Papaji
: L'enseignant est celui qui enlève le
corps et le mental du disciple. S'il ne l'a pas
fait ou ne peut pas le faire, il ne peut être
accepté en tant que véritable
enseignant. Afin de chercher un autre enseignant,
il vous faut un mental et un corps, n'est-ce-pas ?
Si vous n'avez plus de mental ni de corps,
où chercherez-vous ? Comment chercherez-vous
?
Papaji est né le 13 Octobre 1910 dans une
région du Punjab faisant maintenant partie
du Pakistan. À l'âge de 8 ans il
vécut sa première expérience
du Soi. Cherchant à la comprendre, il passa
une grande partie de sa vie en quête de Dieu.
Il entrait dans les asrams [communautés
religieuses de l'Inde] chaussé des
bottes de l'armée où il travaillait
alors et s'adressait aux swamis responsables leur
demandant s'ils avaient vu Dieu. Tous
répondaient que leur barbes étaient
devenues longues et grises, qu'ils n'avaient
toujours pas vu Dieu et que cela prenait beaucoup
de pratique et de temps. Aucune réponse ne
lui donnait satisfaction. Ce fut en la
présence de Ramana Maharshi qu'il
réalisa le Soi dans les années 40.
Celui-ci l'envoya ensuite s'occuper de sa
famille.
Question : Beaucoup de gens disent que vous
êtes un être réalisé. Y
a-t-il une différence entre la
réalisation et l'illumination ?
Papaji : Beaucoup de gens, en effet disent
que je suis un être réalisé.
Ceci est dû aux notions qu'ils ont de la
réalisation, et à cause de celles-ci
ils pensent que je suis réalisé. Mais
je ne vois pas de différence entre eux et
moi.
Et, oui, bien que nous utilisions ces deux mots de
façon interchangeable, il y a une
différence entre la réalisation et
l'illumination. La réalisation survient
après une sadhana [pratique spirituelle
ou exercice] ou une pratique ou encore une
méthode et ce qui est réalisé
n'était pas là
précédemment. Réaliser au
travers d'une méthode est la
réalisation.
L'illumination c'est d'être conscient de
quelque chose qui n'était pas clair
auparavant. Comme un diamant que vous avez pris
tout d'abord pour un caillou, mais ensuite vous
découvrez que c'est un diamant. La
lumière vient après la connaissance
que ce n'est pas un caillou et ainsi vous commencez
à lui donner de la valeur.
Ce qui est au delà de la conscience, au
delà de l'illumination est l'essence. Qui
peut être conscient ? Et qui peut être
illuminé ? Car il n'existe aucune
obscurité. Cela est déjà
là et se révèle lorsque la
poussière de vos notions est
dissipée. Cela viendra lui-même. Vous
et Cela fusionnerez et vous ne verrez plus aucune
différence entre les deux. Vous ne verrez
rien d'autre. Aucun mots ne peuvent
l'expliquer.
Après sa retraite, il se retira du monde et
vécut une vie simple partageant son
expérience et sa connaissance du Soi avec
les gens qui croisaient son chemin. Il voyagea en
Europe, aux États-Unis et en Amérique
du Sud. Lorsque sa santé ne lui permit plus
de se déplacer, il resta à Lucknow
où depuis 1992 s'est créée une
communauté informelle pour faciliter le
séjour des visiteurs. C'est ainsi que ceux
qui désiraient vivre de façon
permanente auprès de Poonjaji louaient des
maisons proches de la sienne, dans lesquelles ils
sous-louaient des chambres d'hôtes.
Vers la fin de sa vie et contrairement à son
habitude, Papaji répondait de moins en moins
aux questions. Il lisait les grands textes ou
enseignements, comme le Yoga Vasishta, la
Ribhu Gîta, la Bhagavad
Gîta, le Bijak de Kabir, des
textes bouddhistes, taoïstes ainsi que les
enseignements de Robert Adams [lui-même
disciple de Ramana Maharshi]. Plus
récemment encore, il ne parlait presque
plus. Il laissait libre cours aux élans
artistiques et musicaux de ses disciples: "Je n'ai
plus de volonté personnelle. "Ma
volonté" s'est complètement
transformée en "Sa volonté" [Thy
will]. Je ne pense pas avoir eu à aucun
moment une volonté personnelle. Il semblait
peut-être aux autres que j'en avais une, mais
je n'ai jamais eu le sentiment d'avoir une
volonté à moi. Les gens me regardent
manger, parler et dormir et ils pensent que je suis
en train de faire ces choses. Ils s'identifient
à leurs corps et à leurs actions et
quand ils me regardent ils pensent
immédiatement que je m'identifie à ce
corps, à ses dires et à ses actions.
Je n'éprouve jamais ce sentiment."
Question : Comment éviter la mort
?
Papaji : Avez vous jamais été
en silence, sans pensée ? C'est la
façon d'éviter la mort. Faites-le
maintenant, ne pensez ni au passé, ni au
présent et je verrai si vous le faites. Dire
que vous le faites ne suffit pas. Le faire c'est
rester tranquille pendant un instant. Entre le
passé et l'avenir dites moi qui vous
êtes.
Question : Je ne peux pas vous le dire.
Papaji : Vous dites "je ne peux pas" mais
pourtant vous parlez. Qui dit "je l'ai fait" et "
je ne peux pas le dire"? Vous ne l'avez jamais
fait. Vous mentez !
Question : J'essaye de le faire.
Papaji : Le fait d'essayer concerne
l'avenir. Vous avez fréquenté des
gens stupides et ils vous ont appris cela.
Question : Pouvez-vous parler de ce qui
arrive à la conscience au moment de la mort
et après la mort ?
Papaji : De ce qui vient après elle,
je vous parlerai après la mort. Comment
pourrais-je parler de ce qui ce passe après
la mort alors que je suis vivant maintenant ? Vous
auriez du me poser votre question après la
mort ! Ne l'oubliez pas ! Au revoir, Chello [au
revoir, allons-nous en, allez-vous en].
Question : Comment puis-je en finir avec la
peur de la mort ?
Papaji : Il n'existe qu'une seule astuce
pour éviter la peur de la mort et c'est
"Connais-toi toi-même, maintenant !" Les gens
sont quasiment sans connaissance, endormis, dans un
coma. Personne ne sait que faire. Donc, le mieux
est de ne pas perdre de temps. Faites-le maintenant
! Découvrez quelle est la
réalité de ces êtres qui
apparaissent à vous. Ce que vous voyez n'a
peut-être aucune réalité.
Lorsque vous vous réveillez après un
rêve, où se trouve la femme que vous
aviez dans ce rêve ? Ainsi, pendant de
nombreuses générations vous avez eu
des femmes, des maris, des frères et des
soeurs. Où sont-ils tous ? S'ils
disparaissent comme le rêve disparaît
au réveil, alors on peut très bien
penser qu'ils sont aussi un rêve. Tout ce qui
apparaît et disparaît doit être
un rêve. Donc ce qui ni n'apparaît ni
ne disparaît doit être réel.
Découvrez ce que c'est. Découvrez en
vous-même.
Vous devez divorcer de toutes les relations
physiques, de tous les noms et de toutes les
formes. Quoi que ce soit qui reste en votre
mémoire est une forme. Si c'est sans forme,
vous ne pouvez pas le voir. Et, maintenant dans le
sans-forme, vous êtes tout à fait
libre. Toutes les formes disparaîtront un
jour, alors à quoi bon vivre avec une forme
qui un jour vous donnera des problème et qui
mourra ? Cette forme ne restera pas. Pourquoi
l'aimer ? Faites attention, vous devez aimer un
bien-aimé duquel vous ne pouvez divorcer. Il
s'agit de "Mademoiselle Paix". Vous ne pouvez
divorcer d'elle. Un aperçu de cette paix
vous donnera la joie. Elle se cache pour l'instant,
car vous êtes en train de regarder ailleurs.
Cessez de regarder ailleurs simplement pendant une
seconde, et elle se révélera à
vous. Toutes les autres beautés
s'évanouiront. Donc restez tranquille, elle
se montera d'elle-même.
Vous êtes à Manhattan et quelqu'un
vous a giflé dans la rue. Puis, vous rentrez
chez vous dans le New Jersey et dormez pendant la
nuit. Ne vous rappellerez-vous pas de l'endroit
où vous avez été giflé,
insulté ? Votre maison est dans le New
Jersey. Elle n'a rien à voir avec l'endroit
où vous avez été giflé.
Ici votre ami vous embrasse. Quand vous pensez
à la douleur elle appartient à un
autre lieu, ailleurs. Et, cet ailleurs, c'est le
passé. Quand vous retournez vers la douleur,
vous devez retourner à Manhattan pour
être giflé à nouveau. C'est
l'habitude de la plupart des gens. Ils ne peuvent
s'en empêcher. Une gifle par ci, une gifle
par là, sans cesse se
répétant, et pourtant ils
n'apprennent pas la leçon. Allez de votre
propre chemin ! N'allez pas là où
vous serez insulté. Restez chez vous et vous
serez heureux. Je ne veux pas dire, restez dans
votre maison ou votre appartement. Rester chez soi
veut dire rester en votre propre Soi. Et, si vous y
demeurez, personne ne vous fera de mal, tout le
monde vous aimera.
Rien ne laissait présager que Papaji nous
quitterait quelques jours après notre
arrivée. Il attrapa une bronchite et lorsque
ses poumons s'engorgèrent et qu'il
n'arrivait plus à expectorer, il fut
emmené à l'hôpital et fut mis
sous respiration artificielle. Il semblait
prêt à partir car lorsqu'il revint
à lui, il refusa la continuation du
traitement. Les médecins le gardèrent
encore quelques jours sous traitement. Ses proches
disciples ne savaient que faire pour convaincre les
médecins de le laisser partir. Il partit "de
lui-même" lorsqu'un tube lui administrant des
médicaments se boucha à
23h15.
"La peur se
manifeste en tant que la mort !
"Je suis ce corps" est la peur fondamentale.
Méditez chaque jour pour enlever cette peur
.
Quand la peur vient aimez-la et quand elle part ne
vous y accrochez pas."
Assister
à sa crémation rendait encore plus
réel le fait que que Papaji n'était
pas son corps. Pendant que celui-ci disparaissait,
la présence demeurait... La
cérémonie d'adieux aux cendres,
conduite par le fils de Papaji eu lieu le
surlendemain. Chacun fut ensuite invité a en
prendre une poignée avant que le reste ne
soit offert au Gange à Haridwar le jour
suivant. Il n'y a pas de différence entre le
maître et le Soi, celui-ci est présent
à jamais dans le cur de chacun et nous
guide dans nos vies de tous les jours. La
pensée du maître nous ramène au
Soi.
Question : Que se passe-t-il lorsqu'un
être réalisé quitte son corps
?
Papaji : Il n'existe pas de personne
réalisée, car c'est seulement
lorsqu'il n'y a pas de personne que le Soi peut
être réalisé. Quand il n'y a
pas de personne, il n'est question ni de venir ni
de partir ! La personne n'est qu'une apparence
temporaire dans le Soi immuable.
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