves. De plus,
comment peut-on le qualifier d'état naturel
alors qu'il existe à certains moments et pas
à d'autres. Cela arrive à certaines
personnes, comme nous l'avons dit plus haut, en
fonction de leur karma [prarabdha],
temporairement ou jusqu'à la mort. Cela ne
saurait être considéré comme
étant l'état final. Car dans ce cas,
toutes les grandes âmes et le Seigneur, qui
furent les auteurs des uvres
Védantiques [jnana granthas] et des
Védas, n'étaient pas des
éveillés. Si l'état dans
lequel ni les sens ni le mental n'existent est
l'état suprême, et qu'il n'est pas non
plus celui au sein duquel ils existent, alors
comment pourrait-il être l'état
parfait [paripurnam] ? Comme seul le karma
est responsable de l'activité ou de
l'inactivité des sages, les grandes
âmes ont déclaré que le seul
l'état de sahaja nirvikalpa
[l'état naturel dénué de
concepts] était l'état
ultime.
7. Quelle est la différence entre le
sommeil ordinaire et le sommeil
éveillé [jagrat sushupti]
?
Non seulement, il n'y a pas de pensées
dans le sommeil ordinaire, mais il ny a
aucune présence non plus. Dans le sommeil
éveillé, on est uniquement
présent ou en simple veille. Voilà
pourquoi on l'appelle "éveillé tout
en dormant", cest-à-dire, être
endormi tout en étant conscient.
8. Pourquoi décrit-on le Soi comme
étant à la fois le quatrième
état [turiya] et au-delà du
quatrième état [turiyatita]
?
Turiya signifie le quatrième. Le jiva :
celui qui expérimente les trois états
de veille, rêve et sommeil profond,
appelés visva, taijasa et prajna, et qui
erre successivement dans ces trois états,
n'est pas le Soi. C'est pour éclaircir ce
point comme quoi le Soi est à la fois
différent du jiva tout en étant le
témoin des trois états que
l'on parle du quatrième [turiya].
Une fois cela vécu, les trois
expériences disparaissent avec l'idée
du Soi en tant que témoin le
quatrième. Voilà pourquoi on
décrit le Soi comme étant
au-delà du quatrième
[turiyatita].
9. Quel bénéfice le sage tire-t-il
des Écritures [srutis] ?
Le sage, qui est l'incarnation même des
vérités qu'explicitent les
Écritures, n'en a aucune utilité.
10. Existe-t-il quelque lien entre l'acquisition
de pouvoirs surnaturels et la
libération ?
Seule l'investigation éclairée
mène à la libération. Les
pouvoirs surnaturels sont tous des apparitions
illusoires amenés par le pouvoir de la maya.
La réalisation du Soi, qui est permanente,
est le seul véritable accomplissement.
Étant l'effet de la maya, les pouvoirs qui
apparaissent et disparaissent ne sauraient
être réels. Leur but est de profiter
de la célébrité, du plaisir,
etc. En raison de son karma, une personne peut en
avoir sans les rechercher. Sachez que l'union
à la Réalité est le but
véritable de tout accomplissement. C'est
aussi l'état de libération
appelé union.
11. Si telle est la nature de la
libération, pourquoi certaines
Écritures la relient-elles au corps en
disant que l'âme individuelle ne peut
atteindre la libération que si elle ne
quitte pas le corps ?
On ne doit prendre en considération la
libération et la nature de son
expérience que si l'asservissement est
réel. Pour ce qui est du Soi, il n'est sujet
à l'asservissement dans aucun des quatre
états. Comme selon la proclamation
catégorique du système
védantique, l'asservissement est une
hypothèse purement verbale, comment la
question de la libération qui en
découle, peut-elle survenir en l'absence de
cet asservissement ? S'enquérir de la nature
de l'asservissement et de la libération,
sans connaître cette vérité, en
revient à s'enquérir de la taille, de
la couleur, etc. de l'enfant d'une femme
stérile ou des cornes d'un
lièvre.
12. Dans ce cas, les descriptions de
l'asservissement et de la délivrance que
l'on trouve dans les Écritures n'en
deviennent-elles pas hors de propos et fausses
?
Non, elles ne le sont pas. Au contraire,
l'illusion de l'asservissement inventée par
ignorance depuis des temps immémoriaux ne
peut être dissipée que par la
connaissance, et c'est dans ce but qu'en
général on accepte le terme
"libération". C'est tout. Le fait que les
caractéristiques de la libération
sont décrites de façon diverses
prouve qu'elles sont imaginaires.
13. S'il en est ainsi, les efforts que l'on
fournit tels l'étude, l'écoute, la
réflexion, etc., sont-ils futiles ?
Non. La conviction inébranlable selon
laquelle il n'existe ni asservissement ni
libération est le but suprême de tout
effort. Comme ce but, qui est de voir
courageusement par expérience directe que
l'asservissement et la libération n'existent
pas, ne peut être atteint qu'à l'aide
des pratiques précédemment
citées, ces efforts sont utiles.
14. Y a-t-il une autorité pour
déclarer que ni la servitude ni la
libération nexistent ?
Cela se détermine sur la force de
l'expérience et non sur l'assertion
textuelle des Écritures.
15. Si c'est une expérience, comment la
vivre ?
"Asservissement" et "délivrance" ne sont
que de simples mots. Ils ne possèdent aucune
réalité intrinsèque. En
conséquence, en tant que tels, ils sont
incapables de fonctionner. Il est donc
nécessaire d'accepter l'existence d'un
fondement dont-ils seraient les modifications. Si
l'on se demande : "Qui subit l'asservissement et la
libération ?", on s'apercevra que : "C'est
moi." Si l'on se pose ensuite la question : "Qui
suis-je ?", on verra alors qu'il n'existe rien de
tel que le "je". Ensuite, aussi clairement que l'on
tient un fruit dans la main, on s'aperçoit
que ce qui demeure est notre être
véritable. Tout comme cette
vérité sera vécue de
façon naturelle et évidente par ceux
qui abandonnent les simples discussions verbales et
qui s'enquièrent au-dedans, il est
indubitable que concernant le Soi véritable,
tous les êtres réalisés
uniformément ne voient ni asservissement ni
délivrance.
16. S'il n'existe véritablement ni
esclavage ni délivrance, quelle raison y
a-t-il pour les expériences concrètes
des joies et des peines ?
Elles ne semblent vraies que pour qui se
détourne de sa nature véritable.
Elles n'existent pas réellement.
17. Est-il possible à tous de
connaître directement et sans aucun doute ce
qu'est exactement notre nature véritable
?
Sans l'ombre d'un doute, c'est possible.
18. Comment ?
Tous, sans exception, que nous soyons dans les
états de sommeil profond ou
d'évanouissement, etc., vivons la même
expérience au moment où
disparaît l'univers entier, animé et
inanimé allant de la Terre à ce qui
n'est pas manifesté [prakriti], nous
ne disparaissons pas. Donc, l'état de pur
être, commun à tous et dont tous font
constamment l'expérience directe, est notre
vraie nature. La conclusion est que toutes les
expériences qui se produisent dans
l'état d'éveil ainsi que dans celui
de l'ignorance, que l'on peut décrire
à l'aide de mots sans cesse
renouvelés, sont à l'opposé de
notre nature véritable.
BENEDICTIONS
Que ce
livre composé des paroles
d'expérience, venues du cur de lotus
de Bhagavan Ramana Maharshi, brille telle une lampe
de connaissance véritable pour
éclairer les esprits véridiques de
ceux qui ont réellement renoncé au
monde.
Que le monde soit longtemps béni par
les pieds de Guru Ramana qui demeure en tant que ce
principe silencieux qui nous absorbe tous et qui
demeure de lui-même en tant que racine des
trois principes : âme, monde et
Seigneur.
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